Attentat au festival Lapu Lapu : symptôme d’un mal social profond

À mesure que le capitalisme s’enfonce dans la crise, de plus en plus de personnes s’en prennent violemment aux autres. Les fusillades dans les écoles, les attaques à la voiture-bélier et les agressions aléatoires sans motivation politique sont de plus en plus fréquentes.

  • Matt Kneller
  • ven. 2 mai 2025
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Image : @sarbrajskahlon/X

Une voiture a foncé dans une foule de centaines de personnes alors que le deuxième festival annuel Lapu Lapu se terminait à Vancouver le 26 avril. Le capitalisme, c’est l’horreur sans fin, et cette attaque ne peut être décrite comme rien de moins qu’horrible. À l’heure où nous écrivons ces lignes, 11 personnes ont été déclarées mortes, dont un enfant de cinq ans.

Le conducteur, Kai-Ji Adam Lo, a été inculpé de huit chefs d’accusation pour meurtre. La police et la mairie ont déclaré que la « cause première » de l’attaque était la maladie mentale.

Au fur et à mesure que les détails de la vie de Lo sont révélés, on voit se dessiner l’image d’un homme dans une spirale descendante après le meurtre de son frère l’année dernière, la tentative de suicide de sa mère quelques mois plus tard, et des dettes qui s’accumulent – le menaçant de perdre sa maison. Il était connu de la police, il avait des « antécédents significatifs » de crises de santé mentale, et l’un des membres de sa propre famille a appelé le service psychiatrique d’un hôpital au sujet de la « détérioration de la santé mentale » de Lo quelques heures avant l’attentat.

L’histoire qui se dessine est celle d’un individu poussé au bord du gouffre, avec peu de ressources pour l’aider.

De nombreux rapports montrent que, parmi les pays disposant d’un système de santé universel, le Canada se classe parmi les pires en ce qui concerne la disponibilité des lits de soins psychiatriques, le nombre de psychiatres par patient et les temps d’attente pour les soins psychiatriques. L’attente pour des soins psychiatriques est généralement de 25 semaines, soit une augmentation de six semaines depuis le début des années 2000.

Et ce, dans un pays où 50 % des adultes de plus de 40 ans ont souffert d’une maladie mentale à un moment ou à un autre de leur vie. La crise des opioïdes, qui fait des ravages, ne fait qu’aggraver le problème. Même si très peu de personnes souffrant de troubles mentaux commettent de telles attaques, la crise aiguë de cette société malade signifie que ce genre de tragédies continuera à se produire.

La tragédie de Lapu Lapu n’est même pas la première crise violente survenue à Vancouver au cours de l’année écoulée. En septembre dernier, Brendan McBride a tranché la main d’un homme et en a assassiné un autre dix minutes plus tard.

McBride souffrait de toxicomanie et de graves problèmes de santé mentale, et était à l’époque en probation pour deux agressions commises l’année précédente. Il a été rapporté qu’il n’avait pas pu obtenir de rendez-vous avec un psychiatre public depuis des mois.

Le chef de la police de Vancouver affirme que « nous ne pouvons pas prévoir les cas isolés ». Mais il s’agit là d’un phénomène plus large. À mesure que le capitalisme s’enfonce dans la crise, de plus en plus de personnes s’en prennent violemment aux autres. Les fusillades dans les écoles, les attaques à la voiture-bélier et les agressions aléatoires sans motivation politique sont de plus en plus fréquentes. Cette violence insensée est le symptôme d’une société profondément malade. L’attentat de Lapu Lapu n’est que la partie émergée d’un iceberg bien plus grand.

La « cause profonde » ne se trouve pas seulement dans l’esprit d’individus brisés. Leur situation est aggravée par l’explosion du coût de la vie, la flambée des prix du logement et le manque criant de financement des soins de santé mentale. Mais plus encore, une société qui favorise l’individualisme, la méfiance, l’aliénation et l’atomisation détruit également les liens sociaux qui la maintiennent unie – une telle société engendre la violence. Les crises de santé mentale violentes chez des individus comme McBride et Lo sont un produit de la crise chronique du capitalisme.

Le capitalisme n’a aucun moyen de traiter les problèmes qu’il crée, et il ne s’attaquera certainement pas à un système médical sous-financé ou au coût de la vie alors que nous sommes au bord de la récession.

La guerre commerciale aggrave déjà l’inflation, 33 000 emplois ont été perdus au cours du seul mois de mars, et avec les libéraux qui préparent l’austérité, les conditions vont continuer à se dégrader pour les travailleurs.

Lorsque la crise capitaliste actuelle provoquera inévitablement une nouvelle tragédie, qui sera contraint d’en assumer les conséquences? La classe ouvrière. Souvent, ce sont les couches les plus vulnérables et les plus opprimées qui sont les victimes, qui doivent reconstruire leurs communautés et se rassembler pour soutenir les victimes et leurs familles.

Il n’y a qu’un seul moyen d’empêcher que des tragédies comme l’attaque de Lapu Lapu ne se reproduisent. En renversant le capitalisme, nous pouvons construire à sa place une société socialiste dirigée par et pour la classe ouvrière. Nous pourrons alors financer entièrement les soins de santé mentale, fournir un traitement à ceux qui en ont besoin et nous débarrasser une fois pour toutes de la misère sociale qui transforme les maladies mentales en tragédies de masse.