Des révolutionnaires de partout au Canada se sont assembles à Toronto du 17 au 18 mai pour discuter de la lutte pour le socialisme contre l’état canadien. Il s’agissait de la 14ème conférence nationale des supporters de La Riposte et de Fightback, qui a réuni près de 60 révolutionnaires de la côte ouest au Québec. Des salutations de la part de camarades des prairies qui n’ont pu se déplacer ont été reçues. La conférence a eu lieu à l’ère de la plus profonde crise de l’histoire du capitalisme, où des mouvements révolutionnaires se répandent partout sur la planète. Ce fut la deuxième conférence à être totalement bilingue, toutes les sessions et discussions étant traduites en Français et en Anglais. L’unité de la classe ouvrière au-delà des divisions nationales a été reflétée par le fait que jamais plus grande délégation de marxistes francophones n’avait assisté à la conférence. Ils ont apporté une belle énergie et de nouvelles visions à la conférence.

La conférence s’est ouverte sur les salutations de révolutionnaires de partout sur la planète. De chaleureux messages de solidarité ont été envoyés des Etats-Unis, de la France, du Venezuela, du Mexique, de l’Argentine, de la Suède, du Danemark, de la Belgique, de l’Italie et de la Nouvelle-Zélande, donnant un ton distinctement internationaliste à la conférence dès le début. De plus, Rob Sewell, éditeur de Socialist Appeal au Royaume-Uni, était l’un des conférenciers invités.

Situation mondiale: Crise capitaliste, lutte des classes, guerre et révolution.

Rob Sewell a ouvert la première session de la conférence sur le sujet des perspectives pour la révolution mondiale. Il a commencé par décrire la crise économique mondiale, qui, six ans après la chute de Lehman Brothers, a mené à la « reprise » la plus faible de l’histoire du capitalisme. L’Europe continue à dégringoler, l’investissement en capital est ralenti, et les dépenses des consommateurs ralenties par de vicieuses coupures d’austérité et la dette des ménages dans les pays capitalistes avancés.

Le ralentissement en Europe et aux États-Unis a commencé à s’étendre aux puissances économiques émergentes de l’ex-monde colonial. Il y a quelques années, ces économies émergentes, spécialement la Chine, étaient censées sauver l’économie mondiale, si l’on se fiait aux commentateurs bourgeois. Alors que les marchés occidentaux pour ces économies largement basées sur l’exportation ont rétréci, et que le crédit à bas prix devient plus précaire, des chocs et ralentissements économiques se font sentir.

Cela a emmené une immense instabilité économique et politique dans les pays capitalistes avancés, avec une polarisation et une radicalisation de la société, particulièrement en Europe. Cela a donné naissance à une hausse des mouvements de la jeunesse et des vagues de grèves, une manière de résister au recul sans précédent des conditions de vie depuis l’après-guerre. Cette même instabilité politique et économique crée les conditions pour des remous révolutionnaires dans l’hémisphère sud. Une figure d’exemple serait le soi-disant « Miracle Turc » qui s’est avéré être le contraire, un véritable cauchemar économique.

Cela a été mis en évidence quelques jours avant le début de la conférence canadienne, par la résistance héroïque initiée par la classe ouvrière Turque en réponse au désastre où plus de 300 mineurs ont été tués dans le village de Soma. Cette tragédie n’était pas qu’un accident, mais le produit de la privatisation des mines, où les salaries et les précautions de sécurité ont souffert de coupures, littéralement comme si l’on tentait de retirer plus de profits du sang de la classe ouvrière.

La situation mondiale est fertile du potentiel présent pour des mouvements révolutionnaires similaires. Ce qui peut être dit au sujet de la Turquie peut l’être de la Chine, du Brésil, de l’Argentine, de l’Afrique du Sud, de l’Indonésie, du Nigéria, du Chili, de l’Inde, etc. Les marxistes révolutionnaires doivent être conscients et alertes face à cette perspective pour pouvoir intervenir dans ces processus.

