Une « récession des jeunes »

Le chômage massif, l’endettement étudiant et le coût exorbitant de la vie plongent la jeunesse canadienne dans une impasse. Cette « récession des jeunes » révèle l’échec du capitalisme à offrir un avenir aux nouvelles générations.

  • Emyleigh Simoes
  • ven. 5 sept. 2025
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Le Canada fait face à ce que les économistes appellent une « récession des jeunes » alors que le chômage chez les jeunes atteint un niveau jamais vu depuis le milieu des années 90. Cette situation est aggravée par la flambée du coût de la vie. L’avenir que le capitalisme offre aux jeunes est sombre.

Le taux de chômage chez les jeunes s’élève maintenant à 14,2%, contre 10,8% avant la pandémie. Pour les étudiants qui dépendent des emplois saisonniers estivaux, le chômage a atteint 17,4%, le taux le plus élevé depuis 2009 en dehors des années de pandémie. Cela ne tient même pas compte des nombreux jeunes qui ont renoncé à chercher du travail. Le taux d’emploi des jeunes en juillet est tombé à 53,6%, son plus bas niveau depuis 1998.

Les jeunes Albertains ont été le plus durement touchés, avec un taux de chômage global chez les jeunes atteignant 20,4%, alors que des villes telles que Kamloops, en Colombie-Britannique, et Windsor, en Ontario, voient disparaître les emplois sans expérience traditionnels dans le secteur de la fabrication, du commerce de détail, de l’hôtellerie et de la restauration.

Rien qu’en juillet, le Canada a perdu 44 000 emplois, dont 34 000 occupés par des travailleurs âgés de 15 à 34 ans. De plus, la durée moyenne du chômage chez les jeunes est passée de 18 à 22 semaines, laissant d’innombrables jeunes dans l’insécurité. Dans un récent sondage, le syndic de faillite MNP a constaté que 45% des répondants âgés de 18 à 24 ans se sentent anxieux ou stressés par leur situation financière, tandis que 33% ont déclaré avoir l’impression que le stress financier les empêche de commencer leur vie.

La montée en flèche du chômage chez les jeunes est un signe avant-coureur de problèmes économiques plus graves. Alors que les capitalistes suppriment des emplois pour préserver leurs profits, les emplois sans expérience disparaissent en premier, ce qui freine le développement de la main-d’œuvre et empêche les jeunes d’accéder à l’indépendance financière. Mais les jeunes ne sont pas les seuls touchés.

La hausse des frais de scolarité, l’explosion de l’endettement étudiant et le coût élevé du logement exercent une pression énorme sur les familles, obligeant de nombreux parents et grands-parents à retarder leur départ à la retraite pour soutenir leurs enfants. En fait, 40% des parents et 65% des grands-parents affirment que le fait de devoir aider à couvrir les frais de scolarité, une nécessité grandissante, a nui à leur capacité à épargner pour leur propre avenir.

Au lieu d’assumer ses responsabilités, la classe dirigeante rejette la faute sur la guerre commerciale et la croissance démographique des jeunes pour expliquer la pénurie d’emplois. Il s’agit là d’une tentative délibérée de diviser les travailleurs et de détourner l’attention de la véritable cause de la crise. Alors qu’on dit aux travailleurs qu’il n’y a pas d’argent pour créer des emplois, les entreprises canadiennes enregistrent des profits record. Au cours du premier trimestre de 2025 seulement, les profits des entreprises ont augmenté de 4,2 milliards de dollars. Les jeunes immigrants et les étudiants étrangers, dont le nombre a fortement augmenté ces dernières années pour répondre à la demande des entreprises et des universités, sont désormais désignés comme boucs émissaires responsables de la pénurie d’emplois, alors même qu’ils sont exploités comme une main-d’œuvre bon marché et précaire, au profit des entreprises.

La classe dirigeante nous dit que nous devons « nous serrer la ceinture », tout en continuant à s’enrichir à nos dépens.

Mais cette situation n’est pas viable. Si la tendance actuelle se maintient, la relève sera sous-développée et mal préparée, laissant d’innombrables jeunes pris au piège alors que la crise s’aggrave. 

Les emplois sans expérience disparaissent, les opportunités diminuent et les Canadiens les plus riches continuent de s’enrichir. Il n’est donc pas étonnant que des milliers de jeunes rejettent un système qui les a laissés tomber. Dans ces conditions, il devient de plus en plus évident que nous devons nous battre pour reprendre possession de l’avenir que le capitalisme tente de nous voler.