Alors que l’Alberta est souvent vue au Québec comme un bastion irrécupérable de cowboys réactionnaires accros au pétrole, ce cliché n’a plus grand chose à voir avec la réalité. Une colère vive habite les travailleurs albertains et est en train de les pousser en terrain radical. Le mouvement ouvrier et la gauche au Québec feraient bien de garder un oeil attentif sur les événements dans cette province. Cet article de nos camarades albertains offre un aperçu des événements et du processus de radicalisation qui y sont à l’oeuvre.


Le Parti conservateur uni de l’Alberta (UCP) a perdu toute autorité pour gouverner. Il est directement complice de la mort de milliers d’Albertains. Pour mettre fin à ce chaos, il est indispensable de renverser ce gouvernement.

Tout au long de la pandémie, Jason Kenney et l’UCP ont titubé d’une vague à l’autre, refusant d’anticiper ou de réagir à quoi que ce soit ne se présentant pas directement sous leur nez. En mai, il y a à peine cinq mois, l’Alberta avait l’honneur discutable d’avoir le plus haut taux d’infections à la COVID-19 par habitant de toute l’Amérique du Nord. Kenney et l’UCP n’ont rien appris pendant la pandémie, et nous voilà quelques mois plus tard avec des cas de COVID-19 hors de contrôle, des taux de mortalité qui montent en flèche et un autre confinement.

« Le meilleur été de tous les temps »

Le 29 juin, la médecin hygiéniste en chef, Deena Hinshaw, a annoncé que la province irait de l’avant avec les plans de réouverture de la phase 3. Autrement dit, presque toutes les restrictions seraient levées juste à temps pour la fête du Canada et le Stampede de Calgary.

Bien que le nombre de cas était bas à la fin du mois de juin à la suite des restrictions plus strictes mises en place au début du mois de mai, les experts ont prévenu que la levée complète des restrictions, alors que le taux de personnes entièrement vaccinées en Alberta se situait à un rachitique 38%, pourrait entraîner un désastre lorsque les écoles rouvriraient et que le temps froid pousserait les gens à l’intérieur. Donc, si ce n’est ni les preuves empiriques, ni la recherche ni même l’expérience des vagues précédentes qui ont motivé le choix de supprimer toutes les mesures de santé publique dès la seconde où les cas ont baissé en Alberta, qui a eu cette brillante idée? 

Jason Kenney et les autres canailles de l’UCP, voilà qui. Au lieu de réfléchir une seule seconde aux potentiels effets dévastateurs d’un déconfinement trop rapide, Kenney s’est mis à rêver : il allait pouvoir enfiler ses bottes et son chapeau de cow-boy, sauter sur un cheval et galoper jusqu’à la fin de son mandat de premier ministre en étant salué comme le meilleur leader que l’Alberta ait jamais connu. Il ne voulait pas laisser passer l’occasion de déconfiner la province à temps pour le Stampede de Calgary, un événement qui était censé donner le coup d’envoi à ce que Kenney prévoyait qui serait le « meilleur été de tous les temps ». 

Ce n’est pas seulement parce qu’il espérait que les mauvaises crêpes et la nostalgie de l’époque des cow-boys convaincraient les Albertains de lui pardonner ses faux pas meurtriers des 16 mois précédents. Le Stampede de Calgary accueille depuis longtemps des politiciens à la recherche d’occasions de financement. Étant donné que le NPD a dépassé l’UCP en financement depuis le premier trimestre de 2020, Kenney commençait probablement à sentir le sol se dérober sous ses pieds.

