
La guerre se propage comme une épidémie à travers le monde. De la guerre brutale en Ukraine au génocide à Gaza, des conflits souvent ignorés au Soudan et au Congo aux tensions croissantes en mer de Chine méridionale, le monde semble se diriger à toute vitesse vers la violence et la destruction.
Pendant ce temps, les fabricants d’armes s’en mettent plein les poches alors que les impérialistes occidentaux augmentent leurs dépenses militaires à leur plus haut niveau depuis la Seconde Guerre mondiale.
On dirait que le monde est devenu fou. Mais pourquoi cela se produit-il?
L’impérialisme : un produit du capitalisme
Lénine, dans son ouvrage influent L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, a mis à nu les fondements économiques de la guerre moderne. Le capitalisme, qui était autrefois un système de libres marchés concurrentiels, a depuis longtemps cédé la place à des monopoles géants qui contrôlent de larges pans de l’économie. Dans tous les pays, seules quelques entreprises contrôlent des industries entières.
Au Canada, cette réalité est frappante :
- Cinq banques dominent la finance
- Une poignée d’entreprises contrôlent l’industrie minière
- Quatre géants des télécommunications monopolisent les communications
- Trois magnats du pétrole contrôlent le pétrole et le gaz
- Trois sociétés contrôlent les médias
Partout dans le monde, le capital financier – fusion des monopoles bancaires et industriels – règne en maître. Ayant déjà dominé le marché et maximisé ses profits à l’échelle nationale, le capital financier cherche des sources de profits à l’étranger.
La situation qui en résulte en est une où un petit nombre de nations impérialistes exploitent les richesses des autres pays du monde. Selon un rapport d’Oxfam, les pays du Nord contrôlent 69% de la richesse mondiale, alors qu’ils ne représentent que 21% de la population mondiale.
Et le Canada fait partie de l’alliance impérialiste occidentale, les capitalistes canadiens tirant profit de ce transfert de richesses. Comme l’a rapporté Oxfam, « au Canada, les 1% les plus riches ont reçu 7,2 millions de dollars par jour provenant des pays du Sud via le système financier en 2023 ». Et cela ne concerne que le secteur bancaire. En 2023, les entreprises canadiennes détenaient 220 milliards de dollars d’actifs miniers à l’étranger, soit les deux tiers de tous les actifs miniers canadiens.
De cette recherche de sources de profit à l’étranger naissent les guerres et les conflits. Le capital financier utilise sa domination sur l’État et, par son intermédiaire, sa puissance diplomatique et militaire, pour s’assurer des marchés, des ressources et une main-d’œuvre bon marché dans d’autres pays.
La guerre devient un outil nécessaire de la politique économique. Comme l’a dit le célèbre théoricien militaire prussien Carl von Clausewitz, « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». En complément, Lénine expliquait que « la politique est l’expression la plus concentrée de l’économie ».
La fin du vieil ordre mondial
Avec l’effondrement de l’hégémonie américaine, une réorganisation est en cours. N’étant plus en mesure d’imposer unilatéralement sa volonté sur le monde, la classe dirigeante américaine est désormais confrontée à des rivaux de taille. La puissance économique de la Chine et la puissance militaire de la Russie remettent en cause la domination unipolaire du capital américain sur la scène mondiale.
Et la classe dirigeante canadienne, qui a longtemps profité de son statut de partenaire de second rang de l’impérialisme américain, est aujourd’hui en train de perdre dans les luttes entre les grandes puissances. Par exemple, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont chassé la France et se sont rapprochés de la Russie. En conséquence, les sociétés minières canadiennes qui ont des intérêts dans la région subissent des coups durs. Sans surprise, le gouvernement malien, qui s’est récemment rangé derrière la Russie, a saisi une mine appartenant au géant minier canadien Barrick Gold. De même, le Burkina Faso a nationalisé deux mines qui appartenaient auparavant à des entreprises canadiennes.
Il est loin le temps où les entreprises canadiennes pouvaient faire des profits en toute sécurité sous l’égide de l’impérialisme occidental et en récolter les fruits sans opposition.
Nous sommes entrés dans une nouvelle ère qui rappelle le début du XXe siècle, une période où les puissances capitalistes rivales se sont affrontées pour la domination mondiale, provoquant la Première et la Seconde Guerre mondiale.
