Motif de la rupture : sionisme

Dernièrement, je papotais avec un ami. À peine avais-je commencé à m’enquérir de sa relation amoureuse, encore naissante lorsque nous nous étions laissés la fois précédente, qu’il me coupa net » : « Si tu l’avais entendue sur la Palestine… »

  • Arthur L., Lévis
  • lun. 16 juin 2025
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Interloqué, je fronçais les sourcils. « Ç’a été le dernier clou dans le cercueil. Elle m’a corrigé quand j’ai parlé du génocide. Pour elle, c’est une “guerre juste”. Qu’elle me traite d’extrémiste, je m’en fous. Moi, je ne pourrai jamais fonder une famille avec quelqu’un qui trouve “juste” d’affamer des enfants à Gaza. »

Jeune travailleur, consultant l’actualité par bribes seulement, mon ami ne milite pas. Il n’a jamais participé à la moindre manifestation et, franchement, regarde avec circonspection tout ce qui touche à la politique. Pour autant, un soutien à Israël, même proféré par sa moitié, lui paraît d’instinct rédhibitoire. « Inhumain, criss. »

Certes, au Canada, le mouvement pro-palestinien peine à mobiliser les foules qu’il soulevaient auparavant. Il ne faudrait toutefois pas en conclure que les gens ordinaires se complaisent dans la prostration, insensibles aux charniers qui abondent à l’ombre des obus. Derrière cette stabilité passagère filent de profondes lignes de fracture, y compris chez ceux que l’on pourrait croire moins portés à l’indignation. Si même un homme soi-disant « apolitique » se montre prêt à rompre avec sa copine au nom des gamins massacrés au Proche-Orient, alors ce n’est qu’une question de temps avant que des ruptures autrement plus sérieuses éclatent dans la société.