Déclaration du PCR sur la répression de quatre de ses militants à l’UQAM : une attaque grave contre le mouvement étudiant

Le jeudi 9 octobre dernier, quatre membres du PCR étudiant à l’UQAM ont reçu une lettre de convocation devant le comité disciplinaire de l’université. Ils sont accusés d’avoir posé des affiches, distribué des tracts et vendu le journal sans l’autorisation de l’administration. Scandaleusement, l’université les menace notamment de suspension et d’expulsion! C’est une attaque flagrante contre la liberté d’expression.
  • La rédaction
  • mer. 15 oct. 2025
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Le jeudi 9 octobre, quatre étudiants de l’UQAM, Olivier, Philippe-Aubert, Samuel et Vanessa, militants du Parti communiste révolutionnaire (PCR), ont reçu une lettre de convocation devant le comité disciplinaire de l’université. Ils sont accusés d’avoir posé des affiches et distribué du matériel politique sans l’autorisation de l’administration, en particulier durant la période lors de laquelle ils mobilisaient en faveur d’une grève contre le génocide en Palestine. Pour ce « crime », ils sont passibles de suspension et d’expulsion.

Tout ceci s’inscrit dans une vague de répression sur le campus. Les étudiants comparaîtront le 24 octobre. Nous appelons tous nos sympathisants et tous ceux qui tiennent à la liberté d’expression à écrire à l’administration pour demander le retrait immédiat des accusations, et à nous rejoindre pour un rassemblement contre la répression à l’UQAM, le 24 octobre à 9h à l’UQAM (local confirmé prochainement).

Une attaque politique

Les militants du PCR sont actifs à l’UQAM depuis plus de 10 ans, mais l’administration a intensifié ses attaques contre nous en octobre 2023, à partir du moment où nous avons commencé à nous organiser plus spécifiquement en solidarité avec la Palestine. À partir de cette période, à chaque fois que nous nous installions à une table, dans un local vide ou même dans le corridor pour parler à d’autres étudiants, des gardiens de sécurité étaient envoyés pour nous intimider – parfois une dizaine ou plus.

L’UQAM « permet » l’organisation politique sur le campus en accordant le statut de « groupe étudiant officiel », qui permet la location de locaux et de kiosques. Malgré nos demandes répétées au fil des ans, l’administration nous a toujours refusé ce statut. Elle nous a plutôt suggéré de nous organiser au sein des associations étudiantes, ce que nous avons fait, pour ensuite annuler unilatéralement toutes les autorisations que nous avons obtenues avec des associations étudiantes! Il faut en conclure qu’il est interdit pour nous militants communistes de nous organiser. 

Cette atteinte scandaleuse à nos droits démocratiques de base est en contradiction directe avec la Charte des droits et responsabilités des étudiantes et des étudiants de l’UQAM, qui protège le droit à la liberté d’expression et d’association « sans distinction, exclusion ou préférence fondée, entre autres, sur […] les convictions politiques ».

Nous demandons à l’administration de l’UQAM de retirer immédiatement l’avis d’infraction et la convocation devant le comité disciplinaire des quatre étudiants.

Lettre de convocation devant le comité disciplinaire de l’UQAM, reçue par l’un de nos camarades.

Vague répressive

Plus largement, interdire toute mobilisation qui n’est pas au préalable « autorisée » par l’administration constitue un dangereux précédent pour l’ensemble du mouvement étudiant, et même du mouvement syndical sur le campus.

Les mesures de répression auxquelles font face nos militants s’inscrivent d’ailleurs dans une tentative plus large de la direction de l’UQAM de détruire les traditions combatives et radicales de l’Université. Pour ne donner que quelques exemples :

  • Après les grèves de 2015, de nombreux militants ont reçu des mesures disciplinaires sévères, incluant l’expulsion, pour avoir organisé une occupation de l’université contre l’austérité;
  • Depuis 2019, l’UQAM restreint systématiquement l’accès aux listes de cours aux associations étudiantes, ce qui limite leurs capacités de mobilisation et les empêche de faire respecter les grèves votées en assemblée générale;
  • Après la grève des stages en éducation de 2022, l’UQAM a tenté de forcer les grévistes à recommencer leur stage. Ce n’est qu’après la menace d’une grève de l’ensemble des étudiants que l’administration a été forcée de reculer; 
  • Également en 2022, les associations étudiantes de l’AFESH, de l’AFESPED et de l’AFÉA ont été évincées de leurs locaux dans le pavillon J. Cet emplacement visible et accessible, qui facilitait le partage d’informations et l’organisation d’événements, était devenu le centre névralgique du mouvement étudiant sur le campus, voire même à travers la province. C’était une attaque ciblée de l’administration sur le militantisme étudiant.  

