L’ancienne vice-présidente de la FIQ, Shirley Dorismond, vient d’annoncer sa candidature pour la CAQ, le parti du patronat, dans les élections partielles de Marie-Victorin. On avait donc une traître de classe dans la direction de notre syndicat.

Relations publiques

La candidature de Shirley Dorismond est un coup de relations publiques pour François Legault. Celui-ci a vu ses appuis descendre drastiquement au cours des dernières semaines en raison de sa gestion catastrophique de la cinquième vague. Alors que le réseau de la santé s’enfonce encore davantage dans la crise et que les travailleuses de la santé se sentent abandonnées, la CAQ souhaite visiblement redorer son image auprès des infirmières. 

Après avoir passé les dernières années à critiquer la CAQ pour sa gestion désastreuse du réseau de la santé, Dorismond défend maintenant de façon complètement opportuniste le bilan de ce même gouvernement. 

Pour les travailleuses qu’elle représentait, se faire cracher au visage aurait été moins offensant!

Ce n’est pas surprenant avec de telles leaders à la direction de la FIQ que les professionnelles en soins se soient fait vendre une entente de principe bidon aux dernières négociations.

L’exécutif sur lequel siégeait Dorismond a capitulé sur ses demandes d’augmentation salariales de 21% pour accepter une offre ridicule de 2% par année sur trois ans, donc inférieure à l’inflation. L’exécutif syndical a tout fait pour faire accepter cette entente qui n’a malgré tout obtenu que 54% de soutien par les membres. 

Depuis la signature de l’entente, sans surprise, aucun des problèmes fondamentaux n’ont été réglés. Le temps supplémentaire obligatoire est de pire en pire. Les conditions de travail sont plus qu’insupportables. Le délestage a atteint des niveaux jusqu’alors jamais vus. La violence organisationnelle fait toujours des ravages sur la santé mentale des employés. Conséquemment, les infirmières continuent de quitter le réseau. Les fausses solutions de la CAQ, par exemple avec la prime de 15 000 dollars, ont échoué comme nous l’avions prédit lors de leur annonce.

D’ailleurs, Dorismond l’avait elle-même dénoncé il y a à peine trois mois avant de trahir les membres et de changer son fusil d’épaule pour prendre le parti de l’oppresseur. Elle dénonçait par ailleurs le racisme systémique par le passé, et se présente maintenant pour le parti qui évite ce terme comme la peste pour ne pas déplaire aux racistes. Comme quoi l’opportunisme de certains leaders syndicaux n’a pas de limite.

Comment s’est-on retrouvés dans cette situation?

La trahison de Dorismond confirme ce que beaucoup soupçonnaient : on a des conservateurs déguisés au sommet de nos syndicats. Ce phénomène n’est pas isolé au syndicalisme infirmier, mais fait partie d’un problème dans tout le mouvement syndical.

Depuis les années 80, suite à une série de défaites du mouvement syndical, la démoralisation s’est installée. Avec la fin de l’URSS, il semblait que le capitalisme avait triomphé, et une offensive idéologique a été menée contre le socialisme et tout ce qui parlait même vaguement de lutte de classe. Nos dirigeants syndicaux en sont venus à accepter les limites du capitalisme, et donc à ne pas demander plus que les miettes que les patrons sont prêts à nous offrir. 

Ce syndicalisme « corporatiste » ne cherche plus à faire des gains pour les travailleurs par l’instauration d’un rapport de force, mais cherche le compromis et la bonne entente avec le patronat. La couche de dirigeants syndicaux issue de cette tendance a souvent plus en commun avec les patrons qu’avec ceux et celles qu’elle est censée représenter. 

Mais il n’y a pas d’entente possible avec les patrons, qui ont des intérêts fondamentalement opposés à ceux des travailleurs. Les patrons en ont simplement profité pour manger la laine sur le dos des travailleurs. Pas étonnant alors que nos conditions de vie et de travail reculent sans cesse depuis 30 ans.  

Dans le réseau, cela fait des années que les sit-ins d’infirmières surgissent de partout. Notre direction syndicale n’a toutefois jamais pris la peine de coordonner ces efforts ni de mobiliser ses membres. Pas surprenant que nos conditions et nos salaires ne cessent de se détériorer!

Tout le monde dans le réseau est à bout et ressent une colère contre la situation actuelle, mais nos dirigeants font obstacle à une véritable lutte. 

L’annonce de la candidate Shirley Dorismond doit servir de seau d’eau au visage pour tous les travailleurs et travailleuses. Tout le mouvement syndical doit se réveiller et sortir ces syndicalistes pro-patronat de nos syndicats.

Il nous faut une direction syndicale combative qui va défendre les intérêts des travailleurs et des travailleuses avec les moyens de la lutte de classe.