Ontario : Ford utilise la guerre commerciale pour attaquer l’environnement

Sous le couvert de la lutte contre les tarifs douaniers de Trump, la classe capitaliste canadienne intensifie ses attaques contre les travailleurs et les opprimés, mettant à nu la fiction qu’est « Équipe Canada ».

  • Matthew Puddister et Benoît Tanguay
  • jeu. 5 juin 2025
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Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, prépare une attaque massive contre les réglementations environnementales, les droits des Autochtones et le droit du travail, utilisant cyniquement la guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada pour éliminer tout obstacle aux profits capitalistes.

Le projet de loi 5, connu sous le nom orwellien de Loi de 2025 pour protéger l’Ontario en libérant son économie, confère au gouvernement de l’Ontario des pouvoirs immenses lui permettant d’exempter des entreprises des lois et règlements provinciaux et d’accélérer l’approbation de projets miniers et de sites d’enfouissement. Ford fait pression sur les députés pour qu’ils adoptent le projet de loi avant les vacances d’été, le 5 juin.

Dans sa partie sans doute la plus importante, le projet de loi 5 donne au cabinet du premier ministre le pouvoir illimité de déclarer n’importe quelle partie de l’Ontario une « zone économique spéciale », où les entreprises et les projets n’ont pas à se conformer aux lois et réglementations provinciales.

Le projet de loi éliminerait la loi ontarienne sur les espèces en voie de disparition en faveur d’une « loi sur la conservation des espèces », modifiant la définition de l’habitat pour n’inclure que les environs immédiats de la tanière ou du nid d’un animal. Il permettrait au gouvernement de passer outre le comité scientifique indépendant de la province qui détermine si les espèces sont menacées.

Les Premières Nations ont été parmi les plus acerbes dans leur opposition au projet de loi. Elles craignent qu’il soit utilisé pour bafouer leurs droits et imposer de grands projets de développement sur leurs territoires sans consultation.

Ford a déjà annoncé que le Cercle de feu, une région riche en minerai que les capitalistes convoitent depuis longtemps en tant que source de matières premières pour les batteries des véhicules électriques, serait la première à être désignée comme zone économique spéciale. De nombreuses communautés autochtones se trouvent dans cette région. 

Linda Debassige, cheffe du grand conseil de la nation Anishinabek en Ontario, a averti le gouvernement que « si ce projet de loi est adopté dans sa forme actuelle, nous ne serons plus tranquilles [we will be idle no more] », une référence au mouvement autochtone de masse qui a balayé le Canada en 2012.

Ce projet de loi est manifestement un cadeau de Ford à ses riches amis, un moyen d’augmenter encore leurs profits. Sous le couvert de la lutte contre les tarifs douaniers de Trump, la classe capitaliste canadienne intensifie ses attaques contre les travailleurs et les opprimés, mettant à nu la fiction qu’est « Équipe Canada ».

Ceci étant dit, il y a une logique implacable dans ce projet de loi. Comme l’a expliqué Stephen Lecce, ministre de l’Énergie et des Mines de l’Ontario : « Si l’Australie, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, les États-Unis et la Corée du Sud peuvent ouvrir une mine plus rapidement que l’Ontario, comment pouvons-nous rester en arrière? »

Tandis que le capitalisme s’enfonce de plus en plus dans la crise, la concurrence entre les capitalistes des différentes nations sur le marché mondial devient de plus en plus féroce. C’est ce qui est à l’origine de la guerre commerciale.

Dans ce contexte, tous les obstacles à la réalisation de profits, qu’il s’agisse de réglementations en matière d’environnement, de travail ou autre, désavantagent les capitalistes nationaux. Il en résulte une course vers le bas, où ils mettront en péril tout ce qui rend la vie supportable pour la classe ouvrière.