Photo : Maksim Sokolov (Maxergon), CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Justin Trudeau a enfin obtenu son moment « Just watch me ». Au Canada, il semble que les grands personnages et événements historiques se répètent effectivement deux fois. Pierre Elliott Trudeau devient Justin Trudeau, la Loi sur les mesures de guerre devient la Loi sur les mesures d’urgence. Marx avait raison : la première fois était vraiment une tragédie, et la seconde est une farce.

Après des semaines d’inaction, le gouvernement Trudeau a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence pour faire face au « Convoi de la liberté » et aux barrages frontaliers. Cette loi confère au gouvernement fédéral des pouvoirs étendus lui permettant d’ignorer les droits démocratiques normaux et l’application régulière de la loi.

Il y a eu une certaine confusion, y compris à gauche, sur le bien fondé de soutenir ou non le gouvernement Trudeau dans la répression des convois et des barrages. Quelle position les socialistes et les organisations de la classe ouvrière devraient-ils adopter?

La Loi sur les mesures d’urgence

La Loi sur les mesures d’urgence accorde des pouvoirs extraordinaires à l’État en cas d’urgence nationale. Il s’agit d’une loi draconienne qui renforce considérablement l’appareil répressif de l’État fédéral. Toutefois, il convient de souligner qu’il s’agit d’une version quelque peu édulcorée de la Loi sur les mesures de guerre, qu’elle a remplacée en 1988 par suite des atteintes aux droits civils pendant la Crise d’octobre de 1970. En théorie, la Loi sur les mesures d’urgence prévoit davantage de contrôles et de contrepoids parlementaires sur l’utilisation des pouvoirs d’urgence par le gouvernement. Elle ne constitue pas une déclaration de loi martiale et, contrairement à la Loi sur les mesures de guerre, elle ne peut être utilisée pour suspendre les libertés civiles ou passer outre à la Charte des droits et libertés.

Cependant, la Loi sur les mesures d’urgence n’est pas une blague et accorde au cabinet fédéral des pouvoirs sans précédent, y compris la capacité de déroger temporairement aux lois existantes et d’assumer les compétences des provinces et des municipalités.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) est autorisée à faire appliquer les règlements municipaux et les lois provinciales et la police dispose de « plus d’outils pour rétablir l’ordre », notamment la possibilité d’imposer des amendes et d’emprisonner des personnes. Par exemple, la Loi sur les mesures d’urgence confère au gouvernement fédéral le pouvoir d’imposer des amendes pouvant aller jusqu’à 5000 dollars ou d’emprisonner les personnes qui enfreignent les ordres jusqu’à cinq ans.

La loi est invoquée pour faire face à une urgence d’ordre public. Cela signifie que le cabinet a le pouvoir d’interdire les « assemblées publiques dont il est raisonnable de penser qu’elles auraient pour effet de troubler la paix ». La loi permet également à l’État de désigner et d’aménager des « lieux protégés » et d’interdire les déplacements vers, depuis ou à l’intérieur de toute zone désignée et permet au gouvernement d’interdire l’utilisation de « biens désignés ». La colline du Parlement et les postes frontaliers qui ont été bloqués seront déclarés zones interdites.

La police aura désormais aussi le pouvoir d’ordonner à « des personnes désignées de fournir des services essentiels afin de réduire les répercussions des blocages ». Cette disposition est invoquée pour obliger les entreprises de remorquage à aider à dégager les véhicules des barrages. Les dépanneuses ont refusé de remorquer les véhicules se trouvant dans les barrages routiers de la police à Ottawa et à Coutts, car « aider les forces de l’ordre à les dégager nuirait probablement à leur gagne-pain à l’avenir ». Lorsque la police a dégagé le barrage du pont Ambassador, elle a été obligée d’utiliser des dépanneuses d’entreprises américaines.

La Loi sur les mesures d’urgence permet au gouvernement fédéral de prendre des mesures financières en ordonnant aux institutions financières de cesser de fournir des services et de geler des comptes bancaires. La vice-première ministre Chrystia Freeland a également déclaré que les institutions financières devaient geler les comptes bancaires et suspendre la couverture d’assurance des participants aux manifestations, ce qui peut désormais être fait sans ordonnance du tribunal.

Incidemment, ces mesures financières révèlent également que le « Convoi de la liberté » n’est pas vraiment un mouvement de camionneurs issu de la classe ouvrière. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de camionneurs salariés dans le convoi et les blocages. Il y en a clairement. Mais combien de camionneurs salariés peuvent se permettre de prendre des semaines de congé pour manifester à Ottawa? Il y a un fil Twitter intéressant qui documente tous les différents camions représentant les diverses entreprises impliquées dans le convoi. La plupart sont en fait des propriétaires-exploitants indépendants et des propriétaires d’entreprises de transport – dont beaucoup ont également reçu une aide de l’État pendant la pandémie, comme la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC). Cela montre que le convoi est en réalité un véhicule pour défendre les intérêts des propriétaires d’entreprises de transport, et non des travailleurs.

