
« On est à la guerre. C’est la bataille de notre vie. »
« Ils vont créer un monstre. On va revenir puissants comme on ne l’aura jamais été. On va faire la job. On ne mettra pas un genou à terre. On va les battre, ces projets de loi. »
C’est dans ces termes que la présidente de la FTQ, Magali Picard, a parlé de lutter contre la CAQ et ses attaques contre le mouvement syndical. Elle a même évoqué l’idée d’organiser une « grève sociale » le 1er mai prochain!
La CAQ souhaite adopter le projet de loi 3 qui vise à s’ingérer dans le fonctionnement et les finances des syndicats, afin de compliquer leurs efforts de mobilisation. Cela s’ajoute à la Loi 14, qui donnera d’immenses pouvoirs au gouvernement pour limiter le droit de grève.
Cette offensive survient dans le contexte où le gouvernement, plus impopulaire que jamais, multiplie les attaques contre les travailleurs avec des coupes en santé et en éducation, entre autres.
Depuis très longtemps, le patronat québécois se plaint du mouvement ouvrier, et le PL3 et la Loi 14 sont de toute évidence des moyens d’affaiblir les syndicats pour leur plaire. Les capitalistes veulent avoir le champ libre pour attaquer nos conditions de vie, et le gouvernement veut attaquer les restes de l’État-providence avec le moins d’opposition possible. Ce sont eux qui ont déclaré la guerre.
Cependant, le ton du discours de Magali Picard détonne grandement des moyens de lutte proposés.
Elle affirme que « la seule opportunité qu’on a, c’est qu’on a des élections dans 10 mois » Elle a donc annoncé qu’une campagne de « lobby politique » va débuter pour convaincre le PQ, QS et les libéraux d’abroger ces lois s’ils prennent le pouvoir aux élections l’an prochain. La présidente de la CSN, Caroline Senneville, tenait un discours similaire récemment, affirmant que l’élection faisait entrevoir la lumière au bout du tunnel.
Pourtant, pas plus tard qu’il y a deux semaines, tous les partis à l’Assemblée nationale, à l’exception de Québec solidaire, ont fait barrage contre les travailleurs de la STM et ont voulu que le gouvernement accélère l’entrée en vigueur de la Loi 14 pour casser leur grève. Ils ont clairement montré de quel bord ils sont : celui de la classe capitaliste contre les travailleurs.
Dans son discours, Picard a elle-même fait allusion aux travailleurs qui veulent « arracher la tête » au chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, à cause de sa position sur la grève de la STM. Mais elle insiste que les travailleurs doivent se contenir car, selon elle, pour ne pas qu’un prochain parti au pouvoir impose des lois anti-syndicales, il faut « leur montrer qu’on est capable de faire preuve de dialogue social. »
Mais le PQ et les libéraux ne vont pas magiquement changer leur fusil d’épaule si nous sommes fins avec eux! Ces deux partis, qui ont gouverné pendant des décennies avant que la CAQ prennent le pouvoir, ont multiplié les attaques sur la classe ouvrière et n’ont pas hésité à recourir à la loi pour briser le mouvement ouvrier.
La réputation des libéraux comme parti du patronat n’est plus à faire. Quant au PQ, on l’a souvent vu présenter un discours favorable aux travailleurs pour se faire élire, pour ensuite attaquer le mouvement ouvrier une fois au pouvoir – les lois spéciales pour briser la grève des infirmières en 1999 et celle des travailleurs de la construction en 2013 en sont des exemples.
Actuellement, le PQ parle déjà de réduire la « bureaucratie » de l’État et PSPP souhaite construire un « environnement d’affaires parmi les plus intéressants au monde. » C’est le langage de la classe dominante. Sa position contre les travailleurs de la STM est un aperçu de ce qui viendra si le PQ prend le pouvoir. Aucune éventuelle promesse de PSPP pour favoriser les travailleurs ne doit être prise au sérieux.
Nous ne pouvons absolument pas faire confiance à ces partis. Ils ne seront jamais du côté des travailleurs.
Non seulement nous ne pouvons pas avoir confiance qu’un prochain gouvernement va retirer ces lois, mais nous ne pouvons pas non plus attendre les élections pour entrer en lutte. C’est maintenant que les travailleurs sont attaqués. Après les travailleurs de la STM, qui seront les prochains à se faire dire qu’ils « prennent la population en otage » et auront la Loi 14 comme épée de Damoclès au-dessus de leur tête?
Les directions syndicales doivent préparer les travailleurs dès maintenant à défier de telles lois antisyndicales lorsqu’elles seront appliquées. C’est entièrement possible de le faire : cet été les agents de bord d’Air Canada ont défié l’ordre de retour au travail du gouvernement, et l’ont rendu lettre morte. Il faut dès maintenant mobiliser un mouvement de masse pour forcer le gouvernement actuel à reculer.
La grande manifestation du 29 novembre doit être le point de départ d’une mobilisation de masse pour rendre inapplicables les lois antisyndicales de la CAQ.
Nous sommes entrés dans une époque de luttes de plus en plus irréconciliables entre patrons et travailleurs. Les patrons ne veulent plus faire de compromis, et se dotent des outils pour faire plier le mouvement ouvrier. Il en sera ainsi tant que nous restons sous le système capitaliste. Notre mouvement doit être armé de la perspective de renverser ce système. Le Parti communiste révolutionnaire se prépare pour les luttes à venir en unissant aujourd’hui les travailleurs et les jeunes qui veulent amener une perspective socialiste dans le mouvement. Joignez-vous à nous!