Le gouvernement veut éliminer le déficit dès 2013-2014, qui se trouve à 4,5 milliards. En ce moment, la dette provinciale se trouve à 285,6 milliards. Dans le monde capitaliste dit avancé, le Québec possède une des plus grosses dette en proportion du PIB, qui s’élève à 94%, et se trouve au cinquième rang parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique. Ce n’est pas très loin de la Grèce, qui est enterré avec 102,6%  de dette en proportion du PIB.

L’attitude du gouvernement est que le budget est une réalité que les québécois ne peuvent éviter. Comme la dit la Vice-première ministre Nathalie Normandeau à La Presse, parlant à propos de la manifestation du 11 avril:

« Les citoyens doivent être conscients d’une chose : le Québec finance 26%  plus de services publics que son voisin ontarien, mais sa capacité de payer est de 14%  moindre! Nous pensons toutefois que les Québécois tiennent à leurs services publics, comme l’allocation parentale et les services de garde à 7 $, alors nous avons choisi de ne pas y sabrer. Ces services qui n’existent pas ailleurs et qui ont été mis en place car on croit à la famille ont toutefois un prix »« Le gouvernement savait que le budget allait être difficile, a-t-il dit hier. La génération actuelle doit faire face à ses responsabilités. »

Les mesures d’austérité

Voici la structure pour la réduction du déficit que le gouvernement compte mettre en œuvre : 60%  des contributions proviendra de l’état. Les « citoyens » feront 31% des contributions. Et finalement, 7,1%  seront du secteur privée.Une croissance maximale de 5%  par année en dépense pour la santé, ainsi qu’un gel sur toutes autres augmentation sur les dépenses gouvernementales sont parmi les mesures définies en tant que contributions par l’état.Parmi les contributions par les « citoyens » :

Des frais annuels pour les soins de santé et une proposition de frais pour chaque visite chez le médecin.

Une hausse des frais non-spécifiques aux études, incluant l’intention d’introduire des frais aux Cégeps.La TVQ grimpera de 1%  dès l’année 2011 et une seconde fois l’année d’après pour atteindre 9,5% .

Une taxe sur l’essence de 1 cent le litre.

Une hausse des frais d’hydro-électricité  (sauf pour les 150 plus grosses entreprises).

Les contributions des entreprises:

Une taxe compensatoire du secteur financier et minier, qui devrait durer deux ans.

Jusqu’à date, les mesures les plus controversées sont les changements proposées pour le système de santé. Le budget annonce des intentions d’aller vers un système au principe « utilisateur-payeur », c’est-à-dire des frais de 25 $ pour chaque visite chez le médecin. Parfois, les visites d’hôpitaux requièrent l’attention de plusieurs médecins, donc le résultat serait de 25 $ par médecin! La proposition du gouvernement est de faire payer pour ces dépenses via les déductions sur les allègements fiscaux. Pour l’instant, ce n’est qu’une proposition, et un comité a été mis en place pour vérifier sa faisabilité – mais le gouvernement a l’intention de la mettre en œuvre dans deux ans. Par contre, les frais annuels seront mis en place immédiatement : 25 $ pour cette année, 100 $ pour 2011 et 200 $ pour 2012. Il s’agit de frais régressifs et ne sont pas basé sur les revenus.