Mobilisation de la classe ouvrière

Trudeau a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence pour s’occuper du « Convoi de la liberté » et des blocages aux postes frontaliers. Le fait est, cependant, que ces lois peuvent être utilisées aussi bien contre les participants au convoi que contre les contre-manifestants.

En effet, ce sont les contre-manifestations croissantes contre les convois qui ont finalement convaincu Trudeau de recourir à la loi. Un article récent de Reuters explique que « la frustration suscitée par l’incapacité de la police canadienne à lever les barrages à la frontière et dans la capitale, ainsi que les scènes de manifestants se prélassant dans des jacuzzis près du Parlement, ont finalement poussé le premier ministre Justin Trudeau à demander des pouvoirs d’urgence ».

L’article ajoute que, près de trois semaines après le début des convois et des blocages, le gouvernement s’est rendu compte que « l’application de la loi ne se faisait pas » et, surtout, que « l’accumulation de scènes chaotiques en provenance d’Ottawa le week-end dernier, avec des centaines de résidents qui sont sortis pour empêcher un autre convoi de se joindre aux manifestants, a été de trop ».

Ce n’est pas une coïncidence si Trudeau n’a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence qu’après ce week-end, alors que plusieurs contre-manifestations organisées spontanément contre les convois ont eu lieu dans les villes du pays. Le blocage de la colline du Parlement et de divers postes frontaliers pendant des jours et des semaines est une chose, mais le fait que la classe ouvrière se mobilise pour prendre les choses en main et faire face aux convois était de trop pour le gouvernement Trudeau. Trudeau utilisera les pouvoirs de l’état d’urgence pour réprimer le « Convoi de la liberté », mais il les utilisera aussi pour arrêter la mobilisation croissante de la classe ouvrière contre les convois et les blocages.

Le gouvernement Trudeau a utilisé la menace de violence politique de la part de certains participants aux convois pour justifier le recours à la Loi sur les mesures d’urgence pour réprimer les blocages. Pendant des semaines, des rumeurs ont circulé sur le fait que certains participants au blocus étaient armés. Matt Gurney, journaliste au National Post, a fait un reportage sur le centre de commandement du « Convoi de la liberté ». Il a déclaré que « a police est très au courant de l’existence du site, et elle est très inquiète de la présence d’une faction organisée de droite dure qui n’est pas là pour protester contre les mandats et les passeports vaccinaux, mais pour créer directement un conflit avec le gouvernement ». La GRC a également saisi une cache d’armes et arrêté 13 personnes au barrage de Coutts, en Alberta.

Cette menace de violence de la part de l’extrême droite pour justifier le recours à la Loi sur les mesures d’urgence ne tient pas la route. Lors des raids de la GRC contre les Wet’suwet’en à la fin de l’année dernière, la police a justifié sa réponse violente et militarisée en disant qu’elle s’attendait à une résistance plus féroce après que les manifestants aient « appelé à la guerre » sur les médias sociaux. Elle s’attendait à ce que les défenseurs des terres soient armés. Il s’est avéré que les défenseurs des Wet’suwet’en n’étaient pas armés. Mais la police est clairement capable de répondre à des situations où des armes peuvent être impliquées, et n’a pas eu besoin de la Loi sur les mesures d’urgence pour réprimer violemment ce blocus, mais seulement d’une injonction du tribunal. Cela montre que la menace de violence politique proférée par certains membres du convoi n’est qu’une couverture pour recourir à la Loi sur les mesures d’urgence. La véritable raison est d’arrêter la mobilisation spontanée de la classe ouvrière. L’État perd le contrôle de la situation et le perdrait complètement si la classe ouvrière prenait les choses en main par une mobilisation de masse. C’est ce qui a finalement forcé Trudeau à agir.

Changements d’opinion

La nature de classe du « Convoi de la liberté » a été révélée à tous. Le convoi est un véhicule pour les propriétaires de sociétés de camionnage et le mouvement d’extrême droite anti-vax. Lorsque les convois ont commencé, il y avait une certaine sympathie parmi les masses, en particulier pour les camionneurs salariés, mais le soutien au mouvement s’est effondré lorsque sa véritable nature a été révélée.

Les mobilisations s’amenuisent également. Les blocages ont rassemblé un nombre relativement faible de véhicules, et les convois copiés dans d’autres villes diminuent de semaine en semaine. Alors que les foules à Ottawa le premier week-end étaient de l’ordre de 8 000 à 10 000 personnes, avec environ 4 000 véhicules impliqués, il n’y a maintenant qu’environ 360 véhicules qui bloquent la colline du Parlement. Cela reste un nombre important de véhicules bloquant le centre-ville d’Ottawa, mais les chiffres diminuent tout de même.