Bien qu’il existe un optimisme incroyable pour ces perspective de lutte des classes, il est vital d’avoir une idée sobre du rôle que joue le leadership existant de ces mouvements. Vague après vague, la lutte a été incapable de renverser le capitalisme, et cela pourrait démoraliser les masses temporairement. Cela revient fondamentalement à la crise du leadership de la classe ouvrière et à l’absence de véritable leadership révolutionnaire. D’Athènes au Caire à Istanbul, jusqu’à Brésil, les leaders réformistes du mouvement ont retenu paralysé et confondu les travailleurs et la jeunesse. C’est précisément pour cette raison que la tâche de construire une tendance Marxiste puissante dans le mouvement ouvrier est si urgente.

Canada : La colère des travailleurs retenue par les leaders syndicaux.

Camilo Cahis a présenté la seconde session, portant sur les perspectives canadiennes, examinant les tendances politiques et économiques de la lutte des classes dans l’état canadien. Il a souligné que bien qu’il soit l’un des pays les moins touchés par la crise économique, sa situation économique en a été une de stagnation constante depuis 2008. Il y a eu une « reprise » marqué par le remplacement de bons emplois par des moins bien rémunérés ou à temps partiel, alors que les investissements en capital sont au point mort et que des fermeture d’usines continuent à dévaster les centres manufacturiers d’Ontario et du Québec.

De plus, la dette continue à augmenter à tous les niveaux – étudiante, de carte de crédit, d’hypothèque ou gouvernementale. La dette des ménages du Canada a atteint des niveaux semblables à ceux de l’Espagne et des États-Unis avant la chute de l’immobilier, et plusieurs investisseurs et économistes croient que la bulle immobilière éclatera bientôt. Même les provinces de l’Ouest dont la croissance était stimulée par le boom de celle de la Chine commencent à ralentir, mettant en danger la « reprise » canadienne.

Pendant ce temps, les coupures d’austérité continuent à être utilisées pour abaisser le salaire et les conditions de vie des travailleurs. Aussi mauvaise soit la situation actuelle, Camilo nous a bien rappelés que le pire était à venir en matière d’austérité. En effet, les leaders politiques n’ont pas osé mettre en œuvre un plan complet d’austérité tel que demandé par le capitalisme, par peur de compromettre leur carrière politique et par peur que des manifestations à l’image de celles du Moyen-Orient ou de l’Europe arrivent au Canada. Cela est on ne peut plus clair dans les politiques de la première ministre ontarienne Kathleen Wynne, qui a renversé ( pour le moment ) la décision de ses prédécesseurs d’arriver à l’équilibre budgétaire par une austérité vicieuse. À un certain point, les couteaux de la classe capitaliste sortiront, provoquant un mécontentement généralisé à l’image de ceux que nous voyons actuellement en Europe de l’Ouest. Malgré le fait que nous n’avons pas encore ressenti tout le poids de l’austérité capitaliste, il y a déjà de la colère dans la société canadienne. Cela s’est exprimé dans des mouvements spontanés de la jeunesse et un désir des travailleurs de riposter. Malheureusemet, les chefs syndicaux ont été capables de retenir cette colère par des trahisons et des compromis. Bien que cela puisse créer une démoralisation temporaire, la crise en cours force les travailleurs à retourner dans la lutte en ayant appris des trahisons passées.

Cela se répercute en mécontentement grandissement chez les leaders syndicaux, dans des sentiments d’opposition et dans des candidatures contre des chefs en exercice. Cela s’est vu à la récente convention du Congrès du Travail du Canada, où pour la première fois dans son histoire, un président titulaire, Ken Georgetti a perdu et a été remplacé par Hassan Yussuf, qui était largement vu comme donnant une voix à la colère s’élevant dans les rangs. Tout ceci reflète le processus moléculaire de polarisation et de radicalisation de la société. À un certain point, la classe ouvrière entrera dans l’action massivement, ébranlant la fondation de la société canadienne entière.

Bâtir avec la jeunesse révolutionnaire !