Mais la classe dirigeante ne connaît pas d’autre voie. Après avoir passé des décennies à parler de la valeur de la vie humaine, de souveraineté nationale et des droits de la personne, les puissances impérialistes montrent leur vrai visage, se disputant le monde comme des loups se disputent une carcasse. La politique de chaque pays est dictée par son désir de protéger les intérêts de sa bourgeoisie.
La militarisation massive en Occident, loin d’être « défensive » comme elle est souvent décrite, est une mesure offensive nécessaire pour conserver ses marchés, ses routes commerciales, son accès aux ressources et sa main-d’œuvre bon marché.
La guerre est profitable
Et tandis que pour les travailleurs et les pauvres, la guerre est synonyme de souffrance, pour la classe capitaliste, elle est synonyme de profits obscènes. L’industrie dite de la « défense » est une escroquerie, un secteur parasitaire qui prospère sur la souffrance humaine.
Les grands fabricants d’armes tels que Lockheed Martin, Raytheon et General Dynamics engrangent des centaines de milliards à chaque fois qu’une guerre éclate. Depuis 2001, les États-Unis ont dépensé 14 000 milliards de dollars dans la guerre, générant ainsi des profits colossaux pour ces marchands de mort.
Abby Martin, journaliste d’enquête, le dit sans détour :
« Les entreprises du secteur de la défense sont toujours gagnantes, quelle que soit l’issue. »
Et il ne s’agit pas seulement d’un phénomène américain.
Le mythe du « Canada, gardien de la paix » est précisément cela : un mythe. Le Canada est le 15e pays au monde sur le plan des dépenses militaires, dépensant 700 dollars par habitant chaque année pour son arsenal militaire, soit plus que de nombreuses puissances européennes. Et cela va considérablement augmenter dans les années à venir.
Et aujourd’hui, on assiste à une énorme poussée militariste, tous les pays impérialistes occidentaux augmentant leurs dépenses militaires à 5% de leur PIB. Par exemple, l’Allemagne augmente ses dépenses militaires de 92 milliards d’euros à 162 milliards d’euros. Cela représente un budget total colossal de 761 milliards de dollars pour les cinq prochaines années.
Et la situation n’est pas différente au Canada, où Carney a annoncé qu’il augmenterait les dépenses militaires à 5% du PIB, passant de 41 milliards de dollars à la somme astronomique de 150 milliards de dollars par an!

L’argent qui pourrait être utilisé pour améliorer les conditions de vie des travailleurs au Canada sert plutôt à détruire celles des travailleurs à l’étranger. À titre de comparaison, le financement fédéral consacré aux soins de santé n’était que de 52 milliards de dollars en 2024.
Et les entreprises du secteur de la défense en récolteront les bénéfices. Des entreprises telles qu’Irving Shipbuilding et Canadian Aviation Electronics Inc. ont déjà obtenu respectivement des contrats militaires d’une valeur de 8 milliards et 1,7 milliard de dollars. Sans surprise, les actions du secteur de la défense au Canada ont augmenté de près de 40% au cours de la seule année dernière.
Pour reprendre les mots de Lénine, « La guerre est terrible? Oui, terriblement profitable. »
Pour mettre fin à la guerre, mettons fin au capitalisme!
Les réformistes et les libéraux versent des larmes de crocodile sur les horreurs de la guerre, appelant à la « diplomatie » ou à la « retenue ». Mais comme nous l’avons vu avec le génocide à Gaza ou la guerre en Ukraine, ces supplications sont absolument vaines. Le capital financier ne répond pas aux plaidoyers humanitaires, mais uniquement à des intérêts matériels froids et impitoyables. La guerre n’est pas simplement une mauvaise politique, c’est une nécessité systémique pour le capitalisme.
Tant que l’économie sera dominée par les monopoles capitalistes, tant que l’État servira les intérêts du capital financier, les horreurs de la guerre continueront. La seule solution est d’aller à la racine du problème et de détruire le système qui engendre la guerre.
La classe dirigeante n’a aucune solution aux problèmes auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui. Ces parasites bornés et cupides ne peuvent que nous entraîner dans la barbarie.
Seule la classe ouvrière peut mettre des bâtons dans les roues de la machine impérialiste. Seule la classe ouvrière peut mettre fin à ce cauchemar impérialiste et inaugurer une ère de paix entre les peuples.