Les opinions sur les convois et les mesures contre la pandémie se polarisent et se durcissent. Un récent sondage Angus Reid montre que « si l’objectif du Convoi de la liberté était de capter l’attention de millions de personnes au Canada et dans le monde entier – mission accomplie. Si, par contre, l’objectif était d’obtenir un soutien pour leurs revendications visant à mettre fin aux restrictions liées à la pandémie – cela s’est complètement retourné contre eux. De nouvelles données sur l’opinion publique fournies par l’institut à but non lucratif Angus Reid montrent qu’après plus de deux semaines d’agitation, les Canadiens sont désormais plus susceptibles de s’opposer aux mesures demandées par les manifestants. »

Lorsque les convois ont commencé, une majorité de Canadiens (54%) pensaient qu’il était temps de supprimer les restrictions liées à la pandémie. Selon Angus Reid, « au cours des semaines qui ont suivi leur intervention directe dans la conversation sur les restrictions, les manifestants ont vu le pendule retourner contre leur point de vue. Un Canadien sur trois (33%) affirme qu’il soutient les demandes du convoi visant à mettre fin à toutes les restrictions en matière de santé publique et aux obligations vaccinales. »

Les convois ont mis les gens en colère. Beaucoup ont réalisé que les convois et les blocages ne sont pas un mouvement de travailleurs. Les personnes vivant dans les zones touchées par les convois et les blocus en ont assez des perturbations et du bruit. Ils veulent reprendre le contrôle de leurs communautés et protéger leurs quartiers du racisme et du harcèlement.

Beaucoup de gens de la classe ouvrière veulent que quelque chose soit fait au sujet du « Convoi de la liberté ». La présence de l’extrême droite, ainsi que les slogans fascistes et racistes, sont répugnants. Les gens sont motivés pour défendre les travailleurs de la santé contre le harcèlement des participants au convoi.

Le sondage Angus Reid mentionné ci-dessus a donné d’autres résultats intéressants : 69% sont opposés à l’approche et au comportement des convois, contre 27% qui les soutiennent. Quelque 72% pensent qu’il est temps pour les participants aux convois de rentrer chez eux. Il est intéressant de noter que 68% préfèrent que les convois soient traités par la force et non par la négociation : 45% souhaitent que la police applique la loi et fasse partir les manifestants, et 23% que l’armée soit appelée à intervenir.

En l’absence de mobilisation du mouvement ouvrier contre les convois et l’extrême droite, de nombreuses personnes, même à gauche, se sont tournées vers l’État pour qu’il fasse quelque chose.

Hypocrisie de la police

Les événements entourant les convois et les blocus entraînent des changements de conscience de classe. À première vue, une répression policière ou militaire des convois serait réactionnaire. Mais la police n’a pas réprimé les convois et les blocages. En fait, la police a semblé dorloter les participants.

Les gens ont commencé à se demander ce qui se passait. En invoquant la Loi sur les mesures d’urgence, Trudeau a déclaré : « Il est maintenant clair que la capacité des forces de l’ordre à faire respecter la loi de manière efficace est sérieusement compromise. » Mais ce que nous avons vu, ce n’est pas une incapacité, mais un manque de volonté d’appliquer la loi.

L’hypocrisie et le deux poids deux mesures de la police à l’égard du « Convoi de la liberté » ont été étalés au grand jour. Tout le monde peut le constater. Si des militants autochtones, par exemple, avaient bloqué la colline du Parlement et d’importants postes-frontières, toute la puissance de la police aurait été déchaînée très rapidement pour les dégager. Il suffit de comparer la réponse de la police aux blocages de Wet’suwet’en et de 1492 Land Back Lane pour voir la différence.

La police savait également à quoi s’attendre avec le « Convoi de la liberté ». La police d’Ottawa a prétendu avoir été prise au dépourvu par le blocus, mais cela semble difficile à imaginer. La police d’Ottawa et la Police provinciale de l’Ontario (PPO) ont délibérément ignoré tous les signes avant-coureurs indiquant que le convoi était un véhicule de l’extrême droite. Ils ont aussi délibérément ignoré toutes les déclarations publiques indiquant que le convoi avait l’intention de bloquer la colline du Parlement. La PPO surveillait les convois et comptait les véhicules sur les autoroutes de la province jusqu’à la capitale, mais la police d’Ottawa s’est quand même retrouvée sans préparation et en infériorité numérique. Comparez cette situation avec la réponse de la police aux manifestations du G20 à Toronto en 2010. Dans cette situation, la police s’était préparée de manière intensive aux manifestations et avait fait venir par avion des milliers de policiers supplémentaires de tout le pays.

