
Après des mois à en parler, Mark Carney et d’autres dirigeants occidentaux tels que Keir Starmer et Emmanuel Macron ont publiquement reconnu l’État palestinien. Difficile d’imaginer un acte plus cynique de la part des impérialistes occidentaux. Ce n’est qu’une déclaration vide pour apaiser la colère à la maison, qui ne fait rien pour stopper le génocide que perpétue Israël – le tout avec l’appui de ces mêmes impérialistes.
Autodétermination conditionnelle
La presse bourgeoise présente ces déclarations comme un changement politique majeur pour ces gouvernements occidentaux. Les gros titres décrivent cette initiative comme un véritable pas en avant pour les droits des Palestiniens ou, dans le cas des porte-parole de la droite comme le National Post, comme une concession au Hamas. La déclaration elle-même, cependant, brosse un tableau très différent.
Carney vante les « principes d’autodétermination et les droits fondamentaux de la personne », mais sa feuille de route pour un État palestinien libre n’a rien de démocratique ni de libre. Pour lui et les autres dirigeants occidentaux, une Palestine « libre » ne peut être réalisée que par une démilitarisation totale et le renversement du Hamas, qui serait remplacé par l’Autorité palestinienne.
Si les Palestiniens sont privés de leur droit à se défendre contre les attaques israéliennes et que des puissances extérieures ont la capacité de déterminer qui les dirige, que reste-t-il de l’autodétermination? Dans la pratique, cela ne ferait que permettre à Israël d’accélérer le massacre à Gaza et l’expansion des colonies en Cisjordanie. Le peuple palestinien n’a vraiment aucune raison d’accepter ce plan.
Ces exigences contrastent de manière flagrante avec le traitement réservé par les puissances occidentales à Israël, nonobstant sa timide critique des atrocités les plus flagrantes commises par le régime. Exigent-elles que Netanyahou soit démis de ses fonctions pour les actes de terreur qu’il a perpétrés? Celui-ci a-t-il subi des conséquences pour les récentes attaques de drones contre des négociateurs au Qatar, pays neutre dans ce conflit? N’est-ce pas l’armée israélienne qui doit être démilitarisée?
Plus important encore, ces atrocités ont été, et ont toujours été, commises grâce à l’argent, aux armes et au soutien politique fournis par ces mêmes États occidentaux qui prétendent aujourd’hui soutenir la création d’un État palestinien. Vont-ils cesser leurs livraisons d’armes à Israël pour aider à y arriver? Poser la question, c’est y répondre.
Le cynisme de la classe dirigeante
Ces déclarations n’auront aucun effet tangible. De plus, Netanyahou s’en est servi pour renforcer la mentalité de siège qu’il propage en Israël, les qualifiant de « récompense pour le Hamas » et réaffirmant que le régime israélien ne permettra jamais l’existence d’un État palestinien. Il est clair que rien de progressiste ne peut découler de ces gestes symboliques.
Telle est la réalité du capitalisme. Nos dirigeants, et les institutions internationales comme l’ONU, ne sont pas guidés par des idéaux moraux, mais par un calcul froid de leurs intérêts matériels. Israël est trop important pour les intérêts des impérialistes occidentaux dans la région pour qu’ils lui retirent leur appui.
Cependant, de plus en plus de personnes en Occident ont pris conscience de ce qui se passe et l’appui à Israël a atteint des bas-fonds. Deux tiers de la population du Canada s’accorde pour qualifier les actions d’Israël à Gaza de « scandale moral » et plus de la moitié soutient un embargo sur les armes. La reconnaissance de l’État palestinien n’est rien d’autre qu’une manœuvre cynique visant à apaiser la colère. Carney a fait la même chose lorsqu’il a menti au sujet de la fin des livraisons d’armes à Israël.
Cela a toujours été le rôle du libéralisme : dissimuler les crimes de la classe dirigeante sous un vernis progressiste.
La puissance des masses
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a bien résumé les manœuvres de Carney et compagnie lorsqu’il a déclaré : « En réalité, ils réagissent à leur propre politique intérieure, vous savez, aux manifestants dans leurs rues et à ce genre de choses. »
Le fait est que la classe dirigeante est terrifiée par le mouvement palestinien. Elle sait qu’il a le potentiel de déclencher une explosion sociale. Elle tremble dans ses chaussures en regardant les événements qui se déroulent actuellement en Italie, où des centaines de milliers de travailleurs et d’étudiants se sont mis en grève pour protester contre l’appui du gouvernement Meloni à Israël.
C’est la voie à suivre au Canada. Ce ne sont pas les déclarations cyniques et théâtrales des politiciens capitalistes, mais l’action combative de la classe ouvrière qui peut mettre fin à cette folie.