Les 8 et 9 juin prochains, les dirigeants de sept pays parmi les plus puissants au monde se réuniront à La Malbaie dans le cadre du sommet du G7. En effet, Justin Trudeau accueillera ses homologues allemands, français, italiens, japonais, britanniques ainsi que nul autre que le président américain Donald Trump, qui foulera le sol canadien pour la première fois depuis le début de son mandat. Dans le confort du luxueux Manoir Richelieu, les chefs d’État prendront des décisions qui serviront d’abord et avant tout les intérêts de la bourgeoisie et ce, au détriment des besoins des travailleurs. Certains militants commencent déjà à se mobiliser afin d’envoyer un message clair aux politiciens : ils ne sont pas les bienvenus. Conscient de cela, l’État canadien, de son côté, se prépare à étouffer violemment l’opposition au sommet, et a lancé une véritable campagne de peur afin de dissuader les travailleurs et les jeunes de protester contre les grandes puissances capitalistes.

Le même scénario se répète

La répression étatique lors des rencontres du G7 n’a rien de nouveau. En 2015, alors que le sommet du G7 se déroulait en Allemagne, des mesures visant à restreindre le plus possible le droit de manifester avaient été mises en place. L’État allemand s’était assuré que la réunion se déroulant dans un hôtel de luxe ne serait pas perturbée, en déployant plus de 25 000 policiers et en installant des grillages couvrant une distance de 14 km. Cent juges et dix-sept procureurs avaient même été spécialement embauchés afin de condamner les militants qui seraient arrêtés. De telles mesures ont été instaurées sous prétexte qu’elles serviraient à maintenir un climat sécuritaire pour la population. Or, elles avaient plutôt pour but de faire taire la contestation populaire contre le capitalisme et l’ordre établi. Effectivement, selon certains manifestants, la forte présence policière rendait l’accès aux sites de rassemblement difficile. Deux ans plus tard, durant le même événement, qui avait alors lieu en Italie, une répression étatique semblable avait été exercée. Cette fois-ci, les politiciens bourgeois avaient utilisé l’excuse de la menace terroriste pour la justifier.

La répression se prépare au Québec

Cette année, l’État canadien n’agira pas différemment de l’État allemand et de l’État italien. Il se prépare à faire usage de la force pour réprimer le mouvement contre le G7. Ce ne sera pas la première fois au Canada, par ailleurs. En effet, lors du sommet des Amériques en 2001 à Québec, les forces de police n’ont pas hésité à bafouer les droits des manifestants, en arrêtant presque autant de gens que lors de la Crise d’Octobre 1970 au Québec. Les abus commis par la police avaient alors été dénoncés par le Comité des droits de l’homme de l’ONU. Également, le sommet du G20 de 2010 à Toronto est frais en mémoire. Là-bas, nous avions eu droit aux plus grandes arrestations de masse de l’histoire du Canada, alors que plus de 1100 personnes avaient été arrêtées – c’était avant que la grève de 2012 au Québec ne vienne pulvériser ce record. La feuille de route de l’État canadien en matière de répression est donc bien garnie. Cette année, accueillant pour la première fois Donald Trump au Canada, les forces étatiques ont tout mis en place pour prévenir toute manifestation d’opposition aux politiques du président américain et de ses acolytes.

Au cours des derniers mois, l’État, par l’entremise de ses amis les médias, a lancé une véritable campagne de peur entourant le G7. Semaine après semaine, de nouvelles mesures de « sécurité » ont été annoncées en vue de la rencontre. Récemment, il a été confirmé qu’entre 8000 et 9000 policiers seront mobilisés. Aussi, la Gendarmerie royale du Canada ainsi que les Forces armées canadiennes seront présentes. Il a également été annoncé que des détenus d’une prison de la ville de Québec ont été déplacés afin de faire de la place à ceux qui seront arrêtés et qu’un centre de détention a été temporairement aménagé dans la cour de la centrale de police du parc Victoria. Le SPVQ (Service de police de la ville de Québec) a également fait l’achat de milliers de munitions de contrôle de foule.

