Crédit : Fadi Haidar, Facebook

Après un lock-out de six semaines qui a débuté le 20 février, un peu plus de la moitié des membres de la section locale 325 du Canadian Union of Brewery and General Workers ont voté en faveur de la ratification d’un nouveau contrat avec l’entreprise Molson.

L’accord a été approuvé samedi et dimanche derniers, avec un vote serré de 149 (56%) votant pour accepter le contrat et 117 (44%) votant pour la rejeter.

Malheureusement, la nouvelle convention collective fait des concessions à la direction de Molson sur la majorité de ses demandes. La direction syndicale a donné à l’employeur ce qu’il voulait en acceptant une clause de disparité de traitement, qui réduira le niveau de vie des nouveaux travailleurs. La nouvelle convention fera également passer les employés à un régime de retraite à cotisations déterminées qui, contrairement à un régime à prestations déterminées, met les fonds de pension des employés à la merci du marché. Les régimes à cotisations déterminées s’inscrivent dans une tendance croissante chez les patrons qui s’en servent pour réduire leurs obligations envers leur main-d’œuvre et transférer les risques sur le dos de leurs employés. L’entente a également donné à Molson ce qu’elle voulait avec un nouveau système d’horaire « continental » qui pourrait voir certains employés travailler 12 heures par quart.

Pendant des semaines, les travailleurs sur les piquets de grève de la brasserie d’Etobicoke avaient expliqué que ces concessions ruineraient leur vie. Ce sont-là les principaux enjeux pour lesquels ils se sont farouchement battus tout au long du lock-out. Malheureusement, cette convention a été recommandée par l’exécutif de la section locale 325, mais nous croyons que ce nivellement vers le bas n’était pas nécessaire.

Cette défaite n’était pas nécessaire

Les travailleurs avaient rigoureusement tenu les piquets de grève pendant six semaines, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Le mouvement de solidarité grandissait et de nombreux travailleurs souhaitaient répandre la solidarité sur leur lieu de travail et au-delà, comme nous l’avons vu avec les visites de solidarité de dizaines de syndicats.

Ce nouvel accord a suscité la frustration et la colère de plusieurs travailleurs.

Un travailleur demandant à garder l’anonymat a envoyé un message privé à un militant de La Riposte syndicale :

« J’ai voté contre. J’ai l’impression que les employés du premier niveau ont eu plus de temps pour leurs pensions et que le reste d’entre nous vient de perdre six semaines de salaire pour rien. Je suis découragé et je n’ai pas hâte de retourner travailler mardi en particulier avec ce nouveau reconfinement et les variants de la COVID. »

D’autres travailleurs du groupe Facebook Molson Lockout Solidarity : Victory to CUBGW Local 325!, qui compte 670 syndiqués, ont fait connaître leur indignation. Un travailleur a publié une capture d’écran de son vote d’opposition au scrutin sur l’entente de principe. « Strong No » (« Non catégorique »), a-t-il commenté.

Le vote serré montre que la majorité s’est soit opposée à l’accord, ou a simplement eu du mal à s’opposer à son propre leadership. Avec 44% des travailleurs qui s’opposent au recul de l’équipe de négociation, cela équivaut à une opposition importante aux concessions de la direction. Mais une grande partie des 56% qui ont voté pour la nouvelle entente n’ont voté que parce qu’ils ont suivi l’autorité des dirigeants et en sont venus à la conclusion que si les dirigeants pensent que c’était la meilleure entente, il n’y a aucun espoir de gagner mieux. La direction syndicale a nécessairement une certaine autorité, et une légère majorité des travailleurs, bien qu’ils se soient farouchement opposés aux demandes de reculs de la direction de Molson pendant six semaines, ont fait confiance à leur direction syndicale pour prendre la bonne décision en fin de compte. Nous pouvons dire avec assurance qu’il s’agit d’une décision décevante qui a mené à une défaite claire.

La Riposte syndicale a soutenu les membres de la section locale 325 au cours des six dernières semaines. Nous avons organisé plusieurs visites aux piquets de grève et mené une campagne de solidarité, notamment en faisant la promotion d’un événement public qui a réuni 100 personnes sur Zoom et un auditoire de 900 personnes pour la diffusion directe sur Facebook. Nous avons été inspirés par les sacrifices des membres de la section locale 325 qui ont bravé le froid et la pandémie pour se défendre eux-mêmes, leurs familles et les autres travailleurs, comme nous l’avons signalé tout au long de la campagne.

La Riposte syndicale s’engage à soutenir les travailleurs en lutte chaque fois qu’ils se soulèvent et ripostent. Nous devons nous battre pour un syndicalisme démocratique, de combat et fondé sur la lutte des classes ainsi que pour une solidarité grandissante, afin que la classe ouvrière puisse gagner et ne plus subir des cuisantes défaites comme celle à laquelle nous venons d’assister. 

Si vous voulez mettre fin à la série de défaites que subit la classe ouvrière, rejoignez-nous dans notre lutte. Écrivez-nous pour vous impliquer : lariposte@marxiste.qc.ca