Il a récemment été révélé que la Société des Transports de Montréal (STM) accumule des déficits assez grands pour sérieusement menacer la qualité et la fréquence des services. Devant cette situation, les gouvernements provinciaux et municipaux ne font que se pointer mutuellement du doigt. Les Montréalais, après avoir perdu les lignes d’autobus aux 10 minutes plus tôt cette année, risquent maintenant de se faire couper le métro dès 23h, en plus de se faire imposer des augmentations de tarifs. Alors que l’urgence climatique rend l’accès et la qualité des transports en commun de plus en plus importants, les politiciens bourgeois refusent de les financer adéquatement. 

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, et le premier ministre Legault prétendent négocier de bonne foi avec les municipalités, mais ils ne trompent personne : nous voyons un retour aux coupes et à l’austérité budgétaire. Sous le capitalisme, les gouvernements représentent les intérêts de la classe dirigeante et il est impossible de développer les services publics de manière durable.  

Encore une attaque sur la classe ouvrière

Pour cette année, la STM serait en déficit de 51 millions, ce qui affectera immanquablement les services. Pour en combler une partie, selon un document interne consulté par Radio-Canada, elle considère déjà une réduction de service de 3,7% pour les autobus et de 4,8% pour les métros. Après une réduction similaire en 2022 qui n’aurait affecté l’attente aux heures de pointe que d’une minute, la STM implique que les coupes auraient un impact négligeable. Par contre,  tous les travailleurs qui ont déjà dû faire la sardine dans le métro à 7h le matin peuvent le confirmer, le réseau a besoin de beaucoup plus de trains, pas d’un peu moins. 

L’Autorité Régionale de Transport Métropolitaine (ARTM), soit l’agence gouvernementale qui chapeaute la STM et les autres sociétés de transport du Grand Montréal, va jusqu’à considérer une réduction des services du tiers, en plus d’une augmentation des tarifs de 4%. Alors que les salaires stagnent et que l’inflation rend les budgets impossibles, on exigerait que les travailleurs paient davantage pour un moins bon service. 

Pour beaucoup d’entre eux, le transport en commun est la seule manière possible de se rendre au travail, et est donc nécessaire à leur survie. En 2019, la STM estimait le nombre d’usagers quotidiens à 1,3 million de personnes. 

De même, le transport en commun est une manière plus efficace de gérer les transits, autant en terme d’espace que d’émission de GES. Tout le monde sait qu’une amélioration significative de la qualité des transports en commun serait une bonne manière de combattre la culture de la voiture unique – les travailleurs ne peuvent pas abandonner la voiture et simplement espérer qu’un jour, peut-être, la qualité des transports en commun s’améliorera. Pour adresser la crise climatique, le financement des transports en commun devrait être planifié pour encourager l’utilisation plutôt que de citer une baisse d’achalandage pour justifier de réduire les services. 

Selon la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, il ne faut pas « mettre de l’argent sans fin dans ces déficits. Il faut s’examiner, restructurer le financement et trouver des manières d’économiser à la source ».  Le gouvernement caquiste veut faire croire qu’il refuse simplement de financer le gaspillage, mais il s’agit bel et bien de sous-financement.

Devant ces révélations, la CSN et le SCFP ont mobilisé plusieurs centaines de travailleurs en novembre pour manifester et exiger que le gouvernement investisse davantage dans les transports en commun. Plus tôt cette année, des délégués de la FTQ organisaient déjà des discussions sur la crise de financement des transports en commun, constatant que le problème n’est pas nouveau du tout. Selon Frédéric Collin, du Conseil régional FTQ Montréal métropolitain: « L’austérité, c’est ce que la STM à Montréal vit depuis plusieurs années déjà. » La dégradation du service que nous voyons depuis un an, et celle qui est considérée pour l’an prochain, sont le résultat d’une longue histoire de sous-financement par tous les gouvernements récents.

Sous-financement

En effet, l’austérité pour les transports en commun est une situation chronique. Les déficits s’accumulent d’année en année, de gouvernement en gouvernement, et comme la population et les besoins grandissent, le problème ne fait qu’empirer. Le déficit résiduel des réseaux de transport de la grande région de Montréal 2023 se trouve entre 425 et 500 millions. Pour l’instant, « l’offre finale » de la CAQ est de couvrir le déficit à hauteur de 238 millions. Selon la ministre des Transports, tout est une question d’offre et de demande, et comme la demande a diminué pendant la pandémie, il faut réduire l’offre. Le problème ici n’est pas la mauvaise gestion ou les dépenses frivoles, mais plutôt le manque d’investissement systématique. 

Selon les municipalités, le financement doit absolument venir du provincial. Elles se présentent comme David devant le Goliath caquiste. Pourtant, on oublie que c’est David qui triomphe normalement, alors qu’on nous présente une situation sans espoir. Valérie Plante, mairesse de Montréal, se dit « acculée au pied du mur », et après avoir fait campagne deux fois en priorisant clairement les transports en commun, se sent maintenant tout à fait impuissante. Pourtant, il y a toujours de l’argent disponible dans le budget de la Ville de Montréal pour certains départements, comme les services policiers. Celui de la SPVM sera gracieusement bonifié de 33.8 millions cette année – au diable les dépenses lorsqu’il est question d’armer les gardiens du capital. 

Quant à la CAQ, elle a bien établi sa réputation d’amie des grandes entreprises, comme en offrant 7 millions aux Kings de Los Angeles pour deux petits matchs préparatoires ou encore en donnant trois milliards de dollars à l’entreprise suédoise Northvolt. Ces deux paliers de gouvernement savent très bien qui ils représentent vraiment, et font leurs choix en conséquence.

La solution communiste : la planification rationnelle et démocratique

Sous les diktats des marchés capitalistes, les investissements sont toujours faits pour maximiser les profits. Il n’y a rien de trop beau pour les grandes entreprises. Par contre, lorsque les employés du secteur public entrent en grève pour revendiquer de meilleures conditions de vie, ou lorsqu’il faut financer les services dont ils dépendent, les gouvernements capitalistes comme celui de la CAQ parlent toujours de la « capacité de payer limitée » du gouvernement. Entretemps, les profits accumulés n’ont jamais été aussi élevés et les milliards accumulent la poussière dans les coffres des banques. Il n’y a pas d’illusion à se faire, la CAQ, autant que les autres partis capitalistes, n’a aucune intention d’aller chercher l’argent où il se trouve.

La mobilisation des syndicats d’employés de la STM qui a commencé en novembre devrait se poursuivre et profiter de l’opportunité ouverte par l’action historique des travailleurs du secteur public. Il serait certainement possible d’organiser des manifestations de masse pour le financement du transport en commun en ce moment, mobilisant particulièrement les centaines de milliers de travailleurs en grève. Il faut revendiquer non seulement des investissements, mais aussi la gratuité totale des transports en commun. Mais pour obtenir des gains durables, les travailleurs doivent être au pouvoir. 

Les gouvernements capitalistes président la dégradation continue des services publics. Si la classe ouvrière était au pouvoir, il serait possible de planifier démocratiquement l’économie et d’en finir avec les coupes et le sous-financement. Nous pourrions mettre sur pied un service de transports en commun efficace, fiable, ouvert 24h et gratuit pour les usagers. Pour y arriver, il faut exproprier les banques et mettre l’ensemble du secteur des transports sous le contrôle des travailleurs, pour que ce soit la classe ouvrière qui planifie les investissements, de manière démocratique, plutôt que de toujours se plier à la soif de profits du patronat et aux contraintes imposées par les gouvernements capitalistes.