C’est aujourd’hui le 10 novembre qu’a lieu la journée internationale des stagiaires. Des événements se déroulent non seulement au Québec comme à Montréal, Rimouski, Sherbrooke et Gatineau, mais également en Europe, au Moyen-Orient et ailleurs en Amérique du Nord. Au Québec, plus de 15 000 étudiants sont en grève pour l’occasion. Le caractère international de cette lutte n’est pas anodin : c’est toute la jeunesse mondiale qui est touchée par la crise du capitalisme et l’exploitation accrue qui en découle. La Riposte socialiste appuie sans réserve les étudiants dans leur lutte pour de meilleures conditions d’études et de travail.

La crise capitaliste et l’exploitation étudiante

Le phénomène des stages étudiants non rémunérés n’est qu’une forme moderne de l’exploitation capitaliste. Ce n’est pas un hasard si le nombre de stagiaires non rémunérés a explosé depuis la crise de 2008; dans ce capitalisme en crise, les stagiaires sont essentiels pour diminuer les coûts de production et, ainsi, garder les entreprises compétitives. Selon The Globe and Mail, il y aurait 300 000 stagiaires qui ne seraient pas payés au Canada à l’heure actuelle. De plus, selon la Canadian Intern Association, la problématique touche également les diplômés. Ceux-ci sont encouragés à accepter de travailler gratuitement sous prétexte que cela leur permettrait de « se bâtir un CV ». Mais nous savons bien que l’expérience de travail ne paie pas le loyer et ne met pas de pain sur la table, et que cette forme de compensation n’est qu’une façon pour la classe dominante de justifier l’exploitation des stagiaires. Les stagiaires ne sont au bout du compte que des travailleurs particulièrement exploités.

Comment gagner la rémunération des stages?

La lutte pour la rémunération des stages a un réel potentiel de faire sortir le mouvement étudiant de sa torpeur, et la manifestation et la grève d’aujourd’hui sont un bon pas en avant. Mais plus encore, nous avons ici une excellente occasion de lier la lutte des étudiants et celle des travailleurs. Les stagiaires non rémunérés ont déjà un pied dans le marché du travail, et sont en contact avec leurs frères et sœurs salariés. Les stages non rémunérés sont souvent offerts dans des milieux de travail syndiqués, que l’on pense à l’éducation par exemple. Pour que la lutte contre les stages non rémunérés puisse aller de l’avant, il faut non seulement mobiliser sur les campus, mais également aller chercher l’appui de la classe ouvrière. Les stages non rémunérés exercent une pression à la baisse sur les conditions de travail de tous les travailleurs. Il ne s’agit donc pas d’une simple lutte pour les stagiaires; une victoire de ceux-ci serait une victoire pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses. Les étudiants et les stagiaires doivent faire de la mobilisation auprès des autres travailleurs et de leurs syndicats. Les syndicats ouvriers devraient mobiliser leurs membres et appuyer activement l’initiative prise par les étudiants et les stagiaires, ce qui pourrait commencer par une grève de 24 heures. Sous le capitalisme, c’est la classe ouvrière – ce qui inclut les stagiaires – qui possède le réel pouvoir d’arrêter le travail et de frapper les patrons là où ça fait mal, soit à leur portefeuille. L’unité des travailleurs et des étudiants est nécessaire pour arriver à la victoire!

L’exploitation : la norme plutôt que l’exception

Une victoire du mouvement permettrait d’améliorer considérablement les conditions de vie de centaines de milliers d’étudiants, et il s’agit pour cela d’une lutte importante. Toutefois, ces stagiaires, une fois entrés sur le marché du travail, seront confrontés à la même précarité, aux mêmes bas salaires et aux mêmes emplois à temps partiel qui sont le lot d’une grande partie de la classe ouvrière, en particulier les jeunes travailleurs. La lutte devra donc aller plus loin que la question des stages si on souhaite réellement mettre fin à l’exploitation et à la précarité.

Or, force est de constater qu’aujourd’hui, l’exploitation est la norme plutôt que l’exception dans notre société. Au moment même où les étudiants luttent contre des conditions d’études et de travail déplorables, la richesse s’accumule au sommet, dans des mains de moins en moins nombreuses. C’est l’ensemble du système capitaliste, fondé sur l’exploitation salariale, qui est à combattre. Tant que nous vivrons dans une société où une poignée d’individus possède la vaste majorité des entreprises, des richesses, des usines et des ressources naturelles, nous, la classe ouvrière, seront forcés de nous vendre à petit prix pour obtenir le droit de manger et de se loger. Le mouvement pour la rémunération des stages doit donc être une lutte contre l’exploitation capitaliste dans son ensemble, et donc une lutte pour le socialisme!

Mettons fin à l’exploitation des stagiaires!

Tous les travailleurs et travailleuses méritent un salaire décent!

La lutte des stagiaires est une lutte ouvrière!