Une offensive est en cours sur les campus de Montréal pour calomnier, provoquer et salir les militants qui s’opposent au nettoyage ethnique de la Palestine par Israël. 

Nous souhaitons dénoncer sans détour ces tentatives par les administrations universitaires, les politiciens capitalistes et les médias d’attaquer ainsi le mouvement de solidarité avec les Palestiniens. Nous invitons les associations étudiantes, les syndicats étudiants et quiconque défend la cause des opprimés à faire de même.

Provocation à Concordia

Le principal événement ayant fait la manchette est une échauffourée survenue ce mercredi 8 novembre à Concordia. Que s’est-il passé?

Le groupe SPHR Concordia (Solidarity for Palestinian Human Rights) avait annoncé plusieurs jours à l’avance une vente de keffieh (le foulard palestinien) sur le campus pour financer de l’aide humanitaire à Gaza. La vente a attiré au moins une centaine de personnes. Au cours de la vente, des militants sionistes du groupe Hillel, sortis de nulle part, ont également installé leur table. Ils étaient présents avec des affiches et pancartes, visiblement prêts pour une manifestation. Naturellement, aucun média n’a rapporté ce contexte, qui pointe vers une évidente provocation.

C’est à cause de cette provocation délibérée que les tensions ont monté. La sécurité s’est interposée, entourant les sionistes qui étaient largement en infériorité numérique. L’un d’entre eux tentait délibérément de provoquer les militants pro-Palestiniens, faisant même pleurer une jeune femme arabe. Certains se moquaient du fait que les Gazaouis n’ont pas d’eau ou de nourriture. Encore une fois, personne dans les médias n’en a parlé. La tension est montée, et une échauffourée a suivi. L’événement s’est transformé en un petit rassemblement où les étudiants criaient en coeur « Free free Palestine ».

Il n’en fallait pas plus pour que tous les médias et les politiciens sautent sur cette histoire et la déforment. 

Ignorant la provocation d’étudiants sionistes, les médias et politiciens ont mis l’altercation dans le même panier que de récents actes d’antisémitisme, par exemple la mairesse Valérie Plante : 

Plus flagrant encore, Marc Miller, député du Parti libéral du Canada, a présenté les faits de manière totalement unilatérale, dénonçant le « ciblage violent d’étudiants juifs à Concordia » : 

La publication partagée par Miller, une vidéo de huit secondes, présente faussement une personne militante comme balançant une insulte anti-juive (« k*ke »). Cette personne a expliqué ne jamais avoir entendu ce mot avant la controverse, et qu’iel traitait de « cunt » une autre personne qui la menaçait de violences sexuelles. Personne chez les grands médias et les politiciens ne semble s’attarder à cette version plus complète des faits.

CTV News, de son côté, présente le tout comme si les étudiants pro-Israël étaient là en premier, et que les militants pro-Palestiniens s’en sont pris à eux sans raison. Le Journal de Montréal cite une personne qui qualifie l’événement de « rassemblement haineux contre des étudiants juifs ». Le National Post parle de « foule anti-Israël » violente. 

Ces méthodes ne sont pas nouvelles. Il s’agit de dépeindre le mouvement de solidarité avec la Palestine comme étant rempli de haine, de violence et d’antisémitisme. 

McGill et UQAM

À McGill, le groupe SPHR McGill a été l’un des premiers à être attaqué sur un campus canadien au début du mois d’octobre. L’administration en a rajouté une couche cette semaine. 

Le directeur de l’université a envoyé une missive à tous les étudiants dénonçant une affiche partagée par SPHR McGill faisant la promotion d’une manifestation pour Gaza. Celle-ci est qualifiée d’ « antisémite » car elle montre une manifestation où des gens brisent des fenêtres! Le recteur insinue aussi que les militants palestiniens ont partagé cette affiche délibérément autour de l’anniversaire d’un tristement célèbre pogrom antisémite des nazis en 1938, le « Kristallnacht ». Ces calomnies sont naturellement reprises par notre torchon national, le Journal de Montréal. Fait notable, les Voix juives indépendantes de McGill ont dénoncé cette déclaration franchement stupide et absurde.