Dimanche, la conférence s’est penchée sur les tâches pratiques des révolutionnaires marxistes du Canada. Alex Grant a donné la première session du jour, en mettant l’emphase sur le besoin de rejoindre la strate la plus radicalisée de la société canadienne, la jeunesse. Radicalisée, à cause que la crise les a particulièrement touchés, et qu’ils sont les plus ouverts aux idée radicales, moins démoralisés par les défaites passées et moins attachés par les obligations de la vie.

L’énergie à combattre de cette strate de la société qui a bien été démontrée dans Idle-No-More et les mouvements étudiants du Québec, doit être organisée pour prendre forme. Ils cherchent une façon de se sortir de l’impasse et de la barbarie de la société capitaliste et il est de notre devoir d’armer ces jeunes, avec les armes que sont la théorie et les méthodes marxistes.

Les activistes de La Riposte et de Fightback ont entrepris ces tâches avec enthousiasme, sur les campus du pays. En ce moment, des organisateurs marxistes sont présents dans huit universités et collège du pays, alors qu’ils n’étaient que dans deux en 2012 !

En plus du besoin pressant d’augmenter le nombre des marxistes du Canada, il est nécessaire de donner au mouvement les moyens de renverser le capitalisme. Cette tâche a aussi été entreprise avec enthousiasme par les camarades présents qui ont acheté un nombre record de livres et de brochures au kiosque de littérature. Aussi, les activistes de Fightback et La Riposteont organisé plusieurs groupes de lecture et de discussion touchant aux classiques et à la pertinence de la théorie marxiste, à la nature de la crise actuelle et à la façon d’en sortir, et même à la montée et à la dégénérescence du parti bolchévik et de la révolution russe. Bien que l’emphase soit mise sur la jeunesse radicalisée, il est vital de ne pas perdre de vue la tâche plus large de bâtir les idées du marxisme et d’en faire une force réelle dans la classe ouvrière. Cela sous-entend éduquer et préparer les camarades à faire face aux idées, à la confusion et aux préjudices qui existent dans le mouvement ouvrier.

Un esprit de sacrifice.

Joel Bergman a présenté la dernière discussion de la conférence, sur la construction des ressources financières des marxistes canadiens. Cette année, Fightback et La Riposte ont pris de l’avance avec l’embauche d’un employé à temps plein au Québec – une étape vitale pour affermir l’activité des marxistes de la province. L’embauche de cet organisateur a été rendue possible par l’appel financier réussi du début de l’année, qui a été accompli par nos alliés et supporters. Il y a encore du travail à faire pour supporter et consolider cette avance.

L’enthousiasme des camarades n’a pas été simplement montré par des mots et des engagements à faire avancer la lutte. Le Samedi soir, leur engagement a été mis à l’épreuve par un appel financier qui a résulté en une collecte d’approximativement 11,000$ – un nouveau record ! Les marxistes ont mis leur argent à l’appui de leur paroles. Cette excellente levée de fonds incluait des dons de camarades n’ayant pas pu se rendre à la conférence, mais qui ont suivi à distance les discussions, débats et développements, partout au pays.

Cette collecte sert à placer l’organisation sur la bonne voie et à assurer la stabilité de notre organisateur Montréalais – tout en étant un point de départ pour nos prochaines avancées, comme d’avoir un bureau et une imprimante-presse.

Ce sens du sacrifice et cet enthousiasme à bâtir la force du marxisme révolutionnaire ont été clairs tout au long de la conférence. Ce n’est pas surprenant, étant donné que nous vivons probablement dans la période la plus tumultueuse et révolutionnaire de l’histoire humaine, où seules les idées du marxisme ou du socialisme scientifique peuvent être l’alternative à la barbarie, à la misère et à la guerre qui définissent le capitalisme.

Si vous êtes intéressés à vous impliquer dans La Riposte ou Fightback, ou à donner pour la cause des marxistes partout au Canada, contactez nous à lariposte@marxiste.qc.ca

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