Alors que l’été avançait et que le nombre de cas augmentait, la pression pour rétablir les restrictions sanitaires augmentait également. Mais au lieu de prévenir une potentielle quatrième vague, la Dre Hinshaw a annoncé le 28 juillet son intention de traiter la COVID-19 comme un phénomène endémique et de mettre fin à la recherche des contacts, aux tests de masse et aux exigences d’isolement. L’UCP a même affirmé qu’afin d’éviter de submerger le système de santé de la province, les restrictions et les services qui ralentissent la propagation de la COVID-19 devraient être levés, et que cela allait supposément protéger les hôpitaux. Il n’est pas nécessaire d’être un génie pour voir que cela ne tient pas debout.

Alors que le nombre de cas ne cessait d’augmenter, les Albertains ont exigé de la transparence sur la façon dont la décision d’abandonner toutes les restrictions avait été prise. Qu’ont-ils obtenu? La Dre Hinshaw a promis du bout des lèvres que les données de modélisation seraient disponibles éventuellement dans l’avenir et que son équipe travaillait d’arrache-pied à en faire la synthèse pour le grand public. Autrement dit, soit les Albertains sont trop stupides pour comprendre l’information, soit le gouvernement savait que les Albertains comprendraient très clairement que les données de modélisation ne cadraient pas avec la décision. Heureusement, nous n’avons pas à deviner. Après plus d’un mois de pression publique, les données ont été publiées et critiquées par les experts en santé. La prémisse de départ était que l’augmentation du nombre de vaccins entraînerait la « dissociation » entre le nombre de cas et celui d’hospitalisations, et que les hôpitaux ne seraient donc pas débordés. Un professeur de l’Université de Victoria et membre du B.C. COVID-19 Modelling Group, Dean Karlen, a souligné : « Il n’y avait pas vraiment de raison de supposer que cette dissociation se produirait. »

Le communiqué met également l’accent sur d’autres problèmes de santé en Alberta liés à la COVID-19, comme les faibles taux de dépistage du cancer, les décès dus aux opioïdes et la montée en flèche des taux de syphilis. Ce qui est remarquablement absent du document, cependant, c’est la reconnaissance du rôle direct joué par l’UCP dans l’exacerbation de ces problèmes. De l’annulation d’un projet de « super-laboratoire » à Edmonton qui aurait fait faire les tests médicaux par le secteur public à la fermeture du site d’injection supervisée le plus fréquenté du Canada à Lethbridge, l’UCP utilise des crises qu’il a activement aggravées pour se protéger des critiques liées à la COVID.

Mais qui peut vraiment blâmer le gouvernement provincial pour sa négligence flagrante et ses erreurs fatales? L’UCP a été trop occupé tout l’été à combattre les infirmières et les médecins pour trouver le temps de justifier ses actions criminelles auprès de ses électeurs.

Comme d’habitude, l’UCP a attendu à la dernière minute pour reconnaître l’absurdité absolue et l’échec de son plan. Mais cette fois, il ne s’est pas réveillé à temps. Le 13 août, trois jours seulement avant la levée des dernières restrictions sanitaires liées à la COVID-19, Deena Hinshaw a de nouveau pris la parole pour faire marche arrière par rapport à l’annonce du 28 juillet, en déclarant que la modélisation initiale prévoyait l’hospitalisation de 90 Albertains atteints du virus et que le nombre d’hospitalisations était « un peu plus élevé » que prévu. Que signifie « un peu plus élevé » pour l’UCP? Soixante-deux pour cent (!) de plus que prévu, avec 146 personnes hospitalisées. Pour cette raison, la levée des restrictions sanitaires a été reportée à la fin du mois de septembre.

Pendant l’absence inopportune de deux ou trois semaines de Kenney en août, l’Alberta a vu les admissions aux soins intensifs quadrupler, avec 12 290 cas actifs, 465 à l’hôpital et 107 aux soins intensifs. Pendant que Kenney prenait ses vacances, s’assurant qu’il ne s’épuisait pas trop à la tâche, les infirmières ont été informées qu’elles devraient bientôt faire des heures supplémentaires obligatoires et se préparer à invoquer les protocoles de triage d’urgence.

