
La saison des feux de forêt est devenue une crise annuelle, mettant en danger d’innombrables vies et menaçant des villes entières de destruction totale. Les changements climatiques, accélérés par la recherche incessante de profits propre au capitalisme, ont créé les conditions météorologiques parfaites pour que les incendies se propagent rapidement. Bien qu’ils le sachent, nos gouvernements fédéral et provinciaux ont été complètement pris au dépourvu.
Cauchemar bureaucratique
Le 19 juin, on dénombrait 259 incendies actifs au Canada, dont plus de la moitié étaient considérés comme hors de contrôle. Depuis le début de l’année, plus de 2000 incendies ont été recensés et près de 4 millions d’hectares de terres ont été brûlés. Bien que la saison ait commencé un peu plus tard, la situation se rapproche rapidement de l’ampleur de la dévastation causée par les feux de forêt de 2023, qui ont battu tous les records.
Deux ans après la pire saison des feux qu’ait connue le Canada, qui avait suscité des appels au gouvernement fédéral pour qu’il crée une agence nationale d’intervention en cas de catastrophe, rien de tel n’existe encore.
En fait, à l’heure actuelle, le gouvernement fédéral ne joue qu’un rôle très limité dans la gestion de la réponse aux catastrophes. Ce sont plutôt les organisations locales, provinciales, privées, à but non lucratif, militaires et internationales qui s’en chargent.
Ce cauchemar bureaucratique a donné lieu à des histoires d’horreur tout au long des opérations. Deux personnes sont mortes. Des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées de leur domicile. La fumée dégagée par les incendies a entraîné des alertes concernant la qualité de l’air à travers le Canada et les États-Unis, nuisant à la santé et la qualité de vie des populations même éloignées des incendies.
Le combat contre les flammes lui-même a été la première chose mal gérée. Des entreprises du secteur privé sont les principales responsables d’éteindre les feux, et elles cherchent constamment à le faire à moindre coût pour faire un maximum de profits. Cela signifie que les pompiers reçoivent des salaires dérisoires et que leur équipement est insuffisant. Les équipes sont jetées dans des situations qui mettent leur vie en danger, mal équipées et avec très peu d’expérience. Il n’est donc pas surprenant que le secteur soit confronté à un taux de roulement élevé et à des pénuries de main-d’œuvre. Ainsi, il manque non seulement d’équipement, mais aussi de bras pour éteindre les incendies de manière adéquate.
Le Canada est également mal équipé en machinerie lourde, comme les avions-citernes, ne disposant que d’une petite flotte d’avions usés. L’industrie a dû faire largement appel à l’aide internationale pour l’équipement et les pompiers, ce qui a ralenti le processus, permettant aux incendies de se propager entre-temps.
Le processus d’évacuation a également été mal géré. Des avis d’évacuation de dernière minute ont conduit à des files d’attente massives de plusieurs heures pour monter à bord de traversiers, d’avions ou d’hélicoptères alors que les flammes se rapprochaient d’eux. La propagation rapide des incendies a même conduit certaines personnes à être évacuées deux fois, d’abord de leur ville d’origine, puis du lieu censé être sûr où elles avaient été évacuées.
Même après avoir été évacuées, les choses sont loin d’être réglées pour les personnes touchées par les feux de forêt. En plus de devoir affronter la peur de perdre leur maison, les gens doivent se frayer un chemin dans le labyrinthe bureaucratique des services de soutien. Des rapports font état de familles dormant dans des stationnements et des chambres d’hôtel bondées, essayant de s’en sortir avec les maigres allocations de la province, avec très peu de leurs biens et aucune idée de quand ou si elles pourront retourner dans leurs maisons.
Ne retenez pas votre souffle!
Depuis des années, les experts en environnement, les chefs de pompiers et même les chefs militaires soulignent la nécessité de créer une agence nationale d’intervention en cas de catastrophe, semblable à la Federal Emergency Management Agency (FEMA) aux États-Unis. Cette agence permettrait de coordonner de manière centralisée l’allocation des ressources à travers toutes les provinces et de fournir une réponse nationale correctement coordonnée aux feux de forêt. Une telle agence constituerait une première étape essentielle dans la résolution du chaos bureaucratique du système actuel.
Mais en cette période de coupes dans les dépenses fédérales, alors que les services publics et les infrastructures s’effondrent, une telle initiative n’est pas à l’ordre du jour. Le gouvernement Carney a de l’argent pour les armes et les subventions aux entreprises, pas pour les services et la sécurité de la population.
Loin d’essayer de renforcer les capacités du Canada à éteindre les incendies, Carney jette au contraire de l’huile sur le feu. Dans le cadre de sa réponse à la guerre commerciale de Trump et du retard économique du Canada, les libéraux prévoient d’accélérer la construction d’oléoducs. Ils ont également déposé le projet de loi C-5, conçu pour contourner la réglementation environnementale pour les grands projets d’infrastructure.
Alors que le capitalisme canadien s’affaiblit et devient de plus en plus désespéré, la protection de l’environnement et la sécurité des personnes est un luxe qu’il ne peut plus se permettre