La culture montréalaise contre le régime de la grande propriété foncière

« Le problème, ce sont les propriétaires parasites qui agissent en tandem avec les bureaucrates de la ville pour s’introduire de force dans les quartiers « branchés », les transformant en leur contraire. »

  • May S., Montréal
  • mer. 23 avr. 2025
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Dans la dernière attaque des propriétaires contre la culture montréalaise, le populaire bar lesbien Champs a été contraint de fermer ses portes pendant cinq jours. Il s’agit d’une punition pour avoir autorisé des événements dansants alors qu’il n’avait pas le permis approprié. Au cours des derniers mois, Champs a fait l’objet d’un harcèlement répété de la part du propriétaire sous la forme de plaintes pour nuisances sonores.

Champs n’est que la dernière victime en date d’une série d’attaques de propriétaires contre des lieux de spectacle. L’automne dernier, la salle de spectacle centenaire La Tulipe a dû fermer ses portes à la suite de plaintes pour nuisances sonores. Ce cas est particulièrement grave en raison des antécédents douteux du propriétaire qui a déposé les plaintes. Le bâtiment voisin était censé être zoné pour un usage commercial, mais le propriétaire a réussi à le transformer en espace résidentiel grâce à ce que la ville appelle une « erreur administrative ».

J’ai demandé au propriétaire du Turbo Haus, Sergio de Silva, quelle était son expérience en matière de plaintes pour nuisances sonores. Les amendes et les mesures d’insonorisation sont extrêmement coûteuses pour des lieux de spectacle déjà en situation économique précaire. Il a averti que « si l’on perd trop de salles à Montréal, les gens cesseront de venir au Canada. Un point c’est tout ».

Le scandale de La Tulipe a contraint les autorités municipales à modifier légèrement les règlements en matière de bruit. Mais ces petites concessions ne résoudront pas le problème. Le problème, ce sont les propriétaires parasites qui agissent en tandem avec les bureaucrates de la ville pour s’introduire de force dans les quartiers « branchés », les transformant en leur contraire. Ils ne se soucient pas de ces quartiers : pour eux, l’immobilier n’est qu’un jeu spéculatif lucratif.