L’effondrement de l’automne

Au retour de Kenney, le système de santé commençait à s’effondrer et l’administration des vaccins était au ralenti. Au lieu de faire quoi que ce soit qui ait un minimum de sens, Kenney a annoncé que l’Alberta offrirait une récompense de 100 dollars à ceux qui se feraient vacciner. Ce programme verrait s’évaporer environ 20 millions de dollars en argent des contribuables – s’il fonctionnait.

Lors de la même conférence de presse, Kenney aurait déclaré : « Si nous avons le choix entre une crise durable dans nos hôpitaux ou, Dieu nous en préserve, des restrictions généralisées, ce que je veux éviter à tout prix, ou trouver un moyen d’attirer l’attention des retardataires de la vaccination, nous allons choisir cette dernière solution. »

Curieusement, une carte cadeau de 100 dollars n’a pas été la solution miracle que Kenney espérait, et il a échoué sur les trois fronts. Bien qu’il y ait eu une très légère augmentation des vaccinations, le variant Delta a continué à se propager de manière agressive jusqu’à ce que le système de santé s’effondre véritablement.

L’Alberta Children’s Hospital de Calgary a annoncé le 16 septembre que 75% des salles d’opération étaient fermées et qu’elles étaient réservées aux « opérations pour sauver une vie ou un membre ». Dans certains hôpitaux importants d’Edmonton, les capacités de la morgue ont été dépassées au cours de la fin de semaine des 18 et 19 septembre. Les dirigeants syndicaux du secteur de la santé ont demandé au gouvernement de solliciter l’aide de l’armée pour la quatrième vague. L’UCP a effectivement demandé l’aide du gouvernement fédéral, mais il a attendu que les élections fédérales soient terminées pour ne pas embarrasser davantage le Parti conservateur fédéral. Le gouvernement provincial frappe à la porte des provinces de tout le pays pour qu’elles acceptent des patients des soins intensifs, et la province la plus proche à accepter les patients de l’Alberta est l’Ontario. D’innombrables Albertains ont vu leur chirurgie vitale annulée. Il y a eu des pénuries d’ambulances à Edmonton et à Calgary. L’UCP se retrouve une fois de plus avec le sang des Albertains sur les mains. 

Comme un rat acculé à un mur, Kenney a finalement affronté le public pour déclarer un état d’urgence de santé publique et aborder le cauchemar vécu dans la province qu’il est censé gérer. Après des mois de pression sur l’UCP pour qu’il introduise un passeport vaccinal, Kenney a cédé. Et ce, malgré le cri de ralliement qu’il a lancé derrière une plaque de cuisson de crêpes au Stampede, à savoir que l’Alberta ne verrait jamais de passeport vaccinal, et malgré le fait que l’UCP ait fondé sa campagne de financement sur sa promesse d’éviter tout système de passeport! Tentant de se sauver la face et de préserver ne serait-ce qu’une once d’appui chez sa base qui s’amenuise, Kenney affirme que le passeport vaccinal n’est pas un passeport vaccinal, mais plutôt un « programme d’exemption de restrictions »! 

Comme nous en sommes venus à le savoir et à l’attendre du gouvernement de l’UCP, le déploiement de ce programme et de son ensemble décousu de restrictions a été catastrophique. Kenney a, une fois de plus, eu recours à des semi-restrictions et à des volte-face, avec des mesures incohérentes pour les vaccinés et les non-vaccinés, les restaurants qui servent de l’alcool et ceux qui n’en servent pas, quand il faut garder nos distances et quand on peut se rapprocher, quelles entreprises peuvent être exemptées et lesquelles ne le peuvent pas. Décoder ce « plan » est presque aussi pénible que d’écouter Kenney esquiver les questions et fuir ses responsabilités lors des conférences de presse. Du moins, quand il se donne la peine de s’y présenter. 

