Carney capitule devant Trump

Même avant cette crise, les conditions de vie avaient tendance à se dégrader. Aujourd’hui, avec la guerre commerciale et la perte du grand frère américain, la crise du capitalisme canadien est devenue existentielle.

  • Joel Bergman
  • mer. 27 août 2025
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Photo : World Economic Forum/Flickr

Carney a été élu premier ministre parce que les gens pensaient qu’il était la meilleure option pour s’opposer à Donald Trump. Mais aujourd’hui, quatre mois seulement après l’élection, il a capitulé devant le président des États-Unis.

Le 22 août, Carney a annoncé qu’il renonçait à la plupart des tarifs compensatoires qu’il avait initialement mis en place en réponse à la guerre commerciale déclenchée par Trump.

Baisser les bras

En référence au slogan « Elbows Up » devenu populaire en réponse aux attaques de Trump sur le Canada, Carney a affirmé qu’il y a des moments où il faut « jouer du coude » et d’autres où il vaut mieux « contrôler la puck ». Ce virage à 180 degrés par rapport à sa rhétorique fanfaronne pendant la campagne électorale fait froncer de nombreux sourcil.

Mais ce développement est parfaitement logique. Les entreprises canadiennes dépendent trop du commerce avec les États-Unis pour que le Canada l’emporte dans une guerre commerciale. En fait, de nombreux tarifs compensatoires causent plus de dégâts aux entreprises canadiennes qu’aux américaines.

Alors que Carney a fait grand cas de son projet de diversifier l’économie canadienne et de supprimer les barrières commerciales internes, la dure réalité économique demeure : le Canada ne peut remplacer les États-Unis comme partenaire commercial. Par conséquent, alors que la majorité des Canadiens n’aiment pas Trump et veulent riposter face à ses menaces, la classe dirigeante est forcée de capituler et d’en arriver à un accord.

À en juger par les accords conclus par d’autres pays avec Trump, il semble que Carney doive accepter quelque chose de similaire aux droits de douane de 15% que les dirigeants européens ont acceptés. Cela représentera un coup dur pour le capitalisme canadien et aura des conséquences désastreuses, handicapant l’économie canadienne au pire moment possible.

Déjà avant cette guerre commerciale, le Canada était à la traîne des autres pays économiquement développés. La productivité du travail diminuait et les capitaux d’investissement fuyaient le marché. Aujourd’hui, alors que l’économie s’enfonce dans la récession, l’avantage stratégique d’être un partenaire commercial privilégié des États-Unis, dont la classe dirigeante canadienne a bénéficié pendant des décennies, lui est retiré.

C’est les travailleurs qui paieront

Le Canada était autrefois considéré comme un modèle de ce que le capitalisme avait de mieux à offrir. Pour une grande partie de la population, il était possible d’acheter une maison, de trouver un bon emploi et d’avoir un niveau de vie décent. Mais cette époque est révolue.

Même avant cette crise, les conditions de vie avaient tendance à se dégrader. Aujourd’hui, avec la guerre commerciale et la perte du grand frère américain, la crise du capitalisme canadien est devenue existentielle.

Comme à son habitude, la classe dirigeante tente de faire porter le poids de la crise sur le dos de la classe ouvrière. Carney a déjà demandé aux ministères de procéder à des réductions générales de 15%.

Le vieux Canada est en train de mourir. Tout ce qui rendait autrefois la vie à moitié supportable est en train de disparaître. Le seul espoir de la classe ouvrière est de s’organiser et de lutter contre cet assaut capitaliste.