Les Affaires ont rapporté la tollé et la défense du ministre des Finance, Raymond Bachand :Par ailleurs, dans son allocution, le ministre des Finances a averti les citoyens qu’ils devraient s’habituer à cette « révolution culturelle » qui veut que l’on cesse de croire, au Québec, que les services publics sont gratuits.« Rien n’est gratuit », a-t-il soutenu, « il y a ce que chacun paie et ce que chacun fait payer par les autres ».Les Québécois sont « depuis longtemps dé-responsabilisés » face à leurs services publics, a déploré M. Bachand. « Ce n’est pas vrai que les services sont gratuits. Il y a un coût à ça et c’est 68, 69 milliards $ ».Le ministre a été chaleureusement applaudi par les 600 convives de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Son budget a d’ailleurs été bien accueilli par les gens d’affaires, fort moins bien par le public en général, les syndicats et les groupes sociaux.Les travailleurs se sont battus pour le droit aux soins médicaux adéquats, quel que soit la capacité de payer. Ce qui ce prépare abolirait ce principe.Il y aurait aussi une croissance significative pour les tarifs d’électricité. Hydro-Québec a demandé  la permission à la Régie de l’énergie afin d’augmenter les tarifs de l’ordre de 5,3% , presque le double du taux d’inflation de 2,8% . La demande a été accordée le 1er avril, mais cette augmentation ne faisait pas partie de ce qui a été mentionnée dans le budget, qui augmentera dans les années qui suivent. N’oublions pas qu’il y a des exceptions pour la hausse des tarifs: les 150 plus grosses entreprises aux Québec sont exemptées.Option consommateurs souligne que ces hausses charge la classe travailleuse avant tout :« Déjà, 22%  de la population vit sous le seuil de pauvreté, et ces ménages consacrent 7,5% , en moyen, de leurs budgets mensuels pour payer leurs factures d’électricité, » a dit Stephanie Lussies, co-ordinatrice du dossier énergie d’Option consommateurs.« Cette augmentation va avoir un effet régressif qui fera que ceux qui sont pauvres le seront encore plus ». (Montreal Gazette)L’augmentation des frais de scolarité aux universités fera également partie des propositions, ce qui serait complètement libéralisé pour permettre à chaque université de décider à sa discrétion. Le gouvernement a aussi signalé qu’il a l’intention d’introduire des frais de scolarité aux Cégeps, qui ont été créés en tant que système d’éducation gratuite pour les enfants des travailleurs, une concession gagnée par les mouvements des années 60 et 70. Le Québec a les frais de scolarité les plus bas au Canada grâce aux luttes de la classe travailleuse et le mouvement étudiant, mais ce budget vise à éliminer cette distinction.C’est un budget qui roue de coups les travailleurs tandis qu’ils sont déjà à terre. En plus des emplois perdus lors de la récession économique, on demande aux travailleurs de soutenir le plan de réduction du déficit de Jean Charest. Par ailleurs, le gouvernement a délibérément évité d’augmenter les impôts sur le revenu des riches ou sur les profits des compagnies, ce qui perçu comme étant « nocif ». C’est un budget qui met de façon disproportionnée le fardeau sur la classe travailleuse.Défendons notre salaire social!Le prolétairiat du Québec, en commençant par la révolution tranquille, s’est battu et a gagné  des concessions majeures sur la classe des capitalistes. Les concessions peuvent être considérées comme un complément aux travailleurs en plus des salaires versés par les capitalistes, il s’agit d’un salaire social, pris de la classe capitaliste dans son ensemble. Ceci inclut la gratuité des soins de santé, l’éducation moins coûteuse à travers le système de l’Université du Québec, le collège presque gratuit sous la forme du Cégep, les taux d’hydro-électricité contrôlés et les garderies à 7 $ par jour.Les capitalistes ont regardé  ce salaire social en tant que fardeau pendant très longtemps, mais voulaient éviter un conflit direct avec les masses laborieuses. Ils ont désormais conclu qu’ils ne peuvent plus éviter la confrontation. Le manifeste « Pour un Québec lucide », publié en octobre 2005, était la première indication de ce qu’il allait venir. Le budget du 21 mars 2010 l’a converti en réalité. La bourgeoisie a décidé de s’unir pour donner une leçon aux travailleurs afin qu’ils acceptent les nouvelles conditions : le salaire social sera abaissé. Le gouvernement est déterminé à forcer ces nouvelles mesures. Nous n’avons plus aucun choix; il faut riposter.La journée après l’annonce, le 1er avril, 12 000 personnes, venues de toute la province, sont descendues dans les rues de Montréal. Le slogan principal était « La richesse existe!Prenons-la où elle est!! ». La manifestation était organisée par une coalition contre les augmentations des frais pour les services publics, ce qui inclut des syndicats de travailleurs et étudiants.Le 11 avril, 50 000 personnes, armées de sandwich à la bologne, ont encerclées l’Assemblée Nationale comme manifestation symbolique contre le budget du gouvernement. Et ça vaut la peine de se