Cette réticence de la police à faire respecter la loi s’explique en partie par le fait que beaucoup sympathisent avec le « Convoi de la liberté ». Cela explique pourquoi la police dorlote les participants aux convois et aux blocages. Des participants au convoi à Ottawa ont déclaré que la police avait été « formidable chaque week-end jusqu’à présent » et ont dit : « Nous surveillons les arrières des policiers, et ils surveillent nos arrières. »

La police est censée confisquer le carburant et les bidons d’essence dans le cadre de sa surveillance du blocage, mais il y a eu de nombreux cas de participants au convoi transportant des bidons devant la police qui se contentait de regarder. D’autres ont vu des participants du convoi danser autour des voitures de police avec des bidons. Certains ont décrit le blocus d’Ottawa comme ressemblant davantage à une fête d’avant-match qu’à une manifestation. Des écrans vidéo géants, des tentes pour la nourriture, des jacuzzi et des saunas ont été installés, bien que la police d’Ottawa ait déclaré qu’elle allait réprimer les infractions aux règlements municipaux.

Chaque jour, des exemples montrent que de plus en plus de policiers soutiennent les convois. Dans une vidéo TikTok, un agent de la PPO a exprimé son soutien au « Convoi pour la liberté » lors d’un contrôle routier. Il a notamment déclaré : « Je comprends ce que vous faites. Je vous soutiens à 100%. » Un autre agent de la PPO a laissé les participants au blocus prendre des photos à l’arrière de sa voiture de police. Récemment, nous avons également vu des scènes où des policiers embrassaient et serraient la main des manifestants alors que le blocus de la frontière de Coutts touchait à sa fin.

Sur le plan individuel, de nombreux policiers sont des racistes de droite qui sympathisent déjà avec l’extrême droite. Mais il y aura aussi de la sympathie parmi les policiers pour les politiques anti-vaccins et anti-obligation vaccinale du convoi. La plupart des policiers d’Ottawa sont vaccinés, mais le syndicat de police s’oppose à l’obligation vaccinale de la ville pour les policiers. D’autres syndicats de police et des agents individuels à travers le pays sont en colère contre les obligations vaccinales. Les policiers ne seront pas enchantés à l’idée de dégager un blocus anti-obligation vaccinale avec lequel ils sont essentiellement d’accord.

D’autres raisons politiques expliquent la réticence de la police à appliquer la loi en ce qui concerne le convoi. La police a tendance à mépriser les politiciens qu’elle considère comme lui liant les mains. À la suite du mouvement Black Lives Matter en 2020 et des appels au définancement de la police, de nombreux policiers se sentent aujourd’hui carrément trahis par l’establishment politique. Cela est devenu un problème en ce qui concerne l’application de la loi lors du blocage du convoi à Ottawa.

Selon un récent article de la CBC, le chef du syndicat de la police d’Ottawa « a également qualifié les conseillers municipaux de « maladivement hypocrites » pour avoir « crié et pleuré pour obtenir des ressources policières afin d’assister leurs communautés » pendant cette manifestation – après avoir soutenu une réduction du budget de la police à la fin de 2021 ».

Démontrant les nombreux liens qui existent entre les forces de l’ordre, l’armée et l’extrême droite, des membres à la retraite et actifs de la police et de l’armée ont également rejoint le blocus du convoi. Un groupe appelé Police on Guard a publiquement soutenu le « Convoi de la liberté » et affirme avoir des troupes sur le terrain à Ottawa. Ce groupe comprend quelque 150 policiers, pour la plupart à la retraite, et 50 anciens soldats des Forces canadiennes. L’armée canadienne enquête également sur au moins six soldats actifs pour avoir soutenu les manifestations du convoi. Il s’agit notamment de deux membres de l’unité de forces spéciales de la Deuxième Force opérationnelle interarmées (FOI2).

La direction du « Convoi de la liberté » comprend Daniel Bulford, chef de la sécurité du convoi. Il s’agit d’un ancien officier de la GRC qui a déjà fait partie de la garde rapprochée du premier ministre, mais qui a démissionné après avoir refusé la vaccination. Tom Quiggin, un ancien officier du renseignement militaire qui a également travaillé avec la GRC et qui est considéré comme un expert de premier plan en matière de lutte contre le terrorisme, fait également partie de la direction, tout comme Tom Marazzo, un autre ancien officier. Dans une vidéo d’une de leurs conférences de presse, M. Bulford se vante de ses relations étroites avec la GRC, le Service de protection parlementaire, la police d’Ottawa et la police de Gatineau.

Mobilisation spontanée

Les gens ont commencé à se demander pourquoi les blocages autochtones sont attaqués et dégagés rapidement, alors que les blocages de la colline du Parlement et des postes frontières par l’extrême droite et les réactionnaires anti-vax sont autorisés à se poursuivre indéfiniment? Pourquoi les injonctions adoptées pour limiter le bruit et le ravitaillement des convois et des blocus ne sont-elles pas appliquées?

