
Les 2400 employés d’entretien de la Société de transports de Montréal (STM) ont entamé le 9 juin une grève qui pourrait durer jusqu’au 17 juin. Les services de métro et d’autobus ont été considérablement réduits. Personne ne peut ignorer leur grève. Et l’ensemble du mouvement ouvrier doit les soutenir.
Hystérie médiatique
Ce qui est particulièrement frappant avec cette grève est la campagne complètement démagogique des médias visant à démoniser les grévistes. « Le monde qui gagne 100 000 dollars par année prend en otage ceux qui en gagnent 35 000 dollars » disait Mario Dumont à TVA Nouvelles. « L’impact majeur, il touche qui? Les gens qui n’ont pas les moyens que les syndiqués, eux, ont », lançait Paul Larocque.
Ces médias qui ne cessent de cracher sur les pauvres prétendent maintenant se préoccuper de leur sort. Les commentateurs de l’empire Québecor, bien connus pour leur zèle à promouvoir la voiture individuelle et à s’opposer aux efforts pour développer les transports en commun, ont soudainement découvert que ceux-ci sont essentiels! L’objectif est très clair : monter une partie des travailleurs contre les autres.
La grève
Après un an de négociation infructueuse avec l’employeur, les travailleurs de l’entretien ont été forcés de faire grève afin de stopper les reculs dans les conditions de travail imposés par la STM : davantage d’horaires atypiques « jour-soir-nuit », pouvoir déplacer plus facilement les travailleurs d’un endroit à l’autre, ainsi que recourir à la sous-traitance et à la privatisation de certains services d’entretien. Déjà, les conditions de travail sont difficiles, les horaires de soir et de fin de semaine étant imposés aux nouveaux salariés pendant de nombreuses années, ce qui provoque un problème de rétention.
Pour ce qui est de la rémunération, le syndicat demande une hausse de 25% sur cinq ans, pour compenser à juste titre l’inflation des dernières années, tandis que la STM affirme ne pouvoir offrir qu’un maigre 11 ou 12% qui ne rattrape aucunement l’augmentation du coût de la vie.
Heureusement, les grévistes ne sont pas seuls. Les chauffeurs et les opérateurs de métro possèdent eux aussi un mandat de grève et pourraient bientôt rejoindre leurs collègues. Les chauffeurs appuient le débrayage à 99%. Une grève concertée de tous les employés de la STM aurait l’effet d’accroître considérablement leur rapport de force.
Cependant, le Tribunal administratif du travail (TAT) a contraint les travailleurs à assurer les services pendant les heures de pointe et pendant le Grand Prix de Formule 1 en fin de semaine. Le TAT leur a retiré leur meilleure arme, en rendant la grève beaucoup plus inoffensive.
Si les travailleurs défiaient cette directive, en menant la charge conjointement avec les autres syndicats de la STM, la partie patronale serait immédiatement mise au pied du mur. L’immense perturbation provoquée, alors que des centaines de milliers de touristes se retrouveraient sans moyen de transport, pourrait forcer la STM à reculer.
Des transports qui s’effondrent
Toutefois, même si les travailleurs l’emportent, il est vrai que la STM est en mauvaise posture. Elle accuse un déficit d’entretien de 6 milliards de dollars sur 10 ans et un manque à gagner de 281 millions de dollars par an – une situation provoquée par les politiques de sous-financement chronique du gouvernement Legault et de ses prédécesseurs, similaire à celle que l’on voit dans la santé, les CPE, et d’autres services publics.
Trente-et-une stations de métro sont considérées comme en mauvais état et une part de 38% des tunnels a besoin de travaux importants, révélait le Plan annuel de gestion des investissements publics en infrastructures 2025-2026 du gouvernement du Québec. La station Peel, par exemple, contient une poutre endommagée qui présente un risque de chute de béton.
Le président du syndicat en est même arrivé à la conclusion que la STM se sert de la grève de ses employés pour faire pression sur le gouvernement afin d’obtenir plus de financement pour les transports en commun!
Cependant la STM est elle aussi fautive. Le syndicat dénonce depuis des années le recours à la sous-traitance, une pratique qui vise à miner les syndicats, mais qui coûte en fait « deux à trois fois plus cher ». « On parle ici d’un exemple flagrant de mauvaise gestion », disait le vice-président et trésorier de la FEESP–CSN.
Valérie Plante, la mairesse de Montréal, partage aussi une part de responsabilité. Dans son budget 2023, elle coupait dans les services de la STM, déficitaire de 78 millions de dollars, pour mieux augmenter le budget de la police municipale de 63 millions.
Legault, Plante et la STM sont tous coupables de sous-financer nos transports en commun. La prochaine station de métro à s’effondrer sera leur faute.
Le fait qu’année après année le transport en commun se détériore, tout en coûtant toujours plus cher aux usagers, témoigne du fait que nous vivons dans un système lui aussi au bord de l’effondrement, incapable de nous offrir des services aussi essentiels que les transports en commun.
C’est pour toutes ces raisons que les communistes du PCR offrent leur solidarité inconditionnelle aux travailleurs de la STM. Une grève victorieuse serait un pas de l’avant important dans la préservation de nos services sociaux contre les attaques du capitalisme.