Guerre syndicale intestine au sommet de l’OFL : reflet d’une pourriture plus profonde

Au lieu de préparer la riposte face aux attaques économiques et aux fermetures d’usines, le dernier congrès de la Fédération du travail de l’Ontario a sombré dans une guerre intestine bureaucratique, exposant une direction déconnectée des réalités de la classe ouvrière.
  • Donovan Ritch
  • dim. 21 déc. 2025
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Congrès de l’OFL du 17 au 21 novembre à Toronto. Photo : UFCW Canada/Facebook

La Fédération du travail de l’Ontario (OFL), qui représente plus d’un million de travailleurs, a tenu un congrès la semaine du 17 au 21 novembre à Toronto. Alors que l’économie frappe durement les emplois syndiqués, cela ne pouvait pas mieux tomber.

Les dirigeants de la fédération, cependant, semblent vivre dans un monde différent de celui des travailleurs qu’ils représentent. Au lieu d’utiliser le congrès pour discuter de comment confronter les grands défis auxquels font face les travailleurs, il est plutôt devenu le théâtre d’une guerre intestine bureaucratique gênante.

Scandaleusement, cette guerre a été menée par des dirigeants de la soi-disant « aile gauche », en utilisant bon nombre des méthodes classiques de la droite! Des dirigeants tels que le président du SCFP-Ontario Fred Hahn, le président du SEFPO (Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario) JP Hornick et la présidente sortante de l’OFL Laura Walton ont ensemble mené une campagne de calomnie contre le secrétaire-trésorier sortant Ahmad Gaied, l’accusant d’avoir « failli à son devoir de protéger les finances de la fédération ». En réponse, un texte diffamatoire contre Walton allègue qu’elle aurait créé un « environnement de travail toxique, hostile » au siège social de l’OFL.

Pire encore, il ne semble pas y avoir de différences politiques entre Walton et Gaied. Tous deux se présentent avec un programme quasi identique de « lutter contre la droite », ce qui ne les engage pratiquement à rien.

Le congrès de l’OFL aurait dû être le tremplin d’une vaste campagne contre les fermetures d’usines, les attaques contre les services publics et pour le droit de grève dans la province. Il aurait été possible de tisser un lien avec des luttes similaires dans d’autres provinces, et dans les milieux de travail de juridiction fédérale affectés par le programme d’austérité de Mark Carney. De plus, l’OFL aurait pu tendre la main aux travailleurs des États-Unis et du Mexique, les invitant à lutter conjointement à l’échelle du continent contre la guerre commerciale capitaliste et ses effets destructeurs sur les conditions de vie des travailleurs.

Aux travailleurs du secteur privé qui font face à la réalité imminente des fermetures d’usines, Walton, Gaied et les autres dirigeants de l’OFL auraient dû présenter un plan pour organiser l’occupation des usines menacées de fermeture et pour revendiquer que le gouvernement nationalise ces usines sous le contrôle démocratique des travailleurs.

Pour défendre les droits syndicaux, Walton et Gaied auraient dû proposer le lancement d’un front commun des travailleurs des secteurs public et privé, dans le but de construire un mouvement vers une grève générale. Gaied évoque cela dans plusieurs billets de blogue sur son site de campagne, et suggère même de cibler le 1er mai 2028 comme date de grève générale. Et pourtant, il n’en a fait aucune mention dans sa plateforme électorale et cela n’a pas été discuté au congrès de l’OFL.

Interrogé à ce sujet, Gaied a déclaré qu’il n’avait pas l’autorité de « dicter cela à ses affiliés ». Mais n’est-ce pas à cela que sert un congrès? Et si vous croyez vraiment que c’est la voie à suivre, pourquoi ne pas prendre quelques risques et le proposer? Cela démontre une réticence complète à bousculer le statu quo.

En conséquence, une occasion immense a été manquée. Mais cette situation ne durera pas éternellement. Au fur et à mesure que les travailleurs se mobiliseront pour riposter, ils écarteront les dirigeants incompétents et mettront de l’avant des dirigeants plus sincères et dévoués issus de leurs rangs – des personnes prêtes à faire ce qu’il faut pour mener le combat vers un monde meilleur.