
La plus grande manifestation de l’histoire de la Serbie a eu lieu à Belgrade le 15 mars. On estime qu’au moins 300 000 personnes y ont participé. Les camarades de l’ICR qui étaient présents ont rapporté qu’ « il était impossible de déterminer le début ou la fin du rassemblement. Pendant la manifestation, on avait l’impression d’assister à une grande fête sans fin, où les gens étaient constamment en mouvement, pleins d’énergie ».
Il s’agit du dernier épisode du vaste mouvement de manifestations qui secoue la Serbie depuis le 1er novembre, lorsqu’une gare de la ville de Novi Sad s’est effondrée, causant la mort de 15 personnes. La gare a été ouverte au public sans passer par une inspection en bonne et due forme, à la hâte, avant l’EXPO 2027 de Serbie, une opération lucrative pour le président Aleksandar Vučić et ses amis corrompus.
L’effondrement a déclenché une colère qui s’est propagée dans toute la Serbie. Les étudiants, en particulier, ont donné la direction au mouvement, organisant des barrages routiers et occupant leurs écoles. Ils peuvent compter sur le soutien actif de nombreuses couches de la société.
Lorsqu’un provocateur a foncé à travers un barrage en janvier, blessant un étudiant, les appels à la grève générale se sont multipliés. Des manifestations ont eu lieu dans 250 villes, et les enseignants, les avocats et les électriciens sont entrés en grève. Lorsque les étudiants ont organisé un barrage de 24 heures à Belgrade le 27 janvier, les agriculteurs ont utilisé leurs tracteurs pour bloquer les routes.
Peu importe ce que le régime de Vučić essaie, il ne parvient pas à contenir la situation. Le recours à des voyous violents et à des provocateurs par l’État n’a eu pour effet que de nourrir la colère. Les médias publics ont tenté de calomnier les étudiants, sans succès. À un certain point, les employés de la radiotélévision serbe ont accroché à leur bâtiment une bannière déclarant leur soutien aux étudiants.
Après la manifestation du 27 janvier, le premier ministre et le maire de Novi Sad ont tous deux démissionné pour tenter de calmer le jeu. Mais cinq jours plus tard, les étudiants ont organisé une autre grande manifestation, marchant pendant deux jours de Belgrade à Novi Sad pour rejoindre un barrage, rencontrant un soutien et une solidarité enthousiastes tout au long du chemin.
Ni la répression ni les concessions n’ont ralenti le mouvement. Les Serbes veulent faire tomber le gouvernement Vučić.
Pour y arriver, la classe ouvrière doit être pleinement engagée dans la lutte. Les assemblées démocratiques que les étudiants ont organisées dans leurs universités devraient être étendues aux travailleurs et reliées entre elles à travers les villes afin de fournir une direction politique au mouvement. Bien que l’appel à la grève générale soit populaire et que les travailleurs de plusieurs secteurs soient allés en grève, il n’y a pas encore eu d’effort organisé pour que la grève générale ait lieu.
Actuellement, les classes exploitées de Serbie se tiennent debout, unies derrière le mouvement étudiant. En mobilisant la classe ouvrière pour bloquer l’économie, les travailleurs et les étudiants peuvent renverser le régime criminel de Vučić.