Crédit : André Querry

Plus de 450 personnes ont bravé la pluie et le vent hier le 6 septembre à l’occasion de la manifestation syndicale anticapitaliste de la fête du Travail. C’est La Riposte syndicale qui avait lancé cette nouvelle tradition avec le STTIC-CSN l’an passé, et nous sommes heureux d’avoir été parmi les principaux organisateurs de cette deuxième édition. Alors qu’une vingtaine d’organisations et syndicats avaient endossé l’événement l’an dernier, ce sont 30 organisations qui ont appuyé la manifestation de 2021!

Alors que le système capitaliste s’enfonce toujours davantage dans la crise, la manifestation se déroulait sous trois slogans représentant des enjeux urgents :

CONTRE LE CAPITALISME!
POUR UN SYNDICALISME DE COMBAT, CONTRE LES LOIS SPÉCIALES!
BLOQUONS LE PL59 DE LA CAQ!

C’est Jérémie Dhavernas, du Mouvement Action-Chômage, qui a lancé les discours. Il a souligné comment le chômage massif déclenché par la pandémie démontre la désuétude du système capitaliste. Alors que la PCU et la PCRE ont permis à des millions de travailleurs de garder la tête hors de l’eau, les capitalistes souhaitent maintenant la couper. C’est d’une hypocrisie incroyable, alors qu’ils ont eux-mêmes reçu des subventions monstre. « Plus du tiers des 100 patrons les mieux rémunérés au Canada en 2019 dirigeaient une entreprise qui a bénéficié de la subvention salariale d’urgence du Canada », a-t-il fait ressortir.

Dominique Daigneault du CCMM-CSN CSN et Marc-Édouard Joubert du CRFTQMM ont ensuite tenu un discours commun, pour symboliser l’importance de l’unité de la classe ouvrière. Comme ils l’ont dit, les patrons sont organisés et unis, nous devons l’être aussi. Ils ont dénoncé le projet de loi 59, une contre-réforme de la santé et la sécurité. Avec le projet de loi 59, le patronat tente de limiter l’accès des travailleurs à l’indemnisation à la réparation. « Ils préfèrent faire passer l’argent avant notre santé et notre vie. » Mais comme l’a souligné Dominique, « sans nous, les patrons ne sont rien. Sans les travailleurs, pas de production de biens, pas de prestation de services. » Des propos importants, dont tout le mouvement ouvrier devrait se souvenir.

Puis, avant le début de la marche, Sébastien Roy, infirmier et membre de La Riposte syndicale, a parlé de la situation horrible dans le réseau de la santé. Il a expliqué que s’il y a bien un secteur qui a besoin de raviver le syndicalisme de combat, c’est le milieu infirmier. Il a critiqué la convention collective acceptée par son syndicat, la FIQ, expliquant que la direction syndicale avait eu peur d’aller en grève, parce qu’elle craignait de se faire imposer une loi spéciale. Il a expliqué que ces lois sont une épée de Damoclès au-dessus du mouvement syndical et que tôt ou tard, nos syndicats vont devoir défier ces lois pour défendre notre droit de grève. Il a appelé à ce que nous discutions dans le mouvement d’un plan concret pour y arriver. Il a terminé en soulignant que les sit-in qui continuent dans les hôpitaux témoignent de la volonté de se battre et a appelé à un syndicalisme combatif, prêt à défier les lois spéciales et à lutter contre le système capitaliste.

La marche s’est dirigée sur la rue Sherbrooke vers le centre-ville, alors que la pluie battante et les orages avaient cessé juste à temps. Deux camarades de La Riposte syndicale ont animé la manifestation avec des slogans comme « Crise économique, crise du capitalisme », « Travailleurs, unis, contre les lois spéciales », « Réforme patronale, réplique générale », et bien d’autres.

La Riposte syndicale avait mobilisé un contingent d’environ 70 personnes pour cet événement.