souvenir que le Front Commun des travailleurs du secteur public a organisé une autre manifestation il y a seulement quelques semaines, dans laquelle il y avait 75 000 participants, et le slogan principal était « Ensemble pour les services publics! »Finalement, le dernier sondage de Léger Marketing-Le Devoir démontre des taux d’insatisfaction du gouvernement grimpant à 77% , plus que ce qu’il était en 2005 au milieu d’une grève étudiante de 244 000 lorsque ce taux oscillait entre 60 et 65% . En fait, ces chiffres sont les plus élevés jamais enregistrés vis à vis un gouvernement québécois, pendant les 30 années de sondage Léger. L’article dans Le Devoir a bien montré la gravité de la situation :Le vice-président de Léger Marketing, Christian Bourque, affirme qu’il n’y a aucune comparaison possible. « On n’a jamais rien vu de tel. Il y a maintenant moins de gens qui se disent satisfaits du gouvernement que de gens prêts à voter pour lui. C’est très rare. Ça veut dire que même les libéraux purs et durs ne sont pas contents », dit-il.La population est clairement en colère. Ceci pourrait se développer en un mouvement contre les tentatives de la part du gouvernement de placer la crise sur nos épaules. Ce dont nous avons de besoin est d’un plan pour se mobiliser à l’encontre des attaques de la classe capitaliste, autour d’un programme qui définit un chemin de sortie pour la majorité de la population.Les dirigeants du Front Commun doivent ajouter le retrait des coupures budgétaires à leur liste de demandes, et ils doivent faire un appel public à la masse de la classe ouvrière. Un tel appel serait un point de ralliement pour la masse de la population, syndiquée ou non. Celui-ci donnerait un soutien inestimable pour les syndicats dans leur lutte pour la défense de leur niveau de vie, car il lierait concrètement la lutte des travailleurs du secteur public avec la lutte contre le budget, et formerait une base pour une lutte unie qui pourrait devenir une force dévastatrice pour le gouvernement.« C’est à leur tour de se serrer la ceinture! »Pendant que les Libéraux mènent l’attaque, le Parti Québécois (PQ) et l’Action démocratique du Québec ont tous les deux appuyé les attaques contre les travailleurs du secteur public et ils ont fait comprendre qu’ils aurait mené les mêmes actions s’ils étaient au pouvoir. Tous les trois partis dominants sont des partis des capitalistes, et le PQ s’est même débarrassé du club syndical au sein du parti, Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre, afin de démontrer sa loyauté envers la bourgeoisie. La lutte en vue de ces attaques n’est pas une lutte contre des patrons individuels, mais plutôt une lutte contre leur classe dans son ensemble, et les partis qui les représentent. Ceci est une lutte politique et, pour cela, il faut notre propre parti politique : un parti de masse de la classe laborieuse afin d’unir notre lutte et la diriger.Québec solidaire (QS) a le potentiel de devenir ce parti, et s’est déjà opposé au budget. Même avant l’annonce du budget, pendant que le gouvernement tenait une consultation publique sur les façons de financer le déficit, QS a tenu une « contre-consultation » et a lancé la campagne de Courage politique. Le slogan principal est « c’est à leur tour de se serrer la ceinture ». Cette approche est la bonne et c’est un bon pas vers l’avant. Mais nous devons aller plus loin.Dans le cadre de cette campagne, QS a proposé une série de hausses d’impôts et de réductions d’exemption de taxes sur les capitalistes, ce qui, d’après le parti, devrait donner au gouvernement 5 milliards de plus. Par contre, on ignore le fait que l’économie resterait encore entre les mains de la bourgeoisie contre qui se programme se dirige. Jean Charest a nommé les 150 compagnies les plus importantes dans l’économie du Québec ; ce sont celles-là qui seront exemptées des hausses des tarifs d’Hydro dans le budget annoncé. Leur taille signifie qu’elles peuvent fermer leurs usines et supprimer des emplois n’importe où au Québec, ce qui aurait un effet dévastateur sur les moyens de subsistance de millions de québécois, si jamais elles trouvent qu’il ne sera plus rentable de fonctionner au Québec. Se sont eux qui doivent payer pour cette crise, mais ils n’accepteront pas et ne se conformeront jamais à un tel programme volontairement.Le capitalisme a échoué et le parti de la classe dirigeante a proposé sa solution à  la crise : l’abolition de la gratuité des soins de santé et des coupures profondes au salaire social. Si le capitalisme ne peut plus nous donner un niveau de vie convenable, notre lutte devrait être contre le capitalisme dans son ensemble. Avec un programme socialiste, QS peut unifier derrière lui les syndicats et la majorité des travailleurs et peut diriger le combat contre la bourgeoisie. Nous avons besoin d’une solution socialiste à la crise. Au lieu de la destruction de notre salaire social, nationalisons les 150 plus grosses banques et compagnies sous le contrôle démocratique des travailleurs! La richesse existe!Prenons-la où elle est!!