L’impact économique des blocages est une explication partielle, mais elle est plus profonde que cela. En tant qu’institution, la police est le protecteur de la propriété privée et un élément clé de l’État bourgeois. Le blocus du centre-ville d’Ottawa aura un impact économique, mais il n’est pas comparable à l’impact économique de certains blocus autochtones récents. Par exemple, les blocages des Wet’suwet’en ont perturbé la construction du plus grand projet d’investissement de l’histoire du Canada.

Cela pourrait peut-être expliquer pourquoi on a laissé le blocus d’Ottawa s’installer. Mais qu’en est-il des blocages des frontières par les convois? Il est estimé que le blocus de Coutts, en Alberta, bloquait quelque 40 millions de dollars par jour en marchandises. Peut-être que 40 millions de dollars par jour n’était pas assez élevé.

On se serait aussi imaginé que la police aurait été motivée à lever le blocus du pont Ambassador, qui relie Windsor, en Ontario, à Detroit, dans le Michigan. Ce pont est le point de passage terrestre le plus fréquenté entre le Canada et les États-Unis, et les échanges commerciaux entre les deux pays s’y élèvent à quelque 700 millions de dollars par jour. Le blocus a finalement été levé après près d’une semaine de pression intense de la part des États-Unis, mais « la police de Windsor les a en quelque sorte laissé faire ».

Les gens ont pu voir l’hypocrisie et se sont rendu compte que la police ne voulait rien faire contre les convois. Les gouvernements, eux aussi, ne semblaient pas disposés à faire quoi que ce soit. Le premier ministre conservateur de l’Ontario, Doug Ford, parle avec fermeté des manifestations et des blocages autochtones, mais n’a rien fait contre les blocages à Ottawa et au pont Ambassador. Le premier ministre conservateur de l’Alberta, Jason Kenney, a dénoncé les blocages de solidarité avec Wet’suwet’en en 2020. Il a ensuite adopté une loi draconienne interdisant les blocages et les manifestations autour des infrastructures essentielles pour écraser tout mouvement de ce type à l’avenir. Mais lorsque le blocage inspiré par le « Convoi de la liberté » a été mis en place au poste frontière de Coutts, lui et la police ont traité les manifestants avec des gants de velours.

L’autorité et la légitimité de l’État et de la police s’érodaient. Les gens ont décidé que si le gouvernement et la police ne faisaient rien contre les convois et les blocages, ils devaient prendre les choses en main.

C’est précisément ce qui s’est passé le week-end dernier. Des contre-manifestations spontanées contre les « Convois de la liberté » ont été organisées à Ottawa, Kingston, Winnipeg, Edmonton et Montréal. Une contre-manifestation était prévue à Toronto, mais elle a été annulée à la dernière minute sous prétexte que l’état d’urgence avait été déclaré. C’est regrettable, car il est possible que la contre-manifestation de Toronto aurait été plus grosse que le convoi.

La contre-manifestation à Kingston a réussi à perturber le convoi dans cette ville. Les événements à Ottawa ce ont été spectaculaires. La contre-manifestation y a non seulement réussi à empêcher un convoi de rejoindre le blocus du centre-ville autour de la colline parlementaire, mais l’a forcé à faire demi-tour, vaincu.

La contre-manifestation d’Ottawa a été organisée par un chargé de cours de l’Université Carleton. Il avait appris qu’un convoi allait entrer dans la ville pour rejoindre le blocus du centre-ville. Il s’est servi d’un groupe Facebook de son quartier, où l’on organise surtout des sorties avec des enfants et des promenades de chiens, pour mobiliser des gens qui s’opposeraient au convoi. Ils ont fini par prendre le contrôle d’une intersection et ont réussi à bloquer le convoi. La contre-manifestation était pacifique, mais parce qu’ils ont réussi à vaincre le convoi, ces événements ont maintenant été surnommés « La bataille de Billings Bridge ».

Lorsque la contre-manifestation a commencé, il n’y avait que deux douzaines de personnes. De plus en plus de gens ont commencé à arriver et ils étaient assez nombreux pour arrêter les 35 véhicules du convoi. Les contre-manifestants avaient le contrôle total du carrefour et, tout en bloquant le convoi, ils ont laissé passer la circulation locale.

La police est arrivée en quelques minutes. Selon les organisateurs de la contre-manifestation, la police est « entrée en force », mais un accord a finalement été conclu parce que les contre-manifestants ont refusé de se laisser intimider. La police a été beaucoup plus agressive envers les contre-manifestants qu’envers les blocages et convois. La police d’Edmonton a envoyé deux fourgons cellulaires et plus de 20 agents armés de matraques pour réprimer un petit groupe pacifique composé principalement de parents qui avaient bloqué un convoi tentant de se rendre au centre-ville. La situation était similaire à Montréal, où des policiers en tenue anti-émeute et portant des insignes « Thin Blue Line » (« Mince ligne bleue ») ont tenté d’intimider les contre-manifestants.

