Carney donne 1,8 milliard de dollars à la GRC pour se préparer à la guerre des classes

Loin d’essayer d’aider les travailleurs, Carney se prépare à les écraser en renforçant les outils de répression du gouvernement.
  • Azriel Kerbel
  • mar. 18 nov. 2025
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Mark Carney demande à ses ministères de réduire leurs dépenses de 15%, mais pas à tous. Après avoir annoncé qu’il porterait les dépenses militaires à des niveaux jamais vus depuis la Seconde Guerre mondiale et qu’il consacrerait un milliard supplémentaire au contrôle des frontières, le premier ministre vient d’annoncer qu’il augmentera le financement de la GRC de 1,8 milliard de dollars.

L’augmentation des dépenses servira à embaucher 1000 nouveaux agents de la GRC et à augmenter l’allocation des cadets de 1000 dollars par semaine. Relié à cette annonce, le récent projet de loi C-14, ou Loi sur des mesures de réforme concernant la mise en liberté sous caution et la détermination de la peine, apportera des modifications au Code criminel qui rendront plus difficile l’obtention d’une mise en liberté sous caution pour certaines personnes.

Le message constant du gouvernement a été que l’objectif de ces mesures est, selon les dires de Carney, « de tenir les délinquants violents et récidivistes à l’écart de nos communautés ». Il s’agit là d’un volte-face par rapport au gouvernement Trudeau, qui s’était opposé à des propositions similaires des conservateurs. Alors que 79% des Canadiens pensent que les crimes violents vont augmenter à l’avenir, Carney tente de jouer sur les craintes de nombreux Canadiens et de dissimuler son véritable objectif : renforcer l’État.

Ce projet de loi n’a rien à voir avec la lutte contre les « crimes violents » et vise uniquement à préparer l’État aux explosions sociales qui ne manqueront pas de se produire en raison du déclin du système. Le lien entre des règles plus strictes en matière de mise en liberté et la réduction de la criminalité n’a jamais été démontré. De plus, les crimes violents ont diminué de 1% l’année dernière, et bon nombre des crimes visés par le projet de loi C-14, comme le vol de voitures, les agressions violentes et les agressions sexuelles, ont également diminué.

Le projet de loi prétend également s’attaquer à ce qu’il appelle le « vol à l’étalage organisé » – un phénomène pour lequel il n’existe aucune preuve. Les détaillants répètent le chiffre grossièrement exagéré de 9 milliards de dollars de marchandises volées l’année dernière. Or, s’il y a vraiment une augmentation du vol à l’étalage, la raison en est l’inflation, la baisse des salaires réels et la hausse du chômage, qui rendent bien des gens incapables de subvenir à leurs besoins fondamentaux, dont l’épicerie.

Autrement dit, le vol à l’étalage est le résultat de la crise profonde que traverse l’économie canadienne. Nous assistons à des licenciements massifs dans certains secteurs, à une hausse du chômage – en particulier chez les jeunes, dont le taux de chômage atteint 20% dans certaines régions – et à une crise généralisée du coût de la vie. Au cours du mois de mars seulement, il y a eu 2,2 millions de visites aux banques alimentaires, et plus de la moitié de la population vit d’un chèque de paie à l’autre.

Carney le sait très bien. Il sait que durcir les conditions de libération sous caution ne fait rien pour lutter contre les crimes violents. Et s’il voulait vraiment mettre fin au vol à l’étalage, il ne contribuerait pas à aggraver la pauvreté en adoptant un budget d’austérité, tout en augmentant les dépenses militaires et policières et en offrant des milliards aux entreprises. La « répression de la criminalité » n’est qu’une excuse qui dissimule ses véritables motivations.

Un rapport de la GRC datant de 2024 avertissait que la détérioration des conditions de vie et le déclin sociétal entraîneraient des troubles sociaux. Il évoquait même le spectre d’une révolution. Cette prédiction est encore plus pertinente aujourd’hui. La crise s’est aggravée cette année, et les coupes de Carney vont accroître la misère des gens et attiser la colère de la classe ouvrière. Cela finira par pousser les travailleurs à se battre.

Un point sensible potentiel est la lutte des peuples autochtones. Carney souhaite exploiter les gisements de minéraux critiques du Canada. L’extraction et le raffinage de ces minéraux sont très destructeurs pour l’environnement, ce qui pourrait attiser le mouvement écologiste. L’exploitation minière nécessite également d’empiéter sur les terres autochtones, ce qui provoquera sans aucun doute une résistance.Des luttes de classe massives sont donc à venir. Cela révèle la véritable signification du projet de loi C-14 et de l’augmentation du financement de la GRC. La GRC sera sans aucun doute utilisée pour tenter d’écraser toute résistance autochtone, comme ce fut le cas avec la résistance des Wet’suwet’en au pipeline Trans Mountain en 2018. Les modifications apportées au Code criminel signifieront que tout manifestant accusé d’agression par la police sera immédiatement emprisonné, avec peu de chances d’être libéré sous caution en attendant son procès. Loin d’essayer d’aider les travailleurs, Carney se prépare à les écraser en renforçant les outils de répression du gouvernement.