Les agents de bord défient le gouvernement – intensifions le mouvement pour gagner!

Aucun employé fédéral n’avait défié un ordre de retour au travail depuis que les postiers l’avaient fait au début des années 1980.

  • La rédaction
  • dim. 17 août 2025
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Les agents de bord d’Air Canada ont pris une décision audacieuse. En défiant l’ordre de retour au travail imposé par le gouvernement, ils lancent un véritable défi au gouvernement Carney. Cet acte peut devenir un point de ralliement pour l’ensemble du mouvement ouvrier contre des décennies d’attaques contre le droit de grève, dans un contexte de dégradation constante des conditions de vie.

Un moment que beaucoup attendaient

Pour beaucoup dans le mouvement ouvrier, cela faisait longtemps qu’on attendait ça. Quelqu’un allait devoir se lever et dire « ça suffit! ». Au cours des deux dernières décennies, les gouvernements fédéral et provinciaux ont légiféré à des dizaines de reprises pour retirer le droit de grève. Plus récemment, les libéraux ont trouvé une solution plus simple. Ils ont invoqué l’article 107 du code du travail (une clause obscure qui n’est jamais utilisée) pour retirer le droit de grève sans débat ni même vote au Parlement!

Mais les travailleurs en ont assez. Et les agents de bord d’Air Canada comptent parmi les travailleurs les plus pauvres, dont les salaires ont tellement diminué que beaucoup ont dû recourir aux banques alimentaires. Et dès qu’ils tentent de riposter, leur droit de grève leur est retiré dans les 12 heures.

Mais comme l’a déclaré Lillian Speedie, vice-présidente de la section locale 4092 du SCFP, à Radio-Canada, « les tempêtes de neige ont paralysé Air Canada pendant plus longtemps que nous n’avons été autorisés à faire grève ».

Lors d’un rassemblement des agents de bord, le président national du SCFP, Mark Hancock, a déclaré : « Voici l’ordonnance du CCRI [Conseil canadien des relations industrielles]. Voilà ce que je suis censé faire. On s’attend à ce que je vous dise de reculer. On s’attend à ce que je vous ordonne de retourner au travail. On s’attend à ce que je mette fin à cette grève. Eh bien, mes amis, ça n’arrivera pas. Pas sous ma responsabilité. Pas aujourd’hui. Pas demain. Jamais. » Il a ensuite déchiré l’ordonnance de retour au travail sous les acclamations et les applaudissements enthousiastes des travailleurs en colère.

Un tournant fondamental

Il s’agit d’un tournant fondamental dans la situation. Aucun employé fédéral n’avait défié un ordre de retour au travail depuis que les postiers l’avaient fait au début des années 1980. Cela signifie que le syndicat et ces 10 000 travailleurs sont techniquement en grève sauvage illégale.

Mais cette grève ne concerne pas uniquement les agents de bord. La situation à laquelle ils sont confrontés est à l’image de celle que vivent des millions de travailleurs à travers le pays : dégradation des conditions de vie et impossibilité d’y remédier.

Il n’est donc pas surprenant que la classe ouvrière dans son ensemble soutienne massivement les agents de bord.

Dans un sondage réalisé le 15 août, Abacus a trouvé que 59% des personnes interrogées exprimaient leur sympathie envers les agents de bord, tandis que seulement 12% sympathisaient avec Air Canada. Un nombre impressionnant de 88% des personnes interrogées estimaient qu’Air Canada devrait rémunérer les agents de bord pour toutes les tâches qu’ils accomplissent, tandis que seulement 12% pensaient qu’ils ne devraient être rémunérés que pour le temps passé en vol.

Sur la question de l’intervention du gouvernement dans la grève, 59% des personnes interrogées ont estimé que « le gouvernement fédéral devrait respecter le droit des travailleurs à faire grève, même si cela entraîne des perturbations », tandis que seulement 24% ont convenu que « le gouvernement fédéral devrait intervenir dans les conflits de travail pour éviter les perturbations, même si cela limite le droit des travailleurs à faire grève ».

Ce soutien massif reflète la division en classes de notre société et le pouvoir dont dispose la classe ouvrière. Si ce pouvoir était correctement exploité, aucune de ces lois ou projets de loi réactionnaires ne tiendrait un jour.

Intensifier et généraliser le mouvement

La balle est désormais dans le camp des libéraux de Carney. Ayant été élu grâce à une vague de sentiment nationaliste canadien en réponse aux menaces de Trump, Carney bénéficie toujours d’un taux de popularité élevé, certains sondages indiquant que plus de 60% des personnes interrogées approuvent son bilan jusqu’à présent.

Carney, le banquier central, était le choix évident de la classe dirigeante canadienne. Il est leur homme. Et dès le départ, les entreprises canadiennes ont eu libre accès au bureau de Carney, et toutes ses annonces et mesures législatives ont fidèlement reflété les intérêts des entreprises canadiennes. Depuis longtemps, la classe dirigeante canadienne souhaite imposer des coupes dans les dépenses sociales, augmenter les dépenses militaires, passer outre les réglementations environnementales et les droits des Autochtones. La crise provoquée par Donald Trump leur offre l’occasion rêvée de faire passer en force leur programme réactionnaire.

C’est là que réside l’importance de ce mouvement. Avec Carney qui demande à tous les ministères d’imposer des coupes budgétaires de 15% dans tous les domaines, d’énormes conflits de classe se profilent à l’horizon. Une victoire ici donnerait le ton pour toutes les luttes à venir. Une victoire pour les hôtesses et stewards de l’air est une victoire pour tous les travailleurs! Une victoire dans cette lutte représentera une avancée décisive dans la lutte contre le capitalisme.

Par conséquent, l’ensemble du mouvement ouvrier doit se rallier derrière les agents de bord. Mais au-delà d’un simple soutien passif, les syndicats doivent user de leur pouvoir pour contraindre le gouvernement à battre en retraite. Compte tenu du soutien massif dont bénéficient les agents de bord et du fait qu’il s’agit d’une attaque généralisée contre le droit de grève qui touche tous les travailleurs, le SCFP et le Congrès du travail du Canada doivent s’efforcer d’intensifier et de généraliser ce mouvement.

Des grèves de solidarité de tous les employés des aéroports du pays sont la suite logique, combinées à des actions de solidarité des sections locales du SCFP. Le mouvement doit s’intensifier et se généraliser si nous voulons espérer vaincre les libéraux de Carney.

Si beaucoup peuvent craindre les répercussions du gouvernement, le meilleur moyen de garantir que cela ne se produira pas est d’intensifier le mouvement à un tel point que le gouvernement soit contraint de reculer. Si le gouvernement décide de sévir en imposant des amendes et d’autres formes de sanctions aux agents de bord et à leur syndicat, le mouvement ouvrier doit réagir en organisant une grève générale d’une journée.

Un précédent a déjà été établi par les travailleurs de l’éducation de l’Ontario à l’automne 2022, qui se sont également vu retirer leur droit de grève. Les syndicats ont réagi en menaçant d’organiser une grève générale, ce qui a eu pour effet immédiat de transformer Doug Ford en un petit enfant qui a renoncé à toutes ses attaques contre le syndicat. Cela montre où réside le véritable pouvoir dans notre société.

Une victoire pour les agents de bord est une victoire pour tous!

Intensifions et généralisons le mouvement pour gagner!