À Ottawa, des dizaines de volontaires se sont présentés pour aider à bloquer le convoi, avant d’être rejoints par des centaines d’autres. On estime que plus de 1000 personnes se sont finalement présentées. Les participants à la contre-manifestation ont exprimé leur frustration face à l’inefficacité des forces de l’ordre jusqu’à présent, et ont donc pris les choses en main. Un participant a déclaré : « Les gens se mobilisaient organiquement là où nous en avions besoin. C’est arrivé tout seul. Je n’ai jamais rien vu de tel. »

En un seul après-midi, cette contre-manifestation spontanée a réussi à faire plus concernant les convois que la police et les gouvernements en près de trois semaines. Après avoir constaté le succès de la contre-manifestation, l’organisateur a déclaré : « Nous pourrions bloquer [les participants au convoi]. Nous pourrions créer une chaîne humaine et la fermer si la police ne le fait pas. »

Les contre-manifestants ont remporté une grande victoire et ont montré la voie pour vaincre les convois et les blocages. Selon un article du National Post :

« Les décisions étaient prises par consensus. Au fil des heures, des “cercles de discussion” ont été organisés pour décider des conditions de libération des camions. Personne ne voulait que les camions puissent faire demi-tour et se rendre au centre-ville en empruntant une autre route, ou retourner à la base de ravitaillement sur Coventry Road […].

Alors que le soleil se couchait et que les températures baissaient, les chauffeurs de camions du convoi ont été autorisés à effectuer une “retraite négociée – ils ont été autorisés à partir un par un, mais seulement après avoir retiré les drapeaux et les autocollants « Freedom Convoy » de leurs camions et remis leurs bidons.

L’expression sur leurs visages lorsqu’ils retiraient leurs drapeaux était celle de la défaite, pas de la fierté […]. »

C’est un excellent exemple de la façon dont la classe ouvrière peut se mobiliser pour vaincre le convoi. Nous ne pouvons pas compter sur l’État pour faire face au convoi. Comme l’a dit un contre-manifestant, « ça fait du bien de reprendre un peu de pouvoir. Nous ne sommes pas pour les balles en caoutchouc et les gaz lacrymogènes. Nous voulons simplement récupérer notre ville. Il va falloir que les citoyens bloquent les grandes artères, puis ça va se faire. »

L’État paralysé

L’État canadien a été paralysé tout au long de cette crise. L’explication est en partie une question de compétences – les différents ordres de gouvernement jouent à la patate chaude en utilisant les compétences comme excuse. Les gouvernements municipaux renvoient la balle aux gouvernements provinciaux, qui la renvoient aux autorités fédérales, qui la renvoient ensuite aux municipalités et aux provinces. Une réponse unie de l’État aux convois était impossible parce que les différents ordres de gouvernement ne voulaient pas assumer la responsabilité de ce gâchis.

Personne ne veut être responsable des retombées politiques, surtout si les choses tournent mal. Par exemple, les passages frontaliers sont une responsabilité fédérale, mais la police locale est responsable de l’application de la loi là où ils se trouvent. Qui prend la responsabilité de lever un blocus ayant des ramifications politiques majeures?

La police d’Ottawa est responsable du maintien de l’ordre dans la ville, mais faire la police pour un blocus de la colline parlementaire, avec des implications politiques nationales potentiellement importantes, ne va pas sans poser de problèmes. Si la situation est mal gérée, elle pourrait créer un problème qui dépasse le chef de police et le maire d’Ottawa. Ils ont fait appel aux autorités provinciales pour obtenir de l’aide. Mais le premier ministre Doug Ford est confronté au même problème, surtout en année électorale.

Il y a également eu des divisions dans l’État sur la façon de traiter le convoi. Le gouvernement fédéral libéral et le gouvernement provincial conservateur de l’Ontario appuient la Loi sur les mesures d’urgence et veulent que la police évacue les manifestations et les barrages. Les gouvernements conservateurs de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba et du Québec s’opposent à l’utilisation de cette loi, du moins chez eux.

Le gouvernement fédéral a critiqué le travail de la police à Ottawa et au pont Ambassador. L’ancien chef de police de Toronto et actuel ministre de la Protection civile, Bill Blair, a critiqué la police et a déclaré : « Ils doivent faire leur travail. » Il a qualifié d’« inexplicable » le défaut de la police d’Ottawa à faire appliquer la loi. La police, de son côté, sympathise généralement avec les convois.

Le maire d’Ottawa a dû admettre que le gouvernement local et la police avaient perdu le contrôle de la ville. L’État et la police perdaient leur légitimité et leur autorité. Cela s’est même traduit par un article humoristique sur le site satirique The Beaverton, intitulé : « La police est invitée à donner un coup de main dans les bureaux et les magasins, pendant que les habitants d’Ottawa font leur travail à leur place ».

