La CAQ en déroute : une guerre aux travailleurs pour sa dernière année

La CAQ, affaiblie et impopulaire, multiplie les attaques contre les travailleurs en supprimant des milliers d’emplois publics, en tentant d’affaiblir les syndicats et en imposant l’austérité. Pour stopper cette offensive patronale, il faudra une mobilisation de masse de la classe ouvrière.
  • Julien Arseneau
  • lun. 29 sept. 2025
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Crédit : UN Biodiversity, CC BY 2.0 / Flickr

La CAQ et François Legault forment le gouvernement québécois le plus impopulaire depuis que de telles données existent. Et ils s’apprêtent à passer leur dernière année au pouvoir à attaquer les travailleurs plus ouvertement que jamais. 

Suppression d’emplois dans la fonction publique, affaiblissement des syndicats, austérité budgétaire, élimination de normes environnementales; cet autrefois dénommé parti du « changement » a pour de bon enlevé le masque. Avec ce programme, il continue dans la voie tracée par les libéraux et le PQ depuis les années 90.

Legault parle même de faire la « guerre » aux syndicats. Cependant, le mouvement ouvrier tarde à se mettre en marche. 

La situation est urgente. Il nous faut un mouvement de masse pour stopper la CAQ. Ils veulent la guerre, ils l’auront!

Crédit : Qc125 / Facebook

Attaques

Le 11 septembre dernier, la CAQ annonçait ses couleurs lors d’un remaniement ministériel en promettant un « traitement choc » de réduction des dépenses d’État. Les résultats ne se font pas attendre.

Cent trente-quatre postes ont été supprimés au ministère de l’Environnement, de même que 200 au ministère des Transports. Au total, 1200 postes ont déjà été supprimés depuis le printemps, et la CAQ dit maintenant vouloir supprimer 6000 emplois sur trois ans. Cela s’ajoute aux coupes drastiques en éducation annoncées l’été dernier – sur lesquelles la CAQ n’a que partiellement reculé. 

Legault a aussi déclaré son intention de faciliter les projets économiques et mettre « sur pause » certaines mesures environnementales. Ceux qui en profiteront seront les grandes entreprises.

Et sans surprise, Legault a parlé de revoir le fonctionnement des syndicats pour les empêcher d’utiliser leurs fonds pour des « mouvements sociaux qui ne sont pas liés directement à la représentation des membres », rendant même facultatives une partie des cotisations syndicales. 

Cela s’ajoute à sa loi 89, adoptée au printemps, qui limite le droit de grève. Au nom des patrons, Legault tente d’affaiblir les syndicats et les empêcher de se mobiliser contre son agenda.

Comme nous l’avons déjà expliqué, la classe capitaliste québécoise cherche depuis longtemps à rogner l’État-providence, affaiblir les syndicats, rendre le climat économique plus propice à l’investissement privé au détriment des travailleurs et des services. La CAQ fait maintenant le sale boulot en cinquième vitesse.

Où sont les syndicats?

La CAQ était déjà le parti au pouvoir le plus impopulaire de l’histoire du Québec, pris dans une série de scandales, comme le fiasco SAAQ-Clic à un milliard de dollars, ou encore les centaines de millions allés dans le drain Northvolt. Le parti a présidé une détérioration des services publics et une augmentation massive du coût de la vie. 

Crédit : Qc125 / Facebook

Ce gouvernement est donc faible. Par une mobilisation de masse, le mouvement ouvrier peut stopper les attaques. 

Cependant, jusqu’à présent, les directions syndicales n’ont pas offert de sérieuse résistance. Les deux cas les plus saillants sont la loi 89 et les coupes en éducation.

Dans le premier cas, on parle d’une loi donnant au gouvernement la possibilité de briser des grèves sans même un vote à l’Assemblée nationale; devant une loi aussi draconienne, il y a eu à peine quelques manifestations et elle a été adoptée sans trop d’opposition. Malgré avoir dit que la « mobilisation se poursuivra », rien n’a encore été fait depuis l’adoption de la loi en mai. 

En ce qui concerne l’éducation, les directions syndicales se sont encore plus déresponsabilisées.

Lors de l’annonce des coupes de 540 millions en juin dernier, des parents et professeurs individuels ont spontanément commencé à s’organiser sous la bannière « Uni-e-s pour l’école ». 

La levée de boucliers a forcé la CAQ à reculer partiellement sur les coupes, mais tout indique que les écoles sont forcées de composer avec des budgets extrêmement limités. Les manifestations contre l’austérité en éducation ont continué ces dernières semaines. 

Cependant, les directions syndicales demeurent délibérément sur la ligne de touche. Elles se contentent de dire qu’il faut que ce soit un mouvement « citoyen » et que les syndicats seront là pour « appuyer » les parents, sans plus. Résultat, la lutte est portée par des militants dévoués, mais dépourvus des ressources et capacités de mobilisation des syndicats.

Leur réaction devant les récentes annonces de la CAQ n’est pas bien meilleure. Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec, affirme que « les syndicats ne sont pas en guerre contre le gouvernement » et que Legault devrait agir en « vrai premier ministre » et unir les Québécois « au lieu de diviser ». 

De même, plutôt que de préparer la riposte, Caroline Senneville, présidente de la CSN, affirme : « quand on regarde les intentions de vote et l’échéance électorale, heureusement, il y a une lumière au bout de cette grande noirceur. »

Une telle passivité ne nous mènera nulle part. On ne peut pas simplement laisser la CAQ passer le bulldozer pendant un an en attendant les élections.

C’est d’autant plus important d’empêcher ces attaques que le Parti québécois, qui risque de prendre le pouvoir à la prochaine élection, ne va certainement pas retirer les mesures rétrogrades de la CAQ. Le PQ parle déjà lui-même de réduire la « bureaucratie » de l’État, et a une longue histoire de mesures contre les travailleurs lorsqu’il se retrouve au pouvoir – comme la loi spéciale pour briser la grève des infirmières en 1999 ou encore celle employée contre les travailleurs de la construction en 2013, pour ne citer que deux exemples.

À bien des égards, la situation rappelle le gouvernement libéral de Jean Charest en 2011-2012. Celui-ci était profondément détesté après neuf ans au pouvoir, et avait imposé une augmentation des frais de scolarité universitaires de 75%. Cette mesure drastique avait été bloquée par l’un des plus grands mouvements de masse de l’histoire du Québec sous la forme de la grève étudiante. Ce mouvement avait mené à la chute du gouvernement Charest.

C’est ce qu’il nous faut cette fois-ci aussi. Seule une large mobilisation de la classe ouvrière, avec des manifestations de masse et des grèves, peut stopper l’offensive du gouvernement. 

Les directions syndicales doivent se mettre au travail et utiliser leurs vastes ressources pour rendre un tel mouvement possible, et stopper les attaques de la CAQ. Montrons-leur comment « utiliser des fonds » pour les « mouvements sociaux »!