Les prisonniers politiques du Gilgit-Baltistan ont été libérés : une victoire de la solidarité internationale!

Après des mois de lutte et une campagne internationale de solidarité, les prisonniers politiques du Gilgit-Baltistan ont été libérés sous caution. Cette victoire montre la puissance de l’organisation collective face à la répression d’État.

  • La rédaction
  • lun. 18 août 2025
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Cet article a originellement été publié en anglais le 14 août 2025 sur le site Marxist.com.

Après presque trois mois de mobilisation à travers des dizaines de pays, avec le soutien de militants et d’organisations représentant des millions de travailleurs, tous les prisonniers politiques du Comité d’Action Awami du Gilgit-Baltistan (AAC-GB) ont été libérés sous caution! Les poursuites judiciaires qui les visent sont toujours en cours : la lutte doit continuer. Mais cette libération est une immense victoire, qui démontre la force de la solidarité internationale!

Ehsan Ali, le président de l’AAC-GB, et Mahmood ur Rehman ont été les derniers des 16 dirigeants initialement arrêtés à se voir accorder une libération sous caution. Lors de sa libération, Ehsan Ali a fait une déclaration dans laquelle il affirme sa volonté de lutte et remercie tous ceux qui se sont investis dans la campagne de solidarité :

« Lal Salaam [“Salut rouge”] à tous les camarades au Pakistan et à travers le monde. Notre lutte a mis en échec […] la répression de l’Etat pakistanais et son système colonial, à travers lequel il tentait de réprimer et d’écraser un mouvement pacifique […].

« Il y a eu des rassemblements partout dans le pays, au Pakistan et au Cachemire, et aussi une campagne internationale de notre Internationale Communiste et de nos Partis Communistes Révolutionnaires partout dans le monde […].

« Leur campagne contre la répression de l’État au Gilgit-Baltistan […] a touché les masses et particulièrement la jeunesse. Les jeunes sont enthousiastes et notre mouvement a gagné des forces nouvelles.

« Cela se manifestera dans la prochaine période, de nouveaux membres nous rejoindront. Et je pense que l’ICR et nos sections ont joué un rôle énorme. C’est notre conception de l’internationalisme et notre philosophie, et c’est notre force. Et cela a un grand impact sur tous les opprimés du monde.

« L’ICR a démontré en pratique sa solidarité avec le Comité d’Action Awami et les gens du Gilgit-Baltistan ont pu le constater. Je remercie l’ICR de la part de tous les camarades au Gilgit-Baltistan et de nos comités, et je remercie aussi les camarades du Pakistan et du Cachemire.

« Vive l’ICR! Vive le communisme révolutionnaire! Vive la solidarité internationale! »

Arrestations brutales

Comme nous l’avons expliqué en mai, l’État pakistanais a emprisonné les dirigeants de l’AAC-GB, en représailles de leur lutte courageuse dans le Gilgit-Baltistan. Ce territoire est traité comme une colonie par Islamabad. La population y est privée des droits démocratiques élémentaires, voit ses terres être confisquées et vit dans une pauvreté abjecte, pendant que les bureaucrates de l’État pakistanais et les généraux s’enrichissent en s’accaparant les richesses du territoire.

L’AAC-GB a mené pendant plusieurs années des mobilisations massives et pacifiques, et obtenu des victoires importantes concernant les subventions sur le prix de la farine, de l’électricité et d’autres produits de premières nécessités. Ses membres ont aussi lutté victorieusement pour l’accès à l’éducation et aux soins médicaux, et ont organisé la résistance contre l’exploitation du riche environnement montagneux de la région par les conglomérats miniers et par les entreprises de l’industrie de l’eau.

Pour se venger et pour enrayer leurs activités, le régime a commencé par inscrire Ehsan Ali (qui est aussi un camarade dirigeant du Parti Communiste Inqalabi, le PCR) sur l’« annexe quatre », une disposition anti-terroriste, ce qui signifie que tous ses déplacements sont dorénavant soumis à une surveillance policière. Puis, avant un rassemblement contre la loi sur la réforme agraire et les minerais, la plupart des dirigeants de l’AAC-GB ont été arrêtés sous des accusations de terrorisme.

Cette parodie de procédure judiciaire s’est produite le mois même durant lequel le ministre de la défense Khwaja Asif a publiquement reconnu que le Pakistan a longtemps soutenu et financé des terroristes. Il ne faut pas oublier non plus la brutalité du régime contre les peuples du Balouchistan et du Cachemire occupés, ainsi que contre les femmes, les travailleurs et les pauvres de tout le Pakistan. Les faits montrent clairement qui sont les véritables terroristes.