Avec la capitale nationale « en état de siège » et la multiplication des blocages aux frontières, l’État perdait le contrôle de la situation. Le gouvernement fédéral a été contraint d’intervenir pour reprendre le contrôle et restaurer la légitimité de l’État en général. Cela est devenu particulièrement important avec les contre-manifestations spontanées et les conflits avec la police. L’État doit rétablir l’ordre et arrêter le mouvement indépendant de la classe ouvrière. La répression des convois comble le vide créé par le manque d’application de la loi par la police, et la Loi sur les mesures d’urgence peut également être utilisée pour arrêter les contre-manifestations.

Il faut se mobiliser pour vaincre les convois!

La question de savoir qui vaincra l’extrême droite et comment le faire est importante. Pour l’instant, les convois pourraient être délogés par le renforcement de l’État à l’aide de pouvoirs d’urgence répressifs ou par la mobilisation de masse de la classe ouvrière.

L’État peut sévir contre l’extrême droite, mais ne pourra jamais la vaincre. L’État sympathise avec l’extrême droite, même s’il n’est pas d’accord avec ses méthodes. L’État n’a peut-être pas besoin de l’extrême droite et de ses méthodes dans l’immédiat, mais à un moment donné dans le futur, elles pourraient s’avérer utiles pour attaquer la classe ouvrière. La police peut être utilisée pour dégager les convois, mais l’État capitaliste ne sera jamais en mesure de résoudre les facteurs économiques et sociaux qui donnent naissance à l’extrême droite. C’est pourquoi la classe ouvrière, mobilisée sur la base d’un programme socialiste, est la seule force dans la société qui peut vaincre l’extrême droite.

Le chef du NPD fédéral, Jagmeet Singh, a critiqué le manque de leadership de Trudeau, qui a laissé le convoi et les barrages s’installer et n’a pas « répondu de manière appropriée ». Il a demandé à Trudeau de « faire preuve de leadership » et de « régler ce problème ». En refusant de mobiliser une réponse de la classe ouvrière à la pandémie et aux convois, Singh compte sur l’État capitaliste et « tous ses outils et ressources » pour arrêter les blocages. C’est pourquoi le NPD fédéral appuiera la mise en œuvre de la Loi sur les mesures d’urgence au Parlement.

Le NPD commet une grave erreur en appuyant la Loi sur les mesures d’urgence. En agissant ainsi, le parti soutient le renforcement de l’appareil répressif de l’État fédéral. Renforcer l’État pour agir contre les convois n’arrêtera pas l’extrême droite et nuira à la classe ouvrière et à ses organisations à long terme, car ces pouvoirs d’urgence seront inévitablement utilisés contre la classe ouvrière.

Les freins et contrepoids de la Loi sur les mesures d’urgence seraient affaiblis dans une situation où le gouvernement serait majoritaire, mais avec un gouvernement minoritaire, il serait possible de bloquer l’utilisation de cette loi. Le NPD a la balance du pouvoir sur cette question. Elle ne serait pas adoptée si le parti ne l’appuyait pas. Le pire, c’est que le NPD a été impliqué dans le sabotage de la mobilisation pour les contre-manifestations contre les convois, ce qui rend le soutien du parti à la Loi sur les mesures d’urgence encore plus scandaleux.

La situation dans les syndicats n’est guère meilleure. Sous pression, l’Alliance de la fonction publique du Canada a organisé une manifestation la veille de la « Bataille de Billings Bridge ». Quelque 4000 personnes ont participé à cette manifestation, ce qui montre le potentiel de mobilisation. Mais la manifestation s’est déroulée dans un endroit éloigné et n’a joué aucun rôle dans le blocage du convoi.

Les usines automobiles ont été fermées pendant le blocus du pont Ambassador. Le travail dans diverses usines a été temporairement ralenti ou entièrement interrompu en raison du manque de pièces en provenance des É.-U. Les travailleurs de l’automobile étaient en colère contre les convois. Unifor aurait pu mobiliser les travailleurs pour se rendre sur le pont et lever le blocus, exactement comme lors de la bataille de Billings Bridge. Il n’y a pas besoin de gaz lacrymogène ou de violence – la classe ouvrière a simplement besoin de se mobiliser. Au lieu de s’appuyer sur les travailleurs et sur sa propre force syndicale, Unifor a publié une déclaration qui admettait que les membres étaient prêts à agir. Le syndicat a écrit : « Nous apprécions toutes les lettres que vous nous avez envoyées pour nous faire part de vos préoccupations, ainsi que de votre volonté de prendre des mesures de riposte. Pour assurer votre sécurité, nous prions les dirigeantes et les dirigeants des sections locales de ne pas s’engager directement avec ces manifestants. » Au lieu de la mobilisation de la classe ouvrière, le syndicat compte sur l’État et « exhorte tous les partis fédéraux à dénoncer le Convoi pour la liberté par une déclaration commune. De même, Unifor demande à tous les niveaux de gouvernement de prendre des mesures immédiates et raisonnables afin d’assurer la reprise de la circulation des personnes et des marchandises à nos frontières. Nous exigeons des gouvernements qu’ils traitent cette escalade de la situation comme une urgence nationale. »