Si certains ne sont pas contents, ils pourront toujours manifester dans la « zone de libre expression » (le seul endroit à La Malbaie où les manifestations seront permises), le stationnement d’un musée! Ils devront toutefois veiller à ne pas trop faire d’agitation, car les policiers postés aux alentours n’attendront que cela pour les arrêter en usant de leurs armes flambant neuves. Toutefois, la plupart des manifestations vont fort probablement se dérouler à Québec. La GRC, qui fera venir 3000 policiers pour l’occasion, a d’ailleurs déjà commencé à installer ses véhicules dans un stationnement de Québec. Les sources à ce sujet varient, mais selon l’une d’elles, plus de 500 millions de dollars pourraient être dépensés pour « assurer la sécurité » au sommet du G7. Et où cet argent sera-t-il pris? Dans les poches des contribuables (c’est-à-dire des travailleurs) évidemment!

Le silence des organisations syndicales et de Québec solidaire

Alors que Donald Trump, Emmanuel Macron, Angela Merkel et compagnie s’amènent, l’État canadien dépense des centaines de millions pour protéger ces gens et s’assurer que tout se déroule dans « l’ordre ». Ce qui frappe cependant est que devant l’arrivée au Québec de ces politiciens qui attaquent les travailleurs, coupent dans les services publics et mènent des guerres impérialistes, les dirigeants des organisations syndicales ont maintenu un silence presque complet. De même, la direction de QS n’a encore rien déclaré en ce qui concerne le G7 ou la répression qui se prépare. On pourrait s’attendre à ce que Gabriel Nadeau-Dubois, qui a vécu de près l’intense répression du mouvement étudiant en 2012 et qui avait refusé de céder à la pression de condamner les manifestants eux-mêmes, prenne au moins la peine de dénoncer la répression qui s’annonce ouvertement. Pourtant, rien n’a été dit jusqu’à présent. En l’absence d’une direction donnée par les organisations comme QS et les syndicats, la mobilisation semble présentement difficile. Disposant de ressources et d’une autorité importantes, il est du devoir des syndicats et de leur direction de les utiliser pour mobiliser les travailleurs pour manifester contre les grands politiciens capitalistes. QS peut également jouer un rôle dans cette mobilisation. Il n’est pas trop tard pour le faire.

Justin Trudeau, quant à lui, continue de nous casser les oreilles en parlant de la grande importance de ce sommet. Depuis le début, Trudeau tente de donner un vernis « progressiste » et même « féministe » à cette rencontre. Nous avons déjà expliqué en quoi le sommet n’avait rien de progressiste. Mais, encore une fois, les dirigeants des organisations ouvrières sont en train de passer à côté de l’occasion de profiter de la venue du G7 pour dénoncer ouvertement et audacieusement son programe réactionnaire. Pourtant, ce ne sont pas les raisons qui manquent! La venue de Trump, Macron, Merkel et les autres leaders des pays capitalistes parmi les plus importants offre une vitrine pour dénoncer leurs attaques répétées sur les travailleurs, les jeunes, les minorités, etc. Ce pourrait également être l’occasion de manifester contre les politiques de Trudeau, notamment le récent achat du pipeline Trans Mountain par le gouvernement canadien qui ne peut être décrit autrement que comme du socialisme pour les riches. Nous avons une occasion à ne pas manquer!

Pour une démonstration de force face au G7!

Il n’est pas trop tard pour se mobiliser afin d’envoyer un message à ces leaders des grandes puissances capitalistes. Deux manifestations sont prévues dans la ville de Québec en marge de la rencontre du G7, l’une le 7 juin en soirée et l’autre le 9 juin à 15 h. L’occasion de montrer à Donald Trump et sa bande qu’ils ne sont pas les bienvenus et qu’on ne veut rien entendre de leurs politiques doit être saisie. Ce qu’il faut pour rendre la mobilisation efficace, c’est une direction audacieuse capable de mobiliser les travailleurs et les jeunes contre les politiciens du G7. Nous devons expliquer que les politiques procapitalistes des pays du G7 n’offrent rien aux travailleurs et aux jeunes. Nous le voyons en ce moment avec les vicieuses attaques du gouvernement Macron sur les travailleurs, les chômeurs et les jeunes, ou encore avec le plan fiscal de Trump, qui donnera des décennies d’austérité pour les travailleurs et les pauvres. Si un appel audacieux à manifester est lancé par les syndicats et par QS, la mobilisation recevrait certainement un vent de fraîcheur. Avec des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes dans les rues malgré la répression qui est annoncée sur tous les toits, le message serait clair et la démonstration de force réussie.  

Non à la répression des travailleurs et des jeunes!

Mobilisons-nous en masse contre le G7 et le système capitaliste qu’il défend!