Le 25 mai, une nouvelle dans le journal Métro nous apprenait que la direction de la STM intimide près de 400 de ses employés d’entretien par le biais de mesures disciplinaires, dont des suspensions allant jusqu’à 20 jours.

Pour comprendre, il faut remonter au 16 avril dernier, date où a eu lieu la suspension du président du Syndicat du transport de Montréal (STM-CSN), Gleason Frenette. Supposément suspendu pour intimidation, la réalité est qu’il sonnait l’alarme sur le manque de mesures sanitaires mises en place par la STM. Pour répondre à cette attaque, les employés d’entretien avaient alors débrayé spontanément. C’est maintenant que les sanctions tombent pour cette action considérée illégale.

Il n’y a aucun doute que la partie patronale tente de casser le syndicat et de faire taire ses membres. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ça arrive. 

Plus tôt cette année, en janvier, Gleason Frenette avait été suspendu une première fois pour « intimidation » suite à une mobilisation syndicale sur l’heure du midi. Les employés protestaient contre le recours au secteur privé pour l’entretien des autobus. Selon la CSN, un des gestionnaires aurait initié un contact physique avec Frenette lors de l’action syndicale – et c’est ce dernier qui a été suspendu!

En bref : la direction de la STM a recours au privé pour l’entretien. Elle ne fournit pas des conditions sécuritaires en temps de pandémie. Et après, elle chiale contre « l’intimidation » du dirigeant syndical qui proteste! La tentative pathétique du patronat de jouer la victime face aux travailleurs est profondément méprisable.

Ce n’est pas seulement dans l’entretien que la STM ne protège pas ses employés face au virus. Dès la mi-mars, les chauffeurs devaient agir eux-mêmes car leurs gestionnaires avaient refusé une série de mesures sanitaires proposées par le syndicat. Ils ont dû mettre des autocollants incitant les passagers à rentrer par l’arrière, par exemple. Mais la STM a même menacé de suspension les employés qui avaient agi de la sorte! La STM, un organisme public, agit en pratique comme les boss du privé qui négligent la santé de leurs travailleurs.

Malheureusement, la situation à la STM n’est pas unique. Vers la mi-avril, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) avait reçu 240 plaintes reliées à la COVID-19, la plupart en lien avec l’impossibilité de pratiquer la distanciation sociale. Mais malgré tout, la CNESST n’avait alors accepté aucun droit de refus de travailler. Nous ne pouvons clairement pas compter sur les patrons et leurs organismes gouvernementaux pour assurer la sécurité des travailleurs.

Qui connait mieux la job que ceux qui sont sur le terrain? Certainement pas les gestionnaires dans leurs tours à bureau. Devant la négligence et l’intimidation des boss de la STM, les travailleurs doivent répliquer. Les travailleurs de la STM devraient prendre le contrôle de leurs lieux de travail et mettre en place les mesures sanitaires nécessaires, et exiger qu’on leur fournisse des équipements de protection individuelle, quitte à ne pas travailler tant que le milieu de travail n’est pas sécuritaire. Un tel débrayage pourrait aussi avoir comme revendication de lever immédiatement les sanctions contre les 400 employés. La santé des travailleurs est la priorité!