Le 29 octobre, ayant pris connaissance de la première journée de grève du Front commun, qui aura lieu le lundi 6 novembre, le gouvernement de la CAQ a déposé une nouvelle offre aux employés du Front commun. Cette offre est aussi insultante que la dernière. Elle propose une augmentation salariale de 10,3% sur cinq ans, ce qui est à peine 1,3% de plus que sa dernière offre, qui était de 9% sur cinq ans. La nouvelle offre est elle aussi en deçà de l’inflation qui gruge le portefeuille des travailleurs depuis deux ans.

Face à cela, les syndiqués du secteur public préparent la grève; le 6 novembre pour le Front commun, les 8-9 novembre pour la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec (FIQ), et une grève illimitée de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) qui commence le 23 novembre. 

Le bal est lancé. Mais pour gagner, les syndicats doivent agir à l’unisson, et aller tous en commun vers une grève illimitée.

Une offre qui appauvrit le personnel du secteur public

Contrairement à ce que François Legault essaie de nous faire croire, cette offre est complètement inacceptable pour les employés du secteur public, puisqu’elle n’atteint même pas le niveau d’inflation prévu par le gouvernement lui-même pour les cinq prochaines années. Même si la CAQ prétend offrir une augmentation de 13 à 14,8% aux membres du Front commun en incluant les montants forfaitaires et des augmentations différenciées dans ses chiffres, la réalité est claire, l’augmentation réelle pour la plupart des travailleuses et travailleurs du public sera de 10,3%. Si on tient compte de l’année 2022, où la population québécoise a subi une inflation frappante, nous aurions un taux d’inflation total de 16,6% d’ici 2026. La CAQ tente de diviser les travailleurs avec des augmentations différenciées. Nous ne pouvons que répondre par l’unité en revendiquant tous une augmentation supérieure à l’inflation.

En tenant compte de la situation, et du fait que le pouvoir d’achat des employées et employés du secteur public est en baisse depuis des décennies, le Front commun a une demande simple : une indexation salariale à l’indice des prix à la consommation ainsi qu’un rattrapage salarial. Une demande que le gouvernement refuse complètement de considérer, alors que celui-ci n’a pourtant pas hésité à se donner une augmentation de 30% cette année et à offrir une augmentation de 21% aux agents de la Sûreté du Québec. De même, la CAQ avait soudainement des poches profondes quand il est venu le temps de donner des milliards à la multinationale Northvolt récemment. L’hypocrisie saute aux yeux.

La situation est assez claire, il s’agit d’une guerre des classes. D’un côté, il y a les travailleurs et travailleuses qui veulent que l’appauvrissement cesse; de l’autre, un gouvernement qui représente le patronat et qui veut faire payer aux travailleurs une crise créée par les patrons. Leurs intérêts sont irréconciliables. La seule façon de gagner pour la classe ouvrière est d’employer les tactiques de lutte des classes. Si le Front commun veut gagner cette bataille, il faut que celui-ci exerce le mandat de grève générale limitée que ses membres ont voté à 95%!

Front commun : une première « journée » de grève

Bien qu’on puisse apercevoir un grand soutien pour la grève générale illimitée chez les membres du Front commun, ses dirigeants ont plutôt choisi une tactique d’escalade des moyens de pression. Le mandat de grève que ceux-ci avaient proposé était un de grève générale illimitée précédée de journées de grève séquentielles. 

Bien que des journées de grève ici et là avant la grève générale illimitée ne soient pas une mauvaise idée en tant que telle, il faut qu’elles soient utilisées pour mobiliser les membres, pour que les travailleuses et travailleurs réalisent le pouvoir qu’ils ont dans leurs mains, que rien ne fonctionne sans eux. C’est pourquoi la tactique choisie pour la première journée de grève est complètement bizarre. Les dirigeants du Front commun ont en effet annoncé que la grève du 6 novembre se déroulera de minuit à 10 heures pour ses membres qui travaillent dans le secteur scolaire, de minuit à midi pour les travailleurs dans les cégeps et dans la santé, la grève sera toute la journée, mais par petits blocs à tour de rôle.

De telles grèves partielles avaient été essayées par la Centrale des syndicats du Québec lors des négos de 2020-21, qui représentent surtout des employés des écoles. La raison donnée par ses dirigeants était qu’il s’agit d’une méthode « innovante » permettant aux syndicats d’exercer un moyen de pression sur l’administration tout en préservant le service pour la population. Mais en réalité, cette méthode n’atteint aucun des deux buts. Le service à la population sera tout de même affecté. Les parents vont devoir arriver en retard à leur travail pour apporter leurs enfants à l’école à 10h30, des cours seront annulés, le temps de service des institutions publiques sera réduit, bref, si on a peur d’énerver la population, ce genre de tactique n’est pas vraiment mieux qu’une grève conventionnelle. Ce moyen n’a pas comme effet non plus de faire réaliser aux syndiqués et syndiquées leur pouvoir et véritablement galvaniser les troupes. Si des grèves séquentielles ont lieu, ce devrait être pour susciter l’enthousiasme et préparer les grévistes dans le but de mener le mouvement jusqu’à la grève générale illimitée, qui est la méthode ultime pour faire plier le patronat. 

L’unité, l’outil le plus puissant de la classe ouvrière

Suite à l’annonce de la première journée de grève du Front commun du 6 novembre, la FIQ, qui ne fait pas partie du Front commun, a elle aussi annoncé ses premières journées de grève, qui auront lieu les 8 et 9 novembre. Beaucoup se demanderont : pourquoi agir séparément? Le principe de « l’unité fait la force » devrait être très connu, surtout dans le milieu syndical. 

De même, la FAE a maintenant annoncé une grève illimitée. Qu’arrivera-t-il si le Front et la FIQ ne suivent pas? 

Pour gagner, les travailleuses et travailleurs doivent se tenir ensemble. Même si la FIQ et la FAE ne font pas partie du Front commun, tous ont avantage à agir ensemble. Avec une grève illimitée de l’ensemble des travailleuses, les services publics seront paralysés davantage, mettant plus de pression sur le gouvernement de la CAQ. Après tout, tous les membres de ces syndicats ont un but commun : améliorer leurs conditions de travail et leur pouvoir d’achat, et freiner l’effondrement des services publics.

Les différents syndicats du secteur public ont le devoir de demeurer solidaires les uns des autres jusqu’à la fin. Aucun syndicat ne doit quitter la table de négociation si les demandes de tous ne sont pas satisfaites.

Les enjeux de cette lutte ne concernent pas juste les travailleurs du secteur public non plus. Le gouvernement n’attaque pas juste les services publics, mais la classe ouvrière entière. Une défaite donnerait le ton pour les autres luttes syndicales.  À l’inverse, une victoire du Front commun exercerait aussi une pression sur les employeurs du secteur privé, qui seraient poussés à concéder davantage à leurs propres travailleurs. C’est pour cela que tous les travailleurs du Québec ont intérêt à soutenir la lutte des employés du secteur public, à rejoindre leurs lignes de piquetage en masse les 6, 8 et 9 novembre, et se préparer à entrer en action si une loi spéciale est mise à l’ordre du jour.

Sous le capitalisme, rien ne nous est donné sans lutte. La CAQ nous fait la guerre, préparons la guerre des classes!