Crédit : Jérémie Ekker-Lambert

La manifestation s’est terminée à l’angle de Saint-Laurent et Sainte-Catherine, où trois discours sont venus clore l’événement. Julien Arseneau, membre de La Riposte syndicale, a commencé par souligner que la manifestation prenait fin tout près de l’hôtel DoubleTree, où les employés affiliés à la CSN entraient en grève ce jour-là. Les manifestants ont applaudi et scandé « Travailleurs, unis, jamais ne seront vaincus » en signe de solidarité.
Puis Julien a parlé du fait que chaque jour, les capitalistes montrent qu’ils sont incapables de diriger la société. Il a mentionné l’exemple du président du Conseil du patronat qui, commentant la revendication du salaire minimum à 18 dollars l’heure, a affirmé : « Tout le monde veut bien vivre, mais malheureusement, l’économie ne fonctionne pas tout à fait de cette façon. » Il s’agit là d’une condamnation implacable du système capitaliste directement de la bouche d’un de ses défenseurs. Julien a ensuite expliqué que nous ne pouvons nous contenter d’être contre le capitalisme; il faut aussi être pour quelque chose. Le mouvement syndical doit redécouvrir sa riche tradition socialiste et doit lutter pour que les travailleurs prennent le contrôle démocratique de l’économie.

Par la suite, Hugo Charette, membre du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, a donné un discours passionné dénonçant les affres du système capitaliste, notamment son incapacité à faire face à la crise environnementale. En tant que postier, il ne pouvait passer sous silence les lois spéciales, que le gouvernement fédéral a utilisées plus d’une fois dans les dernières années contre les grèves des postiers. Il a appelé à discuter sérieusement de comment combattre ces lois, affirmant que les contestations en cour ne suffisent pas. 

La manifestation s’est terminée avec un discours de Geneviève Raymond du STTIC-CSN, qui a remercié les quelque 30 groupes qui ont endossé l’événement, et donné rendez-vous aux militants présents pour l’édition 2022! Comme elle l’a dit, le mouvement syndical est capable de se tenir debout lorsque les travailleurs et travailleuses se font attaquer.

Crédit : Jérémie Ekker-Lambert

Ce potentiel doit maintenant être mobilisé. Les salaires réels stagnent depuis des décennies, et malheureusement, les ententes acceptées cette année dans le secteur public ne vont pas inverser la tendance. Les lois spéciales gangrènent le mouvement, et les patrons veulent couper dans la santé et la sécurité. Nous entrons dans une période de lutte de classe intense. Tôt ou tard, il faudra que les directions syndicales renouent avec les méthodes combatives qui nous ont fait gagner par le passé. Pour cela, il faudra abandonner toute illusion dans la possibilité de raisonner avec les patrons. Cela signifie comprendre que la lutte syndicale est une lutte entre deux classes aux intérêts opposés et irréconciliables. Et ultimement, le mouvement ouvrier devra revenir à ses racines socialistes, parce que nos conditions de vie et de travail seront toujours en danger tant que l’économie restera entre les mains des capitalistes.

Joignez-vous à nous pour défendre cette perspective dans le mouvement ouvrier!


Liste des organisations qui ont endossé l’événement :

Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Association of McGill University Support Employees/Le Syndicat des employé.e.s occassionel.le.s de l’Université McGill (AMUSE)
ASSS Maintenant ou jamais
Au bas de l’échelle
Comité Chômage de l’Est de Montréal
Conseil central du Montréal métropolitain – CSN
Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
Game Workers Unite Montréal
Hoodstock
IATSE 262
IWW Montréal
Mouvement Action-Chômage Montréal
Mob Pour les services publics
Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE)
Regroupement RÉCIFS
La Riposte syndicale
SCFP 2850
SCFP 2881
SCFP 2960
SCFP 5425
SEMB-SAQ – CSN
SÉSUM
SÉTUE-UQAM
STT d’Oasis Animation – CSN
STTIC – CSN
STTP National
STTP – Section locale de Montréal
Syndicat TRAC Union
Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades (UTTAM)