Révolution contre les milliardaires

La « démocratie » dans laquelle nous vivons n’est rien d’autre qu’une dictature des milliardaires.

  • La rédaction
  • mer. 27 août 2025
Partager
Photo : Austin Granger/Flickr

S’il y a une figure qui capture l’humeur de notre époque, c’est bien Luigi Mangione. Avoir assassiné le PDG d’une compagnie d’assurance a immédiatement fait de lui un héros populaire. 

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi.

Il est devenu le symbole de la colère bouillonnante contre les milliardaires, qui possèdent et contrôlent tout. 

Alors que la vie devient de plus en plus difficile pour les travailleurs, la richesse des milliardaires atteint des sommets. Depuis cette année, le monde compte un peu plus de 3000 milliardaires, qui détiennent une fortune combinée de 16 100 milliards de dollars. Ce montant a augmenté de 2000 milliards de dollars depuis 2024. Pour donner un exemple de l’obscénité de la situation, les 420 milliards de dollars d’Elon Musk représentent plus que l’économie de l’Égypte, de l’Iran, du Pakistan, de l’Afrique du Sud ou du Nigeria, certains des pays les plus peuplés du monde.

Dictature des milliardaires

Mais non seulement les ultrariches possèdent d’énormes richesses, mais ils exercent également un contrôle énorme sur les gouvernements du monde et sur tous les aspects fondamentaux de nos vies.

Aux États-Unis, en 2024, les milliardaires ont dépensé plus de 2 milliards de dollars pour les campagnes présidentielles et législatives des démocrates et des républicains, garantissant ainsi que leurs intérêts soient servis, quel que soit le résultat de l’élection.

Alors qu’au Canada, les règles relatives aux dépenses électorales sont beaucoup plus strictes, les riches finissent quand même par tirer les ficelles. Les politiciens, les bureaucrates, les banquiers et les hommes d’affaires font tous partie du même club – un club dont nous ne faisons pas partie. Une fois que les politiciens ont terminé leur carrière consacrée à réduire les impôts et à accorder des subventions aux entreprises, ils sont récompensés par des emplois lucratifs et confortables en tant que membres de conseils d’administration et conseillers d’entreprises.

Pour citer quelques exemples : l’ancien premier ministre Jean Chrétien est devenu conseiller international pour Ivanhoe Energy ; l’ancien premier ministre Stephen Harper est actuellement président du conseil d’administration de l’Alberta Investment Management Corporation ; l’ancien premier ministre du Québec Lucien Bouchard a été président de l’Association pétrolière et gazière du Québec, parmi de nombreux autres postes similaires.

Cette fois encore, les milliardaires se sont rangés derrière Mark Carney qui, en échange, a adopté une politique de « portes ouvertes » pour l’élite des entreprises canadiennes. Il n’est donc pas surprenant qu’il se plie à leurs exigences en réduisant les dépenses publiques, en sabrant dans les impôts et la réglementation et en augmentant massivement le budget militaire.

Mais contrôler le gouvernement n’est pas le seul moyen pour les milliardaires d’exercer leur pouvoir. La plupart des grandes décisions qui régissent nos vies – qu’il s’agisse de ce que nous mangeons, de ce que nous portons, de la façon dont nous dormons ou de la manière dont nous travaillons – sont en fait prises dans les salles de conseil d’administration des entreprises, dominées par les milliardaires et leurs laquais. C’est eux qui prennent toutes les grandes décisions économiques qui déterminent si des millions de personnes auront les moyens d’avoir un toit au-dessus de leur tête.

Et si vous avez envisagé de dénoncer cette situation, bonne chance, car ils contrôlent également les médias, qu’ils soient traditionnels ou sociaux. Grâce à ce puissant outil, ils dominent l’esprit des gens, orientent les débats politiques, censurent les discours, etc.

Inévitablement, la conclusion est que la « démocratie » dans laquelle nous vivons n’est rien d’autre qu’une dictature des milliardaires. Quel que soit le parti au pouvoir, les milliardaires contrôlent l’économie et utilisent ce pouvoir pour contrôler le gouvernement. C’est pourquoi les gouvernements favorisent toujours les riches au détriment des pauvres.

Abolir les milliardaires?

Face à cette situation, certaines personnalités et partis de gauche en Europe et en Amérique du Nord ont senti cette colère et tentent de la canaliser.

Au Royaume-Uni, par exemple, le nouveau parti lancé par Jeremy Corbyn et Zarah Sultana pour « s’attaquer aux riches et aux puissants » reçoit un soutien considérable.

À New York, le prochain maire sera probablement Zohran Mamdani, qui a déclaré : « Je ne pense pas que nous devrions avoir des milliardaires parce que, franchement, c’est tellement d’argent à un moment où il y a tellement d’inégalités, et en fin de compte, ce dont nous avons besoin, c’est d’une plus grande égalité dans notre ville, dans notre État et dans notre pays. »

Parce qu’il est perçu comme s’engageant dans la lutte contre les milliardaires, Mamdani a connu une fantastique montée en popularité. Ce phénomène est similaire à celui observé autour de Bernie Sanders, qui affirme que « les milliardaires ne devraient pas exister », et de Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), qui a déclaré qu’« un système qui permet aux milliardaires d’exister est immoral ».

Le plan de Sanders en 2020 prévoyait un impôt de 8% sur les richesses supérieures à 1 milliard de dollars. Mamdani, quant à lui, prévoit d’augmenter le taux d’imposition maximal des sociétés à New York de 7,25% à 11,5%.

