Montée de Québec solidaire, l’establishment péquiste en panique

À quelques jours du vote, les appuis grandissants envers Québec solidaire provoquent un vent de panique au Parti québécois et chez les médias de l’establishment. Ayant obtenu seulement 7,6% lors de l’élection de 2014, le parti est maintenant à 16-19% selon les récents sondages. Devant cette menace, Jean-François Lisée, avec l’appui des grands médias, a […]

  • Joel Bergman
  • jeu. 27 sept. 2018
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À quelques jours du vote, les appuis grandissants envers Québec solidaire provoquent un vent de panique au Parti québécois et chez les médias de l’establishment. Ayant obtenu seulement 7,6% lors de l’élection de 2014, le parti est maintenant à 16-19% selon les récents sondages. Devant cette menace, Jean-François Lisée, avec l’appui des grands médias, a lancé une campagne hystérique de calomnies et de « peur rouge » contre QS, l’accusant d’être « marxiste » et « anticapitaliste ».

La montée de Québec solidaire

La principale caractéristique des élections jusqu’à présent a été la campagne de Québec solidaire. Le parti de gauche a présenté une série de propositions audacieuses qui ont dicté l’ordre du jour et ont permis de gagner beaucoup de nouveaux appuis. Pour lancer la campagne, le parti a dévoilé une série d’affiches avec des promesses audacieuses telles que « l’éducation gratuite du CPE au doctorat », « une assurance dentaire pour tout le monde », et « le transport public à moitié prix ». Notons également que QS est le seul parti offrant du contenu politique concret sur ses affiches plutôt que de simples slogans vides.

Le parti a annoncé que s’il était élu, il augmenterait le salaire minimum à 15$ l’heure le 1er mai prochain. Il a également annoncé qu’il établirait un réseau public de fibre optique à travers la province afin d’offrir une connexion internet abordable pour tous, y compris en région. Leur cadre financier contient également la création d’une entreprise d’État de soins pharmaceutiques afin de fournir des médicaments à bas prix à la population. Il a également annoncé qu’il nationaliserait le transport interurbain afin de fournir de meilleurs services d’autobus partout au Québec.

Le parti a également dévoilé un plan d’expansion massive du réseau de transport public à Montréal qui verrait 38 nouvelles stations de métro être construites. Récemment, le parti a annoncé qu’il prévoyait d’adopter un projet de loi « antiburnout » garantissant quatre semaines de vacances payées, une demi-journée maladie payée par mois, cinq congés familiaux additionnels par année et deux nouveaux congés fériés, soit pour la Journée internationale des femmes (le 8 mars) et la Journée internationale des travailleurs (le 1er mai). Le parti promet également d’embaucher 4400 professeurs et professionnels de plus dans le système d’éducation et promet de garder les CLSC ouverts 24 heures sur 24 et sept jours sur sept.

Afin de payer pour ces promesses ambitieuses, le parti a annoncé des augmentations d’impôts majeures visant les grandes entreprises et les riches. Leur plan prévoit l’augmentation des impôts des entreprises de près de 3% et l’implantation de nouveaux paliers d’imposition qui feraient payer davantage ceux qui gagnent plus de 97000$ par année, tandis que ceux qui font en dessous de 80000$ par année verraient leur impôt diminuer.

La réponse des partis de l’establishment a été unanime : ils ont dénoncé ces propositions comme étant « irréalistes », tout en mettant en garde contre un désastre économique. Par exemple, le chef du PQ, Jean-François Lisée, a déclaré : « Le choc économique que ça ferait sur le Québec serait terrible. Terrible. »

L’opinion des électeurs semble toutefois assez différente jusqu’à présent. Depuis le début de la campagne, les appuis à QS ont grandi progressivement alors que de plus en plus de gens sont inspirés par leurs propositions. Le parti est clairement en train de dicter l’ordre du jour de la campagne en entier. Nous l’avons vu à travers le fait que le PQ et le PLQ ne cessent de mettre de l’avant des versions diluées des propositions de QS, de manière opportuniste, quelques jours après les annonces de QS. On l’a vu avec le plan du PLQ d’offrir le transport public gratuit aux étudiants et aux personnes âgées, ou encore la promesse du PQ d’introduire progressivement un salaire minimum de 15$ l’heure.

