Cela fait quelques semaines que le gouvernement libéral de Philippe Couillard a été élu, et déjà l’ombre de l’austérité plane sur le Québec, devenant le sujet de prédilection de tous les médias. Les gouvernements libéral et péquiste précédents avaient certes mis la table aux coupures des services publics et à leur tarification, mais les quatre prochaines années s’annoncent peu reluisantes pour la population, alors que l’accessibilité à ces services diminuera encore. Combiné aux nombreux licenciements qui ont lieu au Canada, aux gels d’embauche dans la fonction publique et à l’endettement des ménages canadiens, le tout signifie une baisse considérable du niveau de vie des gens.

Lors de l’assermentation des ministres, Philippe Couillard a exposé en une seule phrase qu’il faudrait de nouveau se serrer la ceinture : « L’heure n’est plus aux mesures marginales ou cosmétiques, le moment des décisions difficiles est venu ». Parmi le conseil des ministres, la venue entre autres de Gaétan Barrette au ministère de la Santé et de Carlos Leitao aux finances n’est pas porteuse d’espoir pour la jeunesse et les travailleurs-euses québécois.

Au lendemain de la présentation de son équipe, le caucus libéral nous mettait encore une fois la puce à l’oreille sur les mesures d’austérité qui sont à venir. D’abord, c’est le nouveau Ministre des Finances qui y est allé d’une déclaration de guerre aux programmes sociaux, décrivant les futures tâches du gouvernement :

« On va revoir, programme par programme, pour voir si c’est encore pertinent de maintenir ça, ou de les éliminer au complet […] La situation sera difficile, au sens où certains programmes devront être abolis, changés, réduits, mais d’autres pourraient devoir être augmentés, donc c’est ce genre d’exercice qui n’a pas été fait systématiquement au Québec, et que nous allons entreprendre cette année ».

Pour ce qui est du domaine de la santé – le service le plus important et qui nécessite le plus d’investissement du gouvernement –, Gaétan Barrette risque fort de poursuivre l’œuvre du chef Philippe Couillard qui ouvrit la porte au privé lorsqu’il était ministre libéral, avant d’aller y faire son nid par après.

Philippe Couillard a également fait savoir pendant la campagne électorale sa volonté d’augmenter les frais de scolarité. Cependant, la force du mouvement étudiant est maintenant connue de tous, et le gouvernement pourrait encore une fois se heurter à la colère de la population, se traduisant par des grèves et des manifestations massives, s’il décidait de prendre la même voie que ses prédécesseurs.

Tandis que pour la majorité de la population les prochaines années seront synonymes d’austérité, il est évident que pour les banques et les grandes entreprises, elles seront marquées par des cadeaux fiscaux, afin de rester compétitif sur les marchés. Malheureusement, sous les limites du capitalisme, nous ne pouvons pas espérer autre chose, sinon le résultat serait un enlisement plus profond dans la crise. La seule solution qui s’offre pour maintenir le niveau de vie actuel des gens réside dans la nationalisation des industries clés de la production et la mise sur pied d’une économie socialiste.

L’austérité est insoutenable pour la jeunesse et les travailleurs-euses. Les prochaines années seront fort probablement marquées par une accentuation des luttes syndicales, des moyens de pression et des grèves, en réponse aux attaques des dirigeants. Une tâche importante se dessine pour les centrales syndicales, mais également pour Québec solidaire et les travailleurs-euses néo-démocrates du Canada, alors que la nécessité de faire front commun contre l’austérité se présentera.

Depuis la crise économique de 2008, le capitalisme est entré dans une période de contre-réforme. Devant la contraction des marchés et l’endettement massif des États, les licenciements et les coupures budgétaires dans les services sont la seule solution de la classe dirigeante. L’austérité n’est pas une idéologie, mais bien la conséquence d’un système en putréfaction. Il est maintenant temps d’attaquer le problème à sa racine, et d’œuvrer à la construction d’une alternative.