En apparence, un calme étrange semble s’être posé sur la société canadienne par l’absence manifeste de mouvements de masse ou de grandes luttes ouvrières.  Cependant, il serait incroyablement réducteur de supposer que ce calme suggère une ère de paix ou de stabilité.  Au contraire, la société canadienne repose sur le fil du rasoir et il suffirait de peu pour raviver les luttes de classe.  De tous côtés, le leadership – aussi bien du mouvement ouvrier et de la classe capitaliste – est paralysé, ce qui signifie que les contradictions sous-jacentes de notre société continuent de s’accumuler.

Au Canada, dans les sphères économiques et politiques, les conditions semblent être dans une impasse, sans progrès ni recul. Dans le domaine de l’économie, le Canada a été en grande partie épargné par les effets pervers de la crise financière, contrairement à l’Europe et aux États-Unis.  Cependant, cela ne signifie en aucun cas que l’économie canadienne est en bonne santé, et les banquiers expriment de plus en plus d’anxiété.

Cette inertie est également reflétée par les politiciens nationaux, qui sont incapables de planifier un parcours qui résoudrait ce malaise.  Les politiciens conservateurs et libéraux sont incapables de mettre de l’avant les contre-réformes les plus vicieuses exigées par les banquiers et les chefs d’entreprise canadiens, de peur de provoquer des contrecoups similaires à ceux observés en Europe du Sud, au Moyen-Orient ou en Amérique Latine.  Cependant, en même temps, les dirigeants du mouvement ouvrier ont peur d’affronter la classe dirigeante et mènent la classe ouvrière sur la voie de nouveaux compromis et de réductions supplémentaires du niveau de vie.

Ce qui a émergé plus récemment est une période de cynisme et de mélancolie sans précédent, et de colère émergeant de tous les côtés de la société alors que le peuple cherche des moyens de sortir de ce gâchis.  La récente vague de scandales à tous les niveaux de gouvernement est tout simplement une expression de cette frustration refoulée.  La seule chose qui empêche ces contradictions d’exploser et de prendre l’avant-scène est l’absence d’un leadership par lequel elles peuvent être exprimés.  Mais cette situation ne peut plus durer très longtemps.

Les contradictions de l’économie canadienne continuent d’augmenter

Au cours des derniers mois, le gouvernement conservateur fédéral a fièrement vanté toutes les réalisations de l’économie canadienne qui, à son avis, a fait du Canada l’envie du reste des pays capitalistes industrialisés.  Selon les conservateurs, l’économie continue de croître (contrairement à ses homologues européennes), le gouvernement fédéral est en mesure d’éliminer son déficit budgétaire d’ici 2015, et tous les emplois perdus pendant la crise financière ont été récupérés.

Mais cet optimisme du gouvernement semble être en contradiction avec la morosité qui continue à émaner de beaucoup de chefs d’entreprise du Canada, lesquels ont annoncé qu’une nouvelle crise – peut-être même plus grande que celle de 2008 – est à l’horizon.  En outre, les plus clairvoyants réalisent l’impact qu’une nouvelle crise pourrait avoir sur une classe ouvrière plus surmenée et désillusionnée.

De plus, la classe ouvrière canadienne, aussi, ne ressent pas d’optimisme vis-à-vis l’état actuel des choses.  Les salaires réels stagnent et beaucoup de travailleurs et travailleuses, surtout les jeunes, trouvent à peu près impossible de percer le marché du travail.

En terme de création d’emplois, les conservateurs peuvent affirmer avec justesse que le nombre d’emplois créés depuis 2009 est égal au nombre d’emplois perdus à la suite immédiate de la crise financière en 2008.  Mais, les conservateurs ne tiennent compte ni de la croissance démographique, ni de la qualité des emplois créés présentement.  Selon ces deux critères, la situation des travailleurs et travailleuses canadiens est bien pire qu’avant la crise financière et un nombre croissant de travailleurs et travailleuses canadiens sont dans des situations très précaires.  Plus d’un tiers de tous les travailleurs et travailleuses canadiens vivent d’un chèque de paie à l’autre.