L’une des caractéristiques majeures de la campagne est le fait que c’est la première fois depuis plus de 40 ans que l’indépendance n’est pas un enjeu électoral central. Par le passé, tout le débat pouvait être tassé au profit d’un va-et-vient entre le PQ et les libéraux sur la question de la souveraineté. L’élection actuelle a été marquée par la quasi-absence de cette question, qui n’était même pas un thème lors des débats des chefs, au profit d’enjeux de la vie de tous les jours comme la santé et l’éducation. Ce facteur contribue à la montée de QS, qui offre les propositions les plus audacieuses sur ces enjeux.

De plus, après plus d’une décennie de débats sur les accommodements raisonnables et les symboles religieux dans l’espace public, cette question n’a pas été aussi dominante. Bien que Legault ait tenté de soulever la question de l’immigration afin de faire diversion pendant que son parti chute dans les sondages, cela n’a pas fonctionné et Legault s’est tourné en ridicule quand il est devenu clair qu’il ne connaissait pas grand-chose au processus d’immigration.

Lisée appelle ses chiens de garde

Alors que de plus en plus de gens regardent en direction de QS, la panique s’est répandue dans le camp du PQ. Engagé dans une course pour garder son propre siège dans la circonscription de Rosemont contre Vincent Marissal de QS, Lisée a été forcé d’admettre que QS « est maintenant un joueur important ». Afin d’étouffer la menace, Lisée a d’abord appelé les « progressistes » à voter stratégiquement pour le PQ car QS « ne sera jamais élu ». Mais la panique s’est transformée en désespoir et l’establishment du PQ s’est maintenant tourné vers les méthodes classiques des mensonges, des calomnies et de la « peur rouge ».

Lors du débat à TVA jeudi dernier, Lisée y est allé d’une attaque étrange contre Manon Massé, demandant « qui tire les ficelles à Québec solidaire » et « qui est le patron ». Il affirme que QS manipule l’électorat et cache ses véritables intentions qui, selon lui, sont beaucoup plus radicales et dangereuses et sont poussées par une clique sectaire et dogmatique en coulisse. « Lorsqu’on cache un programme politique, c’est de la manipulation. Lorsqu’on dit que l’ancien président du Conseil central du Montréal métropolitain, un des hommes les plus puissants de l’univers syndical, qui est chef de Québec solidaire, est juste là pour coller des timbres, c’est de la manipulation », a dit Lisée en référence à Gaëtan Châteauneuf, qui est le chef officiel du parti sur les formulaires du Directeur général des élections (DGEQ). Bien sûr, il n’y a rien de nouveau ici, et Lisée ne peut pas ne pas savoir que Châteauneuf est seulement le « chef » sur papier car le DGEQ oblige les partis à en nommer un.

Ces attaques ont été suivies d’une entrevue éditoriale de plus d’une heure avec Le Devoir le vendredi suivant le débat, où Lisée a encore une fois concentré ses attaques sur QS. Puis, ce lundi, utilisant des techniques classiques pour susciter la « peur rouge », il a affirmé que QS est « ancré dans le marxisme » et qu’il est « anticapitaliste ». L’ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, est même sorti de sa retraite pour attaquer Manon Massé en disant qu’elle est irréaliste et que QS « vit dans un autre monde ». Il est même allé jusqu’à l’attaquer de manière mesquine et élitiste en critiquant la qualité de son français!

