Voilà bientôt trois mois que les 300 travailleurs de l’Hôtel DoubleTree du Complexe Desjardins sont en grève illimitée. Ils font partie de 24 hôtels syndiqués auprès de la Fédération du commerce de la CSN (FC–CSN) menant une ronde de négociation coordonnée. Mais alors que 14 autres hôtels ont accepté des ententes comparables à ce que demandent les travailleurs de DoubleTree, l’employeur de cet hôtel du centre-ville de Montréal refuse toujours. Il est allé jusqu’à utiliser des briseurs de grève pour tenter de casser les grévistes et leur imposer des reculs. Ils ont besoin de la solidarité du reste du mouvement syndical!

Ce genre de propositions illustre le mépris des patrons du DoubleTree envers leurs travailleurs. Il est important de mentionner que les travailleurs du secteur hôtelier sont aussi touchés par la pénurie de main-d’œuvre, ce qui met beaucoup de pression sur les employés sur place. Aussi, depuis le début de la pandémie, certains hôtels ont perdu près du deux tiers de leur employés. Cela a pour conséquence de miner les conditions de travail des travailleurs qui restent. 

Les patrons prétendent être conscients des conditions difficiles. Pourtant, les bottines ne suivent pas les babines et cela ne se traduit pas à la table de négociations. Encore une fois, la soi-disant pénurie de main-d’œuvre se révèle surtout être une détermination des travailleurs à ne plus accepter de se fendre en quatre pour des miettes.  

L’employeur semble vouloir étirer les négociations au maximum pour épuiser autant financièrement que mentalement les travailleurs. Un mois après le début de la grève, l’hôtel a utilisé les services de briseurs de grève dans le but de prolonger la grève le plus possible. Il est toujours étonnant de constater comment la classe patronale semble avoir peu d’argent pour améliorer concrètement les conditions des employés, mais qu’elle ouvre grand les poches quand vient le temps de saboter la luttes des syndiqués. 

Lorsque l’employeur a finalement été convoqué devant le Tribunal administratif du travail en raison de son recours à des scabs, il a soudainement fermé l’hôtel. Il prétend que c’est la pandémie qui l’a forcé à fermer, alors même que le reste de l’industrie rouvre ses portes. La réalité, c’est que les propriétaires de DoubleTree ne sont rien sans leurs employés, qui sont ceux qui le font réellement rouler. 

Le Tribunal administratif du travail a donné une tape sur les doigts à l’employeur et lui a ordonné de… respecter la loi et de cesser immédiatement l’usage des services de briseurs de grève. Ce genre de petites tapes sur les doigts sans conséquence ne fait pas peur au patronat, qui se gêne de moins en moins de contrevenir à l’interdiction des briseurs de grève. La classe dirigeante aime faire des sermons sur la loi et l’ordre, mais n’hésite pas à briser la loi quand vient le temps de défendre ses intérêts. Il n’y a pas de doute qu’avec l’inflation qui monte et la crise capitaliste qui s’approfondit, nous aurons davantage de conflits du genre. Les patrons voudront briser nos syndicats, et les travailleurs exigeront la fin des reculs. Le mouvement syndical doit remettre de l’avant un des principes fondamentaux de notre mouvement : piquet de grève, on ne passe pas! Le retour de piquets durs lors de nos grèves est nécessaire pour vaincre des patrons qui brisent les règles dès qu’ils pensent qu’ils peuvent s’en tirer.

Une reprise des négociations a débuté le 24 novembre au côté d’un conciliateur. Au moment d’écrire ces lignes, il n’y a pas de dénouement à cette reprise des pourparlers. Cependant, le patron ne semble pas près de vouloir bouger de ses positions, misant sur l’épuisement des grévistes pour gagner ses points. Les travailleurs de l’hôtel ne doivent pas se laisser démoraliser. 

Les ententes qui ont été signées dans 14 autres hôtels représentent les mêmes demandes que celles revendiquées par les travailleurs du DoubleTree. Il n’y a aucune raison pour que les conditions de travail ne soient pas les mêmes dans tous les hôtels syndiqués. Des négociations avec les syndicats de tous les hôtels unis, faisant front commun face aux patrons, auraient eu un impact beaucoup plus important sur les patrons réfractaires. Mais maintenant, les travailleurs des 10 hôtels encore en lutte doivent se tenir, et ne pas signer tant que les coups bas chez DoubleTree ne cessent pas, et tant que tous les travailleurs n’auront pas obtenu satisfaction. 

Les travailleurs du secteur hôtelier ainsi que d’autres couches de travailleurs doivent montrer leur soutien envers les travailleurs encore en grève. Au mois d’octobre, on a vu un élan de solidarité alors que les syndiqués de l’hôtel Hilton Québec, aussi en grève, ont rendu visite aux syndiqués du DoubleTree. Les deux syndicats sont d’ailleurs aux prises avec des employeurs de la même bannière (Hilton). Il faut multiplier les initiatives du genre. Les syndiqués de DoubleTree ne doivent pas être laissés à eux-mêmes. La direction de la FC-CSN devrait organiser des piquets solidaires pour montrer à l’employeur que la classe ouvrière plus large appuie les syndiqués. Alors que les conflits de ce genre risquent de se multiplier, la solidarité active sera plus que jamais nécessaire. 

Solidarité avec les travailleurs de DoubleTree!