Le mouvement ouvrier – les syndicats et le NPD – doit s’opposer à la Loi sur les mesures d’urgence. Le recours aux pouvoirs d’urgence par le gouvernement fédéral pour faire face au convoi de la liberté crée un dangereux précédent. Il normalise l’utilisation des pouvoirs d’urgence de l’État pour réprimer les manifestations et blocages. Il fut un temps où les lois de retour au travail et la clause dérogatoire étaient rarement utilisées et aussi « sans précédent ». Aujourd’hui, elles sont utilisées constamment. Avec l’aggravation de la crise économique du capitalisme et l’augmentation de la polarisation, dont le « Convoi de la liberté » lui-même représente la dernière manifestation, il est très probable que la Loi sur les mesures d’urgence sera utilisée plus fréquemment à l’avenir.

Mais contre qui cette loi sera-t-elle utilisée? Ces pouvoirs d’urgence accordés à l’État sont actuellement utilisés contre l’extrême droite, mais la principale cible à l’avenir sera le mouvement syndical et la gauche, les travailleurs et les opprimés. Les pouvoirs d’urgence seront sans aucun doute utilisés contre les syndicalistes, les défenseurs de la terre et de l’eau autochtones et les militants écologistes et antiracistes.

La Loi sur les mesures d’urgence sera un outil puissant entre les mains de la classe dirigeante et de son État dans la lutte des classes. Elle sera utilisée contre les manifestations et les grèves. Dans le cas d’un mouvement de grève sérieux, les piquets de grève et les occupations de lieux de travail pourraient être déclarés illégaux. Des zones interdites pourraient être établies pour empêcher les manifestations de masse. La loi sera utilisée contre les défenseurs des terres autochtones. Des zones entières, comme les terres non cédées, pourraient être déclarées zones interdites par l’État afin d’écraser les blocages et les manifestations. Des pouvoirs financiers renforcés pourraient être utilisés pour mettre sous séquestre les fonds syndicaux et de solidarité.

En ce qui concerne l’utilisation future de la Loi sur les mesures d’urgence contre un mouvement ouvrier de masse, la réponse appropriée serait d’étendre le mouvement et d’organiser des grèves de solidarité, voire une grève générale si possible. Le mouvement doit être préparé idéologiquement à la violation des libertés civiles.

La classe ouvrière ne peut compter que sur ses propres moyens et méthodes pour vaincre l’extrême droite. La contre-manifestation à Billings Bridge nous montre la voie à suivre. Le mouvement syndical dispose des ressources nécessaires pour organiser un mouvement de masse capable de mener la lutte contre le convoi et contre la pandémie. Si le mouvement syndical prenait l’initiative et lançait un appel audacieux à la mobilisation de l’opposition aux convois, la réponse éclipserait les convois à travers le pays.

La lutte contre les convois ne peut s’arrêter là. L’extrême droite doit être vaincue politiquement. Le combat contre les convois est ainsi lié au combat contre la mauvaise gestion de la pandémie et contre l’ensemble du système capitaliste pourri. Les travailleurs de la santé et les enseignants pourraient être mobilisés pour lutter pour l’augmentation du financement des soins de santé et de l’éducation, pour l’embauche de plus d’infirmières et d’enseignants, pour l’augmentation de la capacité des hôpitaux et la réduction de la taille des classes. Les camionneurs salariés pourraient être mobilisés pour lutter pour de meilleurs salaires et conditions de travail. Un mouvement de masse de la classe ouvrière pourrait être organisé pour lutter pour le contrôle par les travailleurs de la sécurité au travail et contre le profit et la mauvaise gestion de la pandémie.

Les contre-manifestations du week-end dernier montrent que de plus en plus de gens de la classe ouvrière sont prêts à se battre contre les convois et l’extrême droite. Ce mouvement spontané a montré la voie à suivre et montré comment les convois peuvent être vaincus. Avec une once de leadership, le mouvement ouvrier pourrait exploiter cette colère et cette humeur militante pour mobiliser un mouvement de masse de la classe ouvrière, ce qui transformerait complètement la situation.

  • Mobilisation contre la Loi sur les mesures d’urgence!
  • Mobilisation contre les convois et l’extrême droite!
  • Mobilisation pour un programme ouvrier de lutte contre la pandémie!
  • Mobilisation pour de meilleurs salaires et conditions de travail!
  • Mobilisation contre les milliardaires et leur système capitaliste pourri!