Bien entendu, Jason Kenney ne se contente pas de faire perdre leur temps aux Albertains en les obligeant à résoudre une série d’énigmes complexes pour comprendre les dernières restrictions. Après qu’il a été annoncé qu’il serait obligatoire de fournir une preuve de vaccination dans moins d’une semaine, le site Web MyHealth a été surchargé par le trafic, ce qui aurait certainement pu être prévu. Les Albertains ont attendu dans des files d’attente de plus de 100 000 personnes. Une journée seulement avant l’entrée en vigueur du programme d’exemption de restrictions, un site Web plus simple, plus rapide et provoquant moins de maux de tête a été lancé spécialement pour permettre aux Albertains d’accéder à une carte imprimable indiquant leur statut vaccinal. Cela aurait été formidable, si le document PDF n’était pas entièrement modifiable. Non, ce n’est pas une exagération. Le gouvernement provincial de l’Alberta est tellement incroyablement incompétent qu’il a publié des fiches de vaccination qui peuvent être modifiées par toute personne ayant accès à un ordinateur ou à un téléphone intelligent. Peut-être qu’au lieu de distribuer l’argent des contribuables en échange de vaccins, l’UCP devrait envisager de consacrer cet argent à la préparation de programmes et de restrictions avant de simplement les annoncer en direct à la télévision et de s’attendre à ce que les problèmes se règlent d’eux-mêmes.

Un gouvernement désastreux

Le « meilleur été de tous les temps » a ouvert la voie au pire automne de tous les temps et c’est la faute du gouvernement de l’UCP au grand complet. Kenney est incapable d’admettre ses torts et n’a présenté qu’une seule fois des excuses pour sa gestion de la pandémie, excuses qu’il a retirées en l’espace de cinq minutes, vraisemblablement lorsque ses yeux ont quitté le téléprompteur. Dès qu’il fait l’objet de critiques, Kenney cherche des excuses et ment de façon éhontée. Alors que les travailleurs de la santé sont au bout de leurs forces en raison des longues heures de travail et de la tension émotionnelle pendant la pandémie, Kenney a déclaré qu’il avait pris des avances « pour ne pas faire de burn-out ». Incroyablement, selon Kenney, « personne n’aurait pu prédire la quatrième vague » et « il n’y avait tout simplement rien à faire ». Tout le monde en a marre d’entendre encore et encore les mêmes excuses de la part de ce gros bébé de premier ministre. 

Il n’y a pas que les Albertains qui en ont assez du comportement de Jason Kenney pendant toute la durée de la pandémie. Une révolte se prépare au sein du caucus de l’UCP, un phénomène auquel Kenney est maintenant habitué. Un nouveau groupe de députés, d’initiés et de bureaucrates est en train de rompre ouvertement avec la ligne du parti et affirme que Kenney a attendu trop longtemps pour agir devant la quatrième vague, et certains demandent même sa démission. Le député UCP Richard Gotfried a publiquement critiqué Kenney, déclarant que « les mots « jamais », « passeport » et « ouvert pour de bon » [le message de Kenney au moment du déconfinement] pourraient devenir des symboles d’embarras et d’infamie ». L’attaché de presse de Kenney a publiquement répliqué à Gotfried, affirmant que l’UCP a toujours fait ce qu’il fallait au bon moment et n’a jamais commis d’erreur. Le site Internet de l’UCP est mystérieusement tombé en panne pendant deux jours, puis il a été vidé de tout contenu quelques jours après l’annonce du confinement. Pour tenter de faire bonne figure et de mettre fin aux appels à sa démission, Kenney a démis Tyler Shandro de son poste de ministre de la Santé et l’a transféré au ministère du Travail et de l’Immigration, mais cela n’a pas eu l’effet calmant qu’il espérait.

