Quatre mois après avoir mis 530 travailleurs de l’usine de Lachine en lockout, Rolls-Royce annonce le congédiement du président de leur syndicat, Frédéric Labelle. Les patrons l’accusent d’avoir supposément pris en filature un des dirigeants de la compagnie. En réalité, ce congédiement n’est qu’un autre de ces coups bas que se permet Rolls-Royce contre ces travailleurs qui luttent pour des conditions décentes.

Le déclenchement du lockout lui-même avait donné le ton et montré que les patrons ne s’arrêteraient à rien. En mars dernier, alors que les travailleurs de l’usine d’entretien de moteurs d’avions de Lachine étaient réunis en assemblée générale pour faire le point sur les négociations qui piétinaient depuis des mois déjà, Rolls-Royce les a lockouté. Suite à quoi une grève a été immédiatement déclenchée avec l’appui de 94% des travailleurs. 

Depuis le début, Rolls-Royce s’acharne à intimider les travailleurs pour briser la solidarité entre eux. L’entreprise, de son propre aveu, a fait usage de briseurs de grève pour remplacer les travailleurs syndiqués lockoutés. 

En plus de bafouer les lois du travail, ajoutant l’insulte à l’injure, les patrons se sont trouvés des excuses bidons pour poursuivre 150 des lockoutés pour outrage au tribunal. Pour forcer les travailleurs à accepter des reculs dans leurs conditions de vie et de travail et pour renflouer les poches des actionnaires de Rolls-Royce, tous les moyens sont bons. L’accusation contre le président du syndicat est la plus récente tentative d’intimider, de briser le moral des travailleurs et de les forcer à capituler.

Le président a affirmé ne pas se laisser abattre : « Ceux qui pensaient me ralentir et m’affecter par ceci, me connaissent mal! Au contraire, ceci solidifie ma position et me donne l’énergie pour continuer. Collègues, notre bataille est noble, est solide et historique. Vous méritez un fond de pension garanti et des salaires décents! »

Mais cela pose la question des conditions d’une victoire. En ce moment, Rolls-Royce peut se permettre de garder les syndiqués de la CSN en lock-out et de faire stagner les négociations pendant plusieurs mois en utilisant des scabs à tour de bras pour les remplacer, ce qui est censé être illégal, avec la complicité du  SPVM. Mais briser la loi pour les patrons, ça finit au pire avec une petite tape sur la main au tribunal. La loi n’est clairement pas du côté des travailleurs.

Les tactiques basses actuelles des patrons sont dignes de celles des années 30, 60 et 70. Ce faisant, ils nous forcent à nous aussi revenir aux méthodes combatives de cette époque. Devant les patrons qui escaladent la lutte en s’attaquant au président,  les travailleurs doivent escalader la lutte eux aussi. Il faut exiger la réembauche de Frédéric Labelle, et soutenir cette revendication par un appel à une mobilisation plus large. Il faut être prêt à défendre l’intégrité des lignes de piquetage et raviver la tradition des piquets durs dans le mouvement : piquet de grève, on ne passe pas! La force des travailleurs, c’est la force du nombre. La lutte chez Rolls Royce est un point focal du mouvement ouvrier présentement. Les travailleurs ne peuvent être laissés à eux-mêmes : la CSN et les autres centrales doivent mobiliser leurs membres pour venir gonfler les piquets par la solidarité active.

Solidarité avec les travailleurs de Rolls-Royce!