
Le budget militariste et austéritaire de Carney a été adopté – avec l’aide précieuse du NPD.
Les libéraux ont déposé leur budget sans être certains de pouvoir obtenir les votes nécessaires pour le faire adopter. Les conservateurs et le Bloc québécois ont annoncé dès le premier jour qu’ils voteraient contre. Pris dans cette situation, les libéraux ont été sauvés en partie par le caucus du NPD, qui a fourni deux abstentions et a permis au budget de passer de justesse.
Sous la direction de Don Davies, le NPD suit les traces de Jagmeet Singh – formulant des critiques symboliques envers les libéraux tout en soutenant leur gouvernement dans chaque moment clé. Est-il surprenant que tant de gens considèrent le NPD comme indissociable des libéraux?
Signes avant-coureurs
Davies avait laissé entendre comment le NPD voterait dès la publication du budget, début novembre. Lorsqu’un journaliste lui a demandé si le budget libéral était un « budget d’austérité », Davies a répondu qu’il était « difficile de le dire pour le moment » et qu’il devait l’étudier davantage. En comparaison, le chef du Bloc, Yves-François Blanchet – loin d’être un homme de gauche – a décrit le budget comme un « budget rouge conservateur que Harper aurait pu signer ». C’est tout à fait juste. Pourquoi le NPD ne disait-il pas la même chose?
Il semble que Davies ait « étudié » au moins certains aspects du budget. Dans une autre entrevue, il a souligné ses divers aspects « positifs », notamment la promesse d’un centre culturel philippin pour sa province natale de la Colombie-Britannique. Est-ce une bonne compensation pour la perte de 40 000 emplois dans la fonction publique? Cette question reste sans réponse.
Bien sûr, tout était entièrement calculé. Les déclarations du NPD sur la nécessité d’étudier le budget et de « consulter nos électeurs » masquaient une vérité évidente : la préoccupation principale de l’establishment du parti était de maintenir les libéraux au pouvoir, et il était prêt à ordonner à ses députés de voter de façon à y parvenir.
Pourquoi cette capitulation?
Davies a depuis déclaré que les deux abstentions du NPD étaient nécessaires parce que les Canadiens ne veulent pas retourner en élection. Mais ce n’est pas toute la vérité. Avant tout, l’establishment du NPD ne veut pas faire face à une autre élection – car cela pourrait l’éliminer complètement, du moins dans son état actuel.
Après une défaite écrasante lors des dernières élections, les perspectives électorales du NPD demeurent sombres. Personne ne sait vraiment ce que le NPD représente, à part soutenir les libéraux. Pourquoi voter pour un parti qui a abandonné les travailleurs au moment crucial pour soutenir des gens comme Trudeau et maintenant Carney? L’establishment du NPD le sait plus ou moins, bien qu’il n’ait aucun intérêt à changer la situation de manière significative.
De plus, le NPD est dans le trou. La directrice nationale du NPD, Lucy Watson, a récemment révélé que le parti est endetté à hauteur de 23 millions de dollars, une somme que le parti ne s’attend pas à rembourser avant 2028. À court de fonds, et encore plus à court d’idées, l’establishment du NPD a décidé que sa meilleure chance de survie était de tenir le fort – et au diable les travailleurs maintenant forcés de subir les coupes de Carney.
Mais ce calcul à courte vue ne fait qu’exposer les problèmes plus profonds de la direction du NPD. Alors que le parti était autrefois une organisation qui s’appuyait sur une armée de milliers de bénévoles motivés, cette époque est révolue. Les sommets du parti l’ont transformé en un appareil professionnel pas si différent des autres partis : incapable d’inspirer qui que ce soit, il compte surtout sur des organisateurs salariés.
La question de la dette du parti et de sa capacité à mener une campagne électorale serait facilement résolue s’il avait une colonne vertébrale idéologique. S’il s’opposait résolument à l’agenda libéral pro-capitaliste et proposait des politiques socialistes audacieuses, cela galvaniserait des millions de travailleurs qui donneraient volontiers de leur temps et de leur argent au parti. De plus, si le NPD s’était opposé au budget, il aurait forcé les conservateurs à le soutenir, démontrant qu’en fin de compte, ces deux partis défendent le même agenda pro-capitaliste et anti-travailleur.
Frustré par la situation, Davies a accusé les autres partis d’opposition de s’adonner à des « jeux politiques ». C’est certainement vrai. Cependant, la direction du NPD a joué sa propre partie en mettant ses principes (dans la mesure elle en a) de côté pour assurer sa propre survie politique. Ce n’est pas qu’un simple jeu, mais une trahison de la plus haute importance, et pour des objectifs si étroits.
Alors que le caucus du NPD pense qu’en sauvant le gouvernement Carney, il a contribué à sauver son parti (et par le fait même, ses sièges), cela n’a en réalité que davantage affaibli le parti aux yeux de la classe ouvrière. Et pendant que ces sept députés conservent leurs sièges un peu plus longtemps, des millions de travailleurs doivent maintenant faire face aux conséquences concrètes des services réduits et des suppressions d’emplois.
Les costumes-cravates qui dominent le NPD actuel ne défendront jamais sérieusement les travailleurs. Nous avons besoin d’un véritable parti ouvrier, qui prenne une position de principe contre l’offensive capitaliste. Nous avons besoin d’un parti qui défende un programme socialiste capable d’enthousiasmer et de mobiliser des millions de travailleurs dans la lutte pour transformer la société. Nous ne pouvons compter que sur nos propres moyens.