La division traverse le parti de haut en bas. Selon le Western Standard, un site Web de droite dirigé par l’ancien député du Parti Wildrose Derek Fildebrandt, plus de 30 associations de circonscription de l’UCP vont tenir un vote anticipé révision de la direction, et les présidents locaux de l’UCP mènent la charge. La circonscription d’Olds-Didsbury-Three Hills a déjà voté en faveur de cette révision par une marge de 27 contre un. Même le vice-président des politiques de l’UCP a maintenant ouvertement demandé la démission de Kenney. Celui-ci doit déjà faire l’objet d’une révision six mois avant la prochaine élection, mais son propre parti n’est pas enclin à attendre.

Jason Kenney n’a aucune issue, peu importe où il se tourne. Il a le taux d’approbation le plus bas de tous les premiers ministres provinciaux au Canada, soit seulement 31%, et les divisions internes du parti menacent de déchirer l’UCP en ses parties constituantes. Pour sauver des vies et mettre fin à cette triste expérience, le gouvernement de l’UCP doit être renversé. Il est de plus scandaleux que Rachel Notley et le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Alberta soient coincés dans la mentalité de jouer l’opposition parlementaire loyale qui attend les prochaines élections, et n’aient même pas demandé la démission de Kenney, une revendication avec laquelle même une grande partie des partisans de l’UCP seraient d’accord!

La démission de Kenney serait loin d’être suffisante. Durant son court mandat, l’ensemble de l’UCP a démontré à maintes reprises qu’il est inapte à gouverner. Alors que Kenney a peut-être été leur faiseur de roi, la grande majorité des députés et des hauts dirigeants du parti sont restés sans rien faire et ont activement soutenu ses politiques insensées et meurtrières. Si Kenney devait démissionner et passer les rênes à un successeur, rien de fondamental ne changerait dans la direction du gouvernement. 

Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre deux ans pour une autre élection afin de nous débarrasser de l’UCP. Trop de gens meurent inutilement en ce moment. Le président de la Fédération du travail de l’Alberta (AFL), Gil McGowan, a récemment décrit la réponse de l’UCP à la pandémie comme « de la négligence gouvernementale causant la mort ». C’est tout à fait exact. Il faut mettre fin à ce régime meurtrier avec le pouvoir de la classe ouvrière. L’année dernière, en réponse à la grève sauvage du 26 octobre, l’AFL a lancé la campagne « Stand up to Kenney » et récemment le Syndicat canadien de la fonction publique en Alberta, un affilié de l’AFL, a créé la campagne « Fire the UCP ». Ces campagnes ont été marquées par de petites manifestations, comme l’organisation de campagnes-éclair de courriels envoyés aux députés de l’UCP, et l’écriture de messages à la craie devant leurs bureaux. Les enjeux ont gagné en importance et la situation exige maintenant des tactiques plus radicales. En ce moment, la campagne « Stand up to Kenney » n’a même pas d’événements prévus!

Tout porte à croire que tout mouvement contre le gouvernement recevrait un immense soutien du public. Les gens en ont assez des montagnes russes de la COVID de l’UCP. Les infirmières de l’Alberta ont demandé au président de leur syndicat : « À quand le vote de grève? » Les enseignants de plusieurs petites divisions scolaires ont voté pour la grève. Même les médecins ont tenu un vote de non-confiance à 98% envers l’ancien ministre de la Santé, Tyler Shandro. L’appel à une grève générale en Alberta se retrouve parmi les « sujets populaires » sur Twitter de façon intermittente depuis plus d’un an. La colère envers le gouvernement n’a jamais été aussi grande, et tout ce qu’il faut, c’est une pincée de leadership. Si l’AFL présentait un plan audacieux de grève d’une journée pour faire tomber l’UCP, la réponse serait massive et le gouvernement UCP pourrait être renversé. 

Il y a un désir incroyable de combattre l’UCP. La situation entière est à couteaux tirés. La colère est en train de déborder et cherche un canal par où s’exprimer. Il est temps d’agir.

À bas l’UCP!

Pour une grève générale d’une journée pour reverser l’UCP!