Tout ceci s’est aussi accompagnée d’une augmentation vertigineuse du budget de sécurité et de surveillance : entre 2016 et 2025, l’UQAM a trouvé 73,2 millions de dollars supplémentaires à dépenser en agence privée de « sécurité » – une large partie de ce budget étant d’ailleurs gobé par les actionnaires de ces agences. Alors que près d’un étudiant sur deux peine à se nourrir au Québec, l’UQAM préfère investir dans la répression que dans l’aide aux étudiants. Pendant ce temps également, les conditions de travail des employés de l’université se dégradent, comme en témoigne la lutte récente des travailleurs du SÉTUE.

Ce qui se passe à l’UQAM s’inscrit également dans une escalade de la répression des mouvements contestataires plus largement. Dans les universités canadiennes, l’épisode des campements pro-Palestine au printemps 2024 a été sévèrement réprimé, notamment à McGill, mais aussi en Alberta où des militants ont été sauvagement battus par la police. En septembre 2025 seulement, d’autres étudiants communistes ont été menacés de suspension et d’expulsion à Calgary et au Cape Breton pour avoir posé des affiches et distribué des tracts et un journal. 

L’hypocrite Stéphane Pallage, le recteur de l’UQAM, signait en mars dernier une lettre en défense de la liberté académique dans laquelle il soulignait que le Québec est un « lieu unique » pour la « libre pensée ». On voit au contraire que l’UQAM n’est pas une exception. Pour ces institutions attachées par mille et un fils au statu quo capitaliste, il y a des limites à la liberté d’exprimer des idées révolutionnaires et radicales.

Ripostons!

Nous ne sommes pas les premiers à être attaqués de la sorte – ni les derniers. Si aujourd’hui la direction réprime des militants communistes, demain elle s’attaquera à nouveau aux associations étudiantes, aux syndicats et à d’autres groupes politiques ou militants œuvrant dans l’UQAM. Il faut dès maintenant nous mobiliser contre cette répression croissante et défendre nos droits démocratiques.

Nous en appelons aux associations étudiantes de l’UQAM, ainsi qu’aux syndicats sur le campus, de dénoncer cet acte de répression et de prendre action contre la vague répressive sur le campus.

Nous invitons aussi la communauté uqamienne, étudiants et travailleurs, à :

  • Envoyer un courriel à la direction de l’UQAM lui demandant le retrait immédiat des mesures disciplinaires contre les quatre étudiants. Voir le modèle de courriel ci-dessous.
  • Signer la pétition demandant le retrait immédiat des mesures disciplinaires contre les quatre étudiants.
  • Venir manifester votre soutien aux quatre étudiants en allant au rassemblement du 24 octobre devant les bureaux du comité disciplinaire (détails à venir).

Une attaque contre un est une attaque contre tous!
Pour une UQAM combative!
Palestine libre!


Sujet du courriel : Atteinte à la liberté d’expression de quatre étudiants de l’UQAM

Envoyer à : sg@uqam.ca; drouin.marylene@uqam.ca; fandrich.marie-helene@uqam.ca; vradho@uqam.ca; landry.guylaine@uqam.ca; sps.info@uqam.ca; larocque.normand@uqam.ca; rectorat@uqam.ca; srve@uqam.ca; bae.sve@uqam.ca

Cc : turbide.olivier@courrier.uqam.ca 

Mesdames, messieurs,

J’ai été outré d’apprendre que l’UQAM a convoqué devant un comité disciplinaire quatre étudiants (Samuel Bourque Blanchette, Vanessa Cormier, Philippe-Aubert Couillard Gerbeau et Olivier Turbide) pour avoir posé des affiches et distribué du matériel politique, en particulier lorsqu’ils s’organisaient pour une grève étudiante contre le génocide palestinien. Il est scandaleux qu’ils soient menacés de suspension et d’expulsion.

Ces étudiants et leur organisation (Parti communiste révolutionnaire) ont essayé à plusieurs reprises de passer par les canaux officiels pour mener leur mobilisation, mais l’Université est intervenue à chaque occasion pour les en empêcher. D’ailleurs, l’Université tolérait les activités de ces militants jusqu’en 2024, au moment où ils ont commencé à mobiliser pour une grève pour la Palestine.

Cet avis d’infraction est une attaque politique contre les organisations de gauche et contre le mouvement pro-palestinien, et une violation de la liberté d’expression et d’association, pourtant garanties par la Charte des droits et responsabilités des étudiantes et étudiants de l’UQAM.

Avec d’autres citoyens concernés à travers le pays, je vais m’assurer que l’administration universitaire, les associations étudiantes et chaque personne sur le campus soient informés de cette situation. Je demande que l’avis d’infraction et la convocation au comité de discipline soient retirés immédiatement.

[VOTRE NOM]