Selon un rapport de la C.D. Howe Institute, un organisme notoirement de droite,, le pourcentage de la population canadienne actuellement à l’emploi est nettement inférieur à ce qu’il était en 2007, avant le début de la récente crise financière.  En 2007, 63,7% des Canadiens avaient un emploi, mais à ce jour, ce nombre est tombé à 62%.  En outre, bien que le taux de chômage officiel est resté stable à environ 7% pour l’année écoulée, le CD Howe Institute a effectivement constaté que lorsque l’on prend en considération les travailleurs et travailleuses et travailleuses « démotivés » et ceux et celles qui sont obligé(e)s de travailler à temps partiel (bien qu’ils et elles continuent à chercher un emploi à temps plein), le taux de chômage du Canada devrait être établi à plus de 10% – un chiffre qui est beaucoup plus proche de ceux observés en Europe, si durement touchée.

En plus de ces chiffres, de nombreux chômeurs ont de plus en plus de difficulté à trouver un travail quelconque et risquent de devenir un secteur permanent en marge de la société.  Approximativement 20% des chômeurs ont été incapables de travailler pendant plus de six mois, et 7% de chômeurs sont au chômage depuis plus d’un an.  Et ces chiffres ne reflètent même pas les travailleurs et travailleuses qui ont renoncé à trouver un emploi ou qui se sont mis à leur propre emploi, dans une tentative désespérée de gagner un revenu.

L’avenir des jeunes travailleurs et travailleuses est encore plus sombre.  Le chômage officiel des jeunes reste obstinément bloqué au dessus de 14% au Canada, même si une fois de plus que ce chiffre est plutôt trompeur et ne reflète pas exactement le désespoir auquel font face de nombreux jeunes de la classe ouvrière.  En Ontario, le chômage des jeunes se situe maintenant à 17%, le deuxième taux le plus élevé de tous les paliers de gouvernement en Amérique du Nord et celui qui est plus élevé que dans même celui dans la Rust Belt aux États-Unis.  Dans le sud-ouest de l’Ontario, auparavant le cœur industriel de l’économie canadienne, le chômage des jeunes est aussi élevé que 24,7% dans des villes comme London, Oshawa, ou Windsor.

Les jeunes travailleurs et travailleuses risquent même de ne pas être payés pour leur travail.  De plus en plus d’entreprises utilisent les stages afin de réduire leurs coûts de main-d’oeuvre et de maximiser leurs profits.  Dans certains cas, les jeunes travailleurs et travailleuses ne sont même pas payés pour leurs stages en entreprise, lesquelles affirment favoriser l’éducation des jeunes et l’expérience de travail.  Il n’est pas surprenant que cet abus cause de la colère généralisée, surtout après un jeune stagiaire de radiodiffusion à Edmonton ait été tué après avoir travaillé pendant des heures excessivement longues, lesquelles contrevenaient au code du travail de l’Alberta.  En Ontario, le ministre provincial du travail a admis que les stagiaires non rémunérés pourraient même ne pas être couverts par les normes du travail les plus élémentaires, puisqu’un travailleur doit être payé pour être considéré comme un employé!

La situation des jeunes travailleurs et travailleuses ne ressemble pas en voie de s’améliorer à l’avenir.  La Banque du Canada a de nouveau réduit ses prévisions de croissance économique, prévoyant une augmentation de 1,6% du PIB pour 2013 et une autre augmentation d’un peu plus de 2% en 2014.  Dans leurs propres mots, ils ne voient pas l’économie canadienne « retourner à la normale » avant la fin de 2015, « au plus tôt ».  Pourtant, même si ces taux de croissance sont corrects, il n’y a aucune garantie qu’il y aura des emplois disponibles pour une nouvelle génération de travailleurs et travailleuses.  Malgré les affirmations du gouvernement fédéral selon lesquelles le pays pourrait être confronté à une pénurie de main-d’œuvre alors que les baby-boomers prendront leur retraite, la Banque Toronto-Dominion prétend que ce n’est pas le cas.  En raison de la stagnation des salaires et des attaques envers les retraites, les travailleurs et travailleuses de plus en plus âgés continueront à travailler bien au-delà de l’âge traditionnel de la retraite.