Se plaignant de ce que QS avait eu droit à une « partie gratuite » jusqu’ici, le PQ a fait appel à ses chiens de garde dans les médias, qui ont mis QS dans leur ligne de mire. Au cours de la dernière semaine, une pluie d’articles calomniateurs envers QS a déferlé, contenant toutes sortes d’affirmations sans fondement sur le parti afin d’apeurer la population et de la dissuader de voter pour le parti. Michel Hébert du Journal de Québec en a même profité pour donner de la publicité gratuite à La Riposte socialiste : « Faudrait aussi lire la Riposte socialiste, l’organe officiel des discrets petits copains de Québec Soliloquaires… À ne pas manquer surtout les rendez-vous marxistes de février, à l’Université de Concordia (…) »

La direction de QS a répondu en dénonçant ces attaques et en traitant Lisée de « désespéré ». Le coporte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, a publié une vidéo ce samedi intitulée « Nous marchons vers le pouvoir! » où il affirme, avec raison :« Depuis quelques jours, vous l’avez vu, on nous attaque. Voyez-y un signe que nous les dérangeons plus que jamais. S’ils persistent à nous attaquer comme ça, au fond, c’est parce qu’ils sentent bien que leurs jours au pouvoir sont comptés. »

Dans une entrevue sur le réseau anglophone de Radio-Canada, en réponse à la question « Quel type de révolutionnaire êtes-vous? Une socialiste révolutionnaire? Une marxiste révolutionnaire? », Massé a répondu : « Je pense que la révolution qu’emmène Québec solidaire, c’est une révolution qui met les changements climatiques et la population au centre de ses priorités. Si vous appelez ça le socialisme, bien sûr que nous le sommes. Vous appelez ça du marxisme? Oui, ça l’est. »

Elle a renchéri avec cette déclaration sur sa page Facebook :

« Si nos adversaires ont décidé qu’aider le monde avec une assurance dentaire publique et lutter contre les changements climatiques, c’est « du marxisme », bien c’est leur problème. Honnêtement, moi, les étiquettes, je m’en moque depuis toujours.

Le 1er octobre, les gens vont voter pour des idées. Ça, nos adversaires le savent, mais ils sont à court d’idées, donc ils passent leur dernière semaine de campagne à faire peur au monde. Qu’est-ce que ça dit, ça? Ça dit surtout qu’ils ont peur de nous. »

QS ne doit pas plier et doit répondre sans réserve à ces attaques. Malheureusement, Massé a clarifié depuis qu’elle n’est pas « marxiste » mais « extrêmement pragmatique ». Cependant, les gens en ont assez des politiciens « pragmatiques » qui ont dirigé le Québec de manière très « pragmatique » – pour le capitalisme. La popularité de QS n’est pas due à leur « pragmatisme », mais plutôt à leurs propositions audacieuses et même radicales. Le parti est vu comme une rupture radicale avec le passé et comme quelque chose de complètement différent des trois partis capitalistes. L’establishment semble avoir perdu la tête et les journaux contiennent presque exclusivement des attaques envers QS. La raison en est que les capitalistes voient QS comme une menace. Plus important encore, ils voient le potentiel d’un mouvement de masse suscité par l’enthousiasme autour du parti, et cela ne les réjouit pas non plus. Le Printemps érable de 2012 a fait trembler de peur la classe dirigeante québécoise, et c’est pourquoi ces gens mentent et couvrent de calomnies QS à quelques jours des élections.

Il est impossible d’être certain du résultat de l’élection. Selon toutes les prévisions, QS va enregistrer le meilleur score de son histoire. Avec plus de 70% de la population québécoise qui souhaite du changement, QS pourrait poursuivre sa montée jusqu’au 1er octobre et gagner gros.

Ces attaques envers QS démontrent que les capitalistes savent que leur système ne peut offrir que la misère et la souffrance pour la population. C’est pourquoi aussitôt que quiconque met de l’avant des propositions visant à régler la pauvreté et la souffrance dans notre société, ils sont taxés de « marxistes » comme QS en ce moment. Il y a un élément de vérité à cela : c’est seulement sous le socialisme que nous pourrons fournir de bons emplois, des soins dentaires gratuits, une éducation pour tous et protéger l’environnement. Les capitalistes le savent, et nous devrions le savoir nous aussi.