Mais il y a quelques problèmes avec ces plans.

Tout d’abord, aucun de ces plans n’éliminera les milliardaires. En fait, il est clair, en écoutant les propos de ces politiciens, qu’ils n’ont pas l’intention d’éliminer les milliardaires, mais seulement de les taxer légèrement. Par exemple, AOC a fini par revenir sur ses propos, en déclarant : « Je ne pense pas que cela signifie nécessairement que tous les milliardaires sont immoraux. »

Mamdani a également déclaré : « J’ai hâte de travailler avec tout le monde, y compris les milliardaires, pour créer une ville qui soit juste pour tous. »

Mais deuxièmement, et surtout, le problème de ces politiques est qu’aucune d’entre elles ne s’attaque au problème à la racine. Elles ne remettent pas en cause le système économique, elles proposent seulement d’en atténuer les effets négatifs. Aucune d’entre elles ne remet en cause le droit d’exister des milliardaires, qui découle du fait qu’ils possèdent tout.

La nature de l’État capitaliste

Les riches ne sont pas puissants parce qu’ils contrôlent le gouvernement – ils contrôlent le gouvernement parce qu’ils sont puissants. 

Et leur puissance réside dans leur contrôle de l’économie. Ils sont des capitalistes – ils possèdent ce qu’on appelle les moyens de production : les terres, les usines, les ressources naturelles, etc. Toute l’économie est une dictature des capitalistes, qui la gèrent pour maximiser leurs profits.

Et l’État est leur outil pour faciliter cet enrichissement. Comme disait Karl Marx dans le Manifeste du Parti communiste, « le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière ». 

Théoriquement, nous vivons dans une démocratie. Des représentants des travailleurs et des pauvres peuvent être élus au parlement. Mais le parlementarisme n’est qu’un masque servant à donner l’illusion de choix.

En pratique, un parti de gauche, aussi radical soit-il, aurait beau se faire élire et prendre la tête de l’État, il découvrirait rapidement que la démocratie n’existe que dans la mesure où elle sert les intérêts de la classe capitaliste. Cette dernière utiliserait immédiatement sa puissance économique pour saboter n’importe quel gouvernement démocratiquement élu allant à l’encontre de ses intérêts. 

Cela est particulièrement vrai à notre époque. Dans la période d’après-guerre, en plein boom économique, le réformisme apparaissait comme une solution sensée. Les capitalistes avaient une certaine marge de manœuvre pour faire des concessions aux travailleurs. Pour empêcher une révolution par le bas, ils ont concédé des réformes par le haut – ce que l’on a appelé l’État-providence.

Aujourd’hui, dans une époque de crise économique, le capitalisme n’a pas l’espace pour des réformes. L’une après l’autre, les réformes obtenues par le passé se voient démantelées.

Les gouvernements réformistes élus à notre époque se trouvent rapidement confrontés à l’opposition en bloc des capitalistes, ce qui les force à choisir : rompre avec le capitalisme, ou abandonner tout programme de réforme sérieux. 

Cela s’est vu avec le gouvernement néodémocrate de Bob Rae en Ontario dans les années 90, qui a plié face au sabotage économique des capitalistes et abandonné toutes les réformes progressistes contenues dans son programme, et a même procédé à des coupes dans les services sociaux. On l’a vu aussi en France il y a une décennie avec le Parti socialiste de François Hollande – qui a dû abandonner sa promesse d’augmenter les impôts des riches devant leurs menaces de fuite de capitaux. On l’a vu encore en Grèce en 2015 avec le parti Syriza, qui a capitulé devant la pression des capitalistes européens et a fini par mettre en œuvre l’un des pires plans d’austérité de l’histoire du pays.

Une solution révolutionnaire

On ne peut s’opposer aux milliardaires à moitié – quiconque s’attaque à eux doit être prêt à aller jusqu’au bout. Comme un dragon gardant un trésor, on ne peut s’imaginer pouvoir prendre quelques pièces d’or seulement – il faut terrasser le dragon, ou périr dans les flammes. Il nous faut une révolution. 

Alors que certains continuent de soutenir qu’une révolution est impossible, ils doivent vivre sur une autre planète. Dans un pays après l’autre, des mouvements de masse, des grèves et même des révolutions surviennent, renversant des gouvernements et ébranlant le règne des milliardaires.

Même aux États-Unis et au Canada, les masses ne supportent plus la domination d’une petite poignée de milliardaires qui nous pressent jusqu’à la dernière goutte de profit. Une conscience révolutionnaire commence à se émerger – on voit un rejet total du statu quo, de toutes les institutions et de tous les partis du capitalisme, et la recherche d’une nouvelle voie à suivre. La popularité de Luigi Mangione en est la preuve.

Par conséquent, ce n’est qu’une question de temps avant qu’une révolution des masses contre les milliardaires éclate ici aussi. C’est à cela que se prépare le Parti communiste révolutionnaire.

Nous devons bâtir un parti révolutionnaire de masse, composé de militants communistes armés des idées marxistes. Ce parti sera le véhicule pour donner aux masses un programme de lutte lorsque le moment viendra.

Un tel parti sera une force capable non seulement de tenir tête aux milliardaires, mais de se battre pour une nouvelle société sans pauvreté, sans racisme, sans destruction de l’environnement – une société débarrassée des maux du capitalisme.

Nous en appelons à la « génération Luigi » à nous rejoindre pour bâtir ce parti.