Éviction criminelle

« Cette manœuvre va forcément servir à faire augmenter considérablement le coût du loyer. »

  • Raphaële F., Montreal
  • ven. 11 juill. 2025
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En rentrant chez moi l’autre jour, j’ai croisé une connaissance de mon quartier, une femme d’une cinquantaine d’années. J’ai vu tout de suite que ça n’allait pas, elle avait pratiquement rien, seulement quelques petits sacs, une paire de souliers attachés autour du cou, et un regard dévasté comme j’en ai rarement vu. Elle m’explique qu’après 27 ans passés dans son beau gros 5 1/2 pas cher remarquablement équipé, sa propriétaire, qu’elle connaissait bien, avait passé le flambeau de la gestion à d’autres personnes. La semaine précédente, deux hommes sont allés chez elle, se sont présentés comme étant des huissiers et… se sont emparés de toutes ses possessions à petit feu pour les mettre dans un camion. Personne n’est capable de lui dire où elles sont aujourd’hui. Il semblerait qu’un avis d’éviction avait été accroché sur sa porte d’en avant, tandis qu’elle passait toujours par la cour arrière. C’est tout. Étant en dépression depuis plusieurs mois, elle travaillait à temps partiel et payait son loyer en plusieurs versements par mois, ce qu’elle avait expliqué à sa propriétaire. Puis les deux derniers versements lui avaient été renvoyés, sans que ce soit discuté au préalable. Le caractère criminel de cette éviction est plus que flagrant : cette manœuvre va forcément servir à faire augmenter considérablement le coût du loyer. On parle ici d’une femme autochtone issue des centres jeunesse, négligée par la société de mille et une façons, et voilà qu’on lui enlève tout tandis qu’elle se projetait dans l’avenir avec optimisme. À bas la propriété privée!