À l’UQAM, le recteur a écrit aux étudiants en dénonçant des « tracts haineux » distribués sur le campus supposément antisémites. Pourtant les seules citations venant du tract accusent le recteur et un professeur de ne pas dénoncer le génocide et le nettoyage ethnique en Palestine. Une autre citation souligne l’émeute contre Netanyahu – le boucher actuel de Gaza – à Montréal en 2002, et la nécessité de lutter contre « le complexe militaro-industriel » d’Israël. Qu’est-ce que cela peut bien avoir à voir avec l’antisémitisme? 

Ces mystérieux tracts ont d’ailleurs fait l’objet d’un article complètement malhonnête dans le Journal de Montréal. La journaliste, qui admet n’avoir pas vu le tract, affirme sans preuve que le caractère antisémite « se trouverait dans la façon de les distribuer », supposément à des professeurs au nom à « consonance juive ». Nous avons parlé à une personne qui affirme les avoir distribués sous toutes les portes, et non en visant quiconque en particulier. Cette dénonciation pour antisémitisme n’est basée sur rien du tout.

Ces deux exemples sont d’une imbécilité déconcertante. N’ayant rien pu dire sur le mouvement de solidarité qui grandit depuis des semaines, ces dirigeants d’université et leurs amis n’ont d’autre choix que de faire une montagne avec rien. 

Le rôle propagandiste des médias sous le capitalisme n’a jamais été aussi évident qu’en ce moment. Ils accordent une couverture médiatique la plus minimale possible aux manifestations de dizaines de milliers de personnes chaque semaine à Montréal. Mais sitôt qu’ils ont l’occasion de dépeindre les militants comme une bande d’antisémites, ils ne manquent pas une occasion d’écrire autant d’articles qu’ils le peuvent. 

Hypocrisie répugnante

Ces actes s’inscrivent dans une tendance que nous voyons partout en Occident, où quiconque prend la défense du peuple palestinien est calomnié, sali, voire carrément réprimé. François Legault, d’ailleurs, a affirmé qu’il n’exclut pas d’interdire certaines manifestations en lien avec la guerre contre le peuple palestinien. Nous devons résister à ces attaques, d’où qu’elles proviennent.

Le mouvement de solidarité avec la Palestine fait face à des ennemis puissants; l’État, les gouvernements et politiciens capitalistes, les administrations des universités, et les médias. Mais les manifestations des dernières semaines montrent que nous avons la force du nombre. Tandis que les horreurs à Gaza se multiplient, des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs se rallient instinctivement à la cause. Nous devons poursuivre la mobilisation, sur tous les campus, dans le mouvement syndical et dans la rue.

Les véritables actes antisémites des derniers jours, notamment à Montréal où des coups de feu ont été tirés sur des écoles juives par exemple, sont entièrement condamnables. Cela dit, les auteurs de ces actes sont inconnus, et il est totalement malhonnête de tenter de les associer au mouvement de solidarité avec la Palestine. Nous rejetons toutes les tentatives basses de dépeindre les militants et le mouvement comme chargés d’antisémitisme. Les fomenteurs de violence et de racisme, ce sont les capitalistes, les politiciens et les médias complices qui soutiennent le régime sioniste en Israël. Ce sont tous ces gens qui ont du sang sur les mains.

Nous continuerons à nous mobiliser contre le nettoyage ethnique des Palestiniens. Aucune calomnie, aucune intimidation, aucun mensonge, aucune attaque sur nos droits démocratiques ne doivent nous arrêter. Tout le mouvement doit se tenir debout face aux tentatives de démoniser le mouvement de solidarité.

L’impérialisme canadien a du sang sur les mains!

Non aux attaques contre le mouvement pro-Palestine!

Intifada jusqu’à la victoire!

Signé par : 
La Riposte socialiste à l’UQAM et à l’UdeM
Socialist Fightback Concordia
Socialist Fightback McGill
Dawson Communists