La deuxième vague de COVID-19 bat son plein au Québec, avec des milliers de nouveaux cas jour après jour. Le gouvernement de la CAQ semble complètement impuissant.

Mais il n’a pas dit son dernier mot! Il a décidé de prendre les grands moyens. François Legault part en guerre contre… les partys de Noël. 

C’est que, voyez-vous, le problème nous vient de méchants individus qui ne font pas attention. Donc, pas de Noël en zone rouge, nous a confirmé Legault le Grincheux. 

Les idiots utiles

« Ça va faire », a affirmé pôpa Legault en conférence de presse la semaine dernière, blâmant la montée des cas sur « cette petite minorité qui ne respecte pas les règles ».

Question d’être sûr que le message passe, le gouvernement a envoyé un texto aux Québécois le 9 décembre expliquant que la présence policière serait accrue pour distribuer des amendes pouvant atteindre 6000 dollars.

Crédit : Cult MTL

Il faut dire que Legault reçoit un bon coup de pouce des militants anti-masque, qui se vantent de défier les règles sanitaires. Ils se font les idiots utiles de la CAQ. Un bouc émissaire idéal pour détourner l’attention de son horrible gestion de la pandémie, et justifier les mesures policières.

La faute aux patrons

Mais les faits parlent d’eux-mêmes. La deuxième vague est due d’abord aux conditions sanitaires déficientes sur les milieux de travail, d’où proviennent la majorité des infections avec 37% des éclosions actives. 

Les chantiers de construction constituent un exemple particulièrement marquant de négligence en matière de mesures sanitaires. Lors d’un blitz d’inspections lancé à la mi-octobre, la CNEEST y a remis plus de 1000 avis de corrections, sur une période d’un mois seulement.

C’est simple, les boss ne veulent pas payer pour des mesures sanitaires adéquates. Et Legault n’est pas pressé de les forcer. 

Vrai, Legault a dit que les individus et les entreprises qui ne respectent pas les règles seraient punis. Mais ici aussi, les faits parlent d’eux-mêmes. Du 1er avril au 30 septembre, 3756 constats d’infraction liés à la santé publique ont été distribués. Dix-huit seulement visaient des entreprises!

Ainsi, alors que Legault envoie les flics distribuer des amendes salées aux familles ouvrières, il laisse les patrons tranquilles pendant que le virus se promène librement dans les milieux de travail.

Un peu comme si les joueurs des Canadiens de Montréal, face aux Capitals de Washington, avec le grand Ovechkin tout seul dans la slot, passaient tout leur temps à couvrir Lars Eller. On peut imaginer que le CH ne ferait pas les séries avec cette stratégie! 

Coach Legault veut nous faire croire que la deuxième vague est une affaire de responsabilité individuelle. Mais les milieux de travail non sécuritaires peuvent rester ouverts en toute impunité. C’est parce que les profits privés passent avant la santé.

Note parfaite

Avec l’année qui s’achève, l’heure est au bilan pour Legault. Il a affirmé, sans rire, n’avoir fait aucune erreur pendant la pandémie!

Nous avons déjà couvert ailleurs la négligence criminelle de la CAQ. Pas besoin de revenir en détail sur son plan de réouverture des écoles à deux cennes, ou sur le manque criant d’investissement en santé. Ce n’est pas pour rien qu’après les milieux de travail, la deuxième place pour les éclosions va aux écoles, et la troisième aux lieux de soins. 

Mais chaque semaine apporte d’autres exemples d’incompétence. On apprenait début décembre que 1,2 million de tests rapides avaient été envoyés par Ottawa, mais que la CAQ ne faisait rien pour les utiliser!

Conspiration du silence

Avec Legault comme juge de sa propre performance, on devait bien s’attendre à un 100%. 

Mais il faut dire que Legault a eu de l’aide de ses amis des médias. Il avait de bons mots pour eux récemment :

« Il y en a qui trouvaient que vous étiez durs avec moi. Moi, je veux vous dire que je ne trouve pas que vous êtes durs avec moi […]. Mais je veux sincèrement vous dire merci […]. » 

Ces remerciements sont mérités. Les médias n’ont pratiquement jamais remis en question la gestion de la pandémie. Il n’y en a même pas un qui est foutu de demander dans quelles entreprises ont lieu les éclosions! Les entreprises continuent à faire des profits en mettant en danger leurs employés, et on ne sait même pas de qui il s’agit. 

Un employé de la Montreal Gazette nous a confié que le journal a choisi délibérément de ne pas couvrir les éclosions, pour ne pas nuire à l’économie ou faire fermer des écoles. Cette conspiration du silence tue. Et les médias sont complices.

Les travailleurs peuvent stopper la vague

En attendant la vaccination, le gouvernement et les médias nous laissent dans le noir. Legault s’apprête maintenant à annoncer la fermeture de milieux de travail non essentiels… à partir du 25 décembre. Le virus lui aussi aura le droit à des vacances! 

Les semaines passent sans que Legault n’offre de vraie solution à la deuxième vague. Mais où est la voix des travailleurs?

Les directions syndicales semblent vouloir éviter un conflit avec la CAQ. Mais avec un gouvernement qui alterne entre incompétence et inaction, il est temps de passer à l’offensive avec des demandes claires pour régler la crise.

Les syndicats doivent exiger que les informations sur tous les milieux de travail non essentiels infectés soient rendues publiques immédiatement et ceux-ci doivent être fermés, sans aucune perte salariale, jusqu’à ce qu’ils soient redevenus sécuritaires. Les travailleurs doivent avoir le dernier mot sur leur milieu de travail, utiliser leur droit de refus au besoin, et ne travailler que s’ils sont convaincus d’être en sécurité. Nous devons exiger un dépistage de masse dans les milieux de travail. 

Aucune dépense pour y arriver n’est de trop, et les syndicats doivent exiger que l’argent soit pris dans les poches des patrons pour payer pour des mesures sanitaires adéquates. 

Les patrons, leur gouvernement et leurs médias nous ont abandonnés. Seule la classe ouvrière organisée peut mettre fin au cauchemar.