Lundi, le 13 juin dernier, 1800 travailleurs de Bombardier à Dorval et à Saint-Laurent sont entrés en grève pour une journée après avoir rejeté l’offre salariale de leur employeur à 76%.

Face à une inflation dramatique de 7,7% et aucun signe qu’elle va s’arrêter, la nouvelle offre salariale de Bombardier de 18,5% sur 5 ans est nettement insuffisante. Les patrons ont laissé savoir que c’était l’offre finale. Il faut se préparer à la grève illimitée pour les faire reculer!

Des patrons parasitaires

Cette lutte mérite notre attention, car elle vise les patrons parmi les plus parasitaires qui soient au Québec, eux qui se remplissent impunément les poches d’argent public depuis des années. On parle d’une entreprise qui a reçu 1,3 milliard de dollars du gouvernement du Québec en 2015, un an après s’être faite pincer à cacher de l’argent dans des paradis fiscaux au Luxembourg. 

L’offre finale de Bombardier est carrément insultante si l’on prend en compte que les dirigeants se sont accordé des augmentations de salaire de 50% en 2017! Ces augmentations faramineuses avaient été décidées alors même que l’entreprise profitait d’investissements massifs et de prêts de plusieurs centaines de millions de dollars des gouvernements canadiens et québécois pour pallier d’importantes difficultés financières.

En revanche, selon Éric Rancourt, l’agent d’affaires de l’Association internationale des machinistes et travailleurs de l’aérospatial (AIMTA) responsable de l’unité Bombardier, les employés ont déjà dû accepter certains amoindrissements dans leurs conditions de travail depuis des années. La frustration des travailleurs et leur sentiment d’abandon sont parfaitement légitimes.

Frapper là où ça fait mal

Sans surprise, le patronat a aussi blâmé la chute récente des actions de Bombardier sur les moyens de pression des employés syndiqués. La même journée que les travailleurs de Dorval et de Saint-Laurent sont entrés en grève, les actions de la compagnie ont chuté de 17,4% à la bourse. Il est ironique de voir ces patrons pleurnicher et blâmer les travailleurs pour leurs échecs à la bourse. Ce sont eux qui, au fil des ans, ont causé des pertes majeures à la compagnie, qui se sont montrés incapables de respecter leurs contrats avec différentes sociétés de transport public canadiennes et qui ont bâclé le développement du coûteux projet CSeries.

Cela dit, les travailleurs de Bombardier ne devraient pas laisser l’appétit du profit du patron les arrêter. Une grève efficace doit attaquer directement les intérêts des patrons, notamment en créant des pressions économiques. L’histoire nous a montré que les grèves, surtout celles qui sont combatives et qui réunissent un grand nombre d’employés sur des piquets durs (des piquets qui bloquent l’accès aux briseurs de grève), sont le meilleur moyen pour les travailleurs de gagner leurs négociations.

Le mouvement ouvrier doit appuyer les travailleurs de Bombardier

Les employés de Bombardier doivent voter mercredi s’ils acceptent cette offre finale de leurs patrons. Le rejet entraînerait le déclenchement d’une grève générale illimitée. Il y a quelques années, 18,5% sur cinq ans aurait été tolérable. Avec plus de 7% d’inflation, ce ne l’est plus. Si les travailleurs de Bombardier décident de mener la lutte, cela enverrait un exemple au reste du mouvement syndical sur la nécessité de véritablement freiner l’érosion de nos salaires.

Selon M. Rancourt, les employés cherchent « une reconnaissance des sacrifices qu’ils ont faits durant les dernières années pour aider l’entreprise ». Face à des patrons qui ont siphonné les fonds publics depuis des années, la lutte des travailleurs de Bombardier peut raisonner fort auprès de l’ensemble de la classe ouvrière québécoise.

Les travailleurs de Bombardier méritent un salaire décent et des conditions de travail adéquates, et le mouvement ouvrier en général doit les appuyer s’ils décident d’avoir recours à la grève illimitée.

Solidarité avec les travailleurs de Bombardier!