Le budget déposé par le PQ ne fut pas seulement un recul par rapport aux promesses, il représente la plus basse augmentation des dépenses sociales depuis 14 ans, ce qui coïncide alors avec la gouvernance du PQ. C’est en continuation à ces politiques capitalistes que le 13 décembre dernier, Pauline Marois visita New-York où elle parla à approximativement 300 gens d’affaires qui payèrent 150$ chacun pour assister à cette réunion. Le but de cette conférence corporative était d’attirer leurs investissements dans la Province. Elle souligna particulièrement l’intérêt qui s’offrait à eux de ne pas payer de taxes pour les 10 premières années suivant un investissement de 300 millions de dollars dans la belle Province. En d’autres mots, cela signifie le droit de s’enrichir sans ne rien payer. En fin, elle les a rassuré en leur disant qu’ils n’avaient pas à s’inquiéter de la souveraineté. Il n’est pas surprenant pour les politiciens qui basent leurs politiques sur le système capitaliste de solliciter des capitaux étrangers, surtout aux États-Unis.

D’ailleurs, à l’heure actuelle les échanges commerciaux entre le Québec et l’État de New York dépassent 8 milliards de dollars. Les États-Unis absorbent rien de moins que 70 % des exportations internationales du Québec.

Le caractère bourgeois du PQ ne se présente pas seulement dans le dernier budget qui fut déposé et les tentatives d’amener davantage de capitaux étrangers dans la Province. Il est ancré au sein du parti depuis sa fondation et s’est manifesté à chaque période qu’il fut porté au pouvoir, alors qu’il faisait la pluie et le beau temps du patronat québécois. De Lévesque, qui imposa des lois spéciales contre les travailleurs, à Bouchard qui mis la hache dans les programmes sociaux, malgré ses fausses apparences de gauche qui lui a permis de s’allier les syndicats à maintes reprises, le PQ s’en est toujours pris à la classe ouvrière.

Quelle perspective pour Québec solidaire?

Maintenant que l’agenda d’austérité du Parti Québécois est démasqué, les opportunités pour Québec solidaire de se présenter comme un véritable changement pour les travailleurs et la jeunesse sont bien réelles. Fonder en tant que parti de la rue, Québec solidaire possède vraiment ce potentiel. Nous avons aussi vu les grands avancés du parti, à la suite du doublage des intentions de vote à son égard et l’élection de son deuxième député. Par ailleurs, pendant le mouvement étudiant, le parti a gagné 6000 nouveaux membres, évidemment des étudiants de plus en plus politisés qui cherchent une sortie des politiques pro-capitalistes qui menaces nos conditions de vie. Comme activistes et membres du parti, nous devons nous questionner à savoir : qu’elle  est la meilleure façon de lutter contre l’austérité et comment pouvons-nous amener les intérêts des opprimés au Parlement?

 

 

Malheureusement pour les dirigeants de Québec solidaire les priorités principales ne semblent pas être de combattre les politiques d’austérité. Un peu plus d’une semaine après la présentation du budget qui est clairement une continué de l’austérité du parti libéral, Québec solidaire s’est réuni pour son conseil national. La principale question politique à laquelle était consacrée cette fin de semaine fut la possibilité d’alliance avec les autres forces souverainistes et non la meilleure méthode de combattre l’austérité. Alors qu’Amir Khadir a déclaré qu’ «[i]l est impensable qu’il y ait un rapprochement organisationnel ou alliance politique [avec le PQ]», Québec solidaire a tout de même laissé la porte ouverte à une alliance électorale. Ce n’est certainement pas en faisant des alliances électorales avec le PQ, que Québec solidaire combattra les mesures d’austérité appliquée par celui-ci.

Même s’il est juste question de discuter d’une alliance électorale, le moment est le pire pour se rapprocher du PQ qui montre plus que jamais son asservissement aux patronats. Le gouvernement péquiste poursuit clairement une politique de compression budgétaire et sera puni par la population. Est-ce donc le moment de s’associer avec ce parti? En tant qu’étudiants ou travailleurs qui maintenant voient la vraie nature du PQ, c’est-à-dire un autre parti de l’establishment et du patronat francophone, nous devrions nous demander «comment pouvons-nous le distancer et non comment faire des alliance avec ce dernier.»

D’autre part, le débat tourna également autours d’un éventuellement rapprochement avec la nouveau parti souverainiste, Option nationale. Le parti fondé par Jean-Martin Aussant, ancien péquiste qui quitta le PQ parce qu’il ne parlait pas suffisamment de souveraineté, place la question nationale comme point central de tout programme politique. Comme Raphaëlle Élément, militante d’Option nationale, l’explique dans une lettre au Devoir, il semble que la souveraineté soit inconditionnellement bonne pour les travailleurs et la jeunesse :

«L’indépendance n’est ni à gauche, ni à droite, mais en avant!», comme le disent plusieurs. La liberté dans toute sa simplicité et sa grandeur constitue un enjeu en elle-même. Un enjeu central. De là partent tous les rêves, toutes les idées, toutes les politiques… Imposer un sens à la liberté revient à biaiser le processus d’émancipation.»

Mais, la liberté pour qui? À qui cette émancipation est-elle destinée? Qu’est-ce que l’émancipation qui garantie le droit des capitalistes de s’enrichir sans payer rien? Tous les faits montrent que la classe ouvrière a marre de ces débats entre fédéralistes et souverainistes. La seule manière d’émanciper les travailleurs québécois se trouve au sein d’un programme socialiste et mettre la question de l’indépendance en premier ne fait que nous dévier de notre véritable but. Lorsque le contexte social actuel implique une lutte contre les politiques bourgeoises qui accablent les travailleurs, des pourparlers pour une éventuelle alliance avec Option nationale est une aberration. Évidemment, de telles discussions sont une tentative pour faire plus de place à la question nationale dans le programme de QS.

Cela ne veut pas dire pour autant que nous rejetons toutes alliances de Québec solidaire avec d’autres organisations. Au contraire, les alliances peuvent définitivement être bénéfiques pour la consolidation du mouvement ouvrier, dans la mesure où elles font front commun et placent toujours à l’avant-plan les intérêts des travailleurs. Selon ces principes, ce devrait être avec les organisations traditionnelles des masses, c’est-à-dire le Nouveau parti démocratique et les différentes centrales syndicales, que se déroulent des discussions sur d’éventuelles alliances où stratégies de lutte coordonnée. En adoptant des positions ouvrières claires et condamnant fermement les mesures d’austérité, le mieux serait à prévoir pour Québec solidaire.

La trahison du PQ, en ce qui a traits à ses promesses formulées, n’est pas d’ordre moral mais est plutôt une nécessité imposée par les contradictions du système capitaliste actuel. Ainsi, Québec solidaire pour contrer ces mesures d’austérités qui frappent tous les pays, doit lutter pour un programme socialiste concret pour répondre aux aspirations des travailleurs. Les possibilités sont grandes, on doit juste prendre le taureau par les cornes et travailler à la création d’un parti unissant toutes les forces qui luttent pour les intérêts des travailleurs contre les partis des patrons, fédéraliste ou souverainiste.