Pendant des mois, les dirigeants emprisonnés de l’AAC-GB ont enduré la torture, durant lesquelles leurs geôliers ont tenté de leur extirper de faux aveux et leurs familles ont été menacées. Tous ont pourtant tenu bon, refusé de se parjurer, eux ou leurs camarades, et ont réclamé avec entêtement que justice soit faite.

Le camarade Ali a particulièrement souffert du fait de problèmes médicaux durant sa captivité, notamment d’une infection intestinale qui a nécessité une opération et de problèmes cardiaques. Il s’est aussi vu refusé sa première demande de caution sous le prétexte fallacieux qu’il prônerait la haine et la rébellion, ce qui rendait obligatoire son passage devant une juridiction supérieure.

La force de la solidarité

Les partisans de l’AAC au Gilgit-Baltistan ont lutté pour la libération des prisonniers dès le premier jour. Ils ont organisé d’immenses rassemblements et des sit-ins, dont beaucoup étaient menés par des femmes, à travers tout le territoire. Le PCR a organisé des rassemblements dans tout le Pakistan et dans le Cachemire occupé. L’État y a répondu par des arrestations, des tortures et des menaces, et en mobilisant le sectarisme religieux. Mais aucune de ces méthodes indignes n’a eu d’impact sur la détermination des camarades.

L’Internationale communiste révolutionnaire a mené une campagne mondiale de solidarité durant laquelle des camarades ont envoyé des centaines de lettres de protestations, passé d’interminables appels et tenu de nombreux rassemblements devant les ambassades du Pakistan à travers le monde. Nous n’avons pas laissé au régime un instant de paix, ces dernières semaines!

Une journée d’action le mois dernier a vu des camarades se rassembler simultanément dans quinze pays pour réclamer d’une seule voix la libération des camarades de l’AAC-GB. Les militants écossais du PCR à Glasgow ont obtenu une audience auprès du consul du Pakistan, durant laquelle ils ont juré que la mobilisation continuerait tant que tous les prisonniers ne seraient pas libérés et que toutes les charges contre eux ne seraient pas levées.

Notre campagne a été soutenue par des groupes d’activistes, des militants connus, des élus et des syndicats qui organisent des millions de travailleurs à travers le monde – une liste complète des signataires est disponible en ligne. Parmi les plus récentes signatures se trouvent l’ancienne conseillère municipale de Seattle Kshama Sawant et l’ONG Genocide Watch. Nous avons braqué un projecteur à l’échelle mondiale sur les crimes du régime capitaliste corrompu d’Islamabad.

Nous avons aussi consacré une session spéciale du récent congrès mondial de l’Internationale communiste révolutionnaire à cette lutte. Le dirigeant du PCR Adam Pal y a expliqué l’histoire de l’AAC-GB, les progrès de la campagne de solidarité et le travail inspirant accompli par les communistes du Pakistan dans des conditions très dures.

Adam a conclu son discours en affirmant que « c’est la force de nos idées qui nous procure notre détermination, notre courage, qui nous donne la volonté de combattre l’oppression. Parce que nous voulons lutter contre l’injustice, contre la domination oppressive de la classe dirigeante capitaliste! Rien ne peut nous empêcher de lutter pour un avenir meilleur! »

En avant!

Cette campagne a été une démonstration pratique de la puissance de la solidarité et du rôle de notre Internationale. Lorsque nous disons qu’une attaque contre un d’entre nous est une attaque contre nous tous, ce ne sont pas des mots en l’air. C’est le credo de notre classe, et un élément fondamental de notre organisation. Lorsqu’un de nos camarades fait face à la répression, toute l’ICR se lèvera toujours d’un bloc pour le défendre. Tout comme nous nous mobiliserons toujours pour défendre les opprimés et les exploités contre les capitalistes et leurs corps d’hommes en armes.

Nous nous adressons à nos camarades libérés pour leur souhaiter un prompt rétablissement après leurs épreuves et saluer leur courage. Notre campagne a remporté une sérieuse victoire contre un régime monstrueux, une victoire qui va renforcer la confiance des camarades au Gilgit-Baltistan et à travers tout le Pakistan, pour continuer leur lutte pour une existence décente.

Nous remercions chaleureusement tous ceux qui nous ont apporté leur soutien et ont aidé à libérer nos camarades, mais nous n’avons pas l’intention de nous arrêter là. Aucune des charges pesant sur les dirigeants de l’AAC-GB n’a été abandonnée : nous devons continuer à exercer une pression sur le régime jusqu’à ce qu’elles le soient toutes.

Nous continuerons à soutenir le Comité d’Action Awami du Gilgit-Baltistan jusqu’à ce que toutes ses revendications pour obtenir la justice, la liberté et une vie digne soient satisfaites.

De plus, nous continuerons à lutter au Pakistan, dans le sous-continent indien et à travers toute la planète contre le capitalisme – et contre toutes les injustices, les oppressions et la misère qu’il fait peser sur l’humanité.