Même si les perspectives économiques étaient lumineuses, il n’y a aucune garantie que cela se traduirait nécessairement en emplois plus ou mieux rémunérés pour les travailleurs et travailleuses.  Alors que cet article va à l’impression, BMO Banque de Montréal vient d’annoncer qu’elle a coupé près de 1000 emplois à temps plein pendant le plus récent trimestre financier.  Ceci en dépit du fait que la banque vient d’enregistrer un bénéfice annuel de 4,2 milliards de dollars, le plus important de son histoire!  Reconnaissant les impacts de ces nouvelles sur son image institutionnelle, le directeur général de BMO, Frank Techar, a admis que « la banque a peut-être mis à pied un trop grand nombre de personnes à la fois. » (SRC Nouvelles, 3 Déc. 2013)

Les capitalistes qui voient plus loin reconnaissent qu’il existe des dangers inhérents aux conditions que rencontrent les travailleurs et travailleuses canadiens, lesquels pourraient attiser les flammes de la lutte de classe canadienne.  Les inégalités ont augmenté plus rapidement au Canada au cours des 10 dernières années que dans la plupart des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), y compris les États-Unis.  Le Globe and Mail, la voix journalistique de Bay Street, a récemment consacré deux numéros complets à une série d’articles qui traitent de l’inégalité du Canada et des menaces au « tissu social » canadien.  Un de ces articles révélait même comment. l’accroissement des inégalités met en danger la jouissance et la participation au hockey de nombreux Canadiens.  (Et rien n’irrite plus les travailleurs et travailleuses canadiens plus qu’un obstacle à l’appréciation de leur sport national.)

Mais peut-être la plus grande contradiction à laquelle l’économie canadienne fait face à l’heure actuelle est la dissonance entre l’économie stagnante, la stagnation des salaires, et le marché immobilier qui, en surchauffe, continue de croître – ainsi que l’effet à prévoir sur les familles de la classe ouvrière, une fois la bulle immobilière pétée.  Le danger du marché canadien de l’habitation a attiré l’attention de la bourgeoisie dans le monde entier.  Tout le monde, du célèbre économiste Paul Krugman, au New York Times, au The Economist, à même le Fonds monétaire international (FMI) ont commenté l’irrationalité du marché canadien de l’habitation.  La Deutsche Bank a trouvé les prix des logements au Canada à être surévalués en moyenne de 60%,, le montant le plus élevé de tous les pays à travers le monde. Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a même dû prendre la décision sans précédent d’intervenir et d’ordonner aux banques canadiennes d’augmenter leurs taux hypothécaires afin de dissuader les Canadiens d’engager d’autres dettes hypothécaires onéreuses.

Malgré les tentatives du gouvernement fédéral de soulager un peu les pressions sur le marché du logement, les prix des logements dans l’ensemble du pays continuent d’augmenter.  En Novembre 2013, le prix moyen de revente d’une maison à Calgary était de 8,5% plus élevé que l’année précédente; alors qu’à Toronto, le prix a augmenté de 11,3%.

Les envolées des prix des maisons a encouragé de nombreux propriétaires à emprunter des niveaux croissants de dette sur la valeur de leur maison.  La famille canadienne moyenne doit maintenant 165% du revenu annuel, un niveau qui est supérieur à la dette des consommateurs en Espagne ou aux États-Unis avant l’accident financier de 2008 qui a incité des millions de personnes à se déclarer en faillite.

En outre, le coût du maintien d’une maison au Canada se rapproche rapidement d’un point insurmontable, surtout compte tenu de la façon dont les salaires ont stagné pour la plupart des salariés à revenu intermédiaire.  Un baromètre traditionnel utilisé par les banquiers et les fournisseurs de prêts hypothécaires est que l’on ne devrait pas payer plus de 30% de son revenu pour les frais de logement.  Les recherches menées par la Banque Royale du Canada (RBC) montrent que ce niveau n’est vraiment réalisable dans les provinces des Prairies, telles que l’Alberta et la Saskatchewan, qui sont alimentés par le boom dans l’huile, le gaz et les ressources naturelles.  À Montréal, une ville avec des coûts de logement traditionnellement faibles, la famille moyenne consacre déjà 38,3% de son revenu au frais de logement.  À Toronto, ce nombre grimpe rapidement à 55,6% du revenu mensuel.  Et à Vancouver, le maintien d’une maison coûte à la famille moyenne un énorme 84,2% du revenu mensuel avant impôts!

Aussi haut que ces coûts puissent paraître, ils pourraient être bien pire, et vont certainement s’aggraver une fois que la Banque du Canada commencera inévitablement à augmenter les taux d’intérêt au-delà des niveaux actuels, qui sont bas au regard de l’Histoire.  Combien de familles canadiennes ne seront plus en mesure de payer leurs paiements hypothécaires lorsqu’ils augmenteront en raison de ce genre de scénario?  Combien seront dépossédés de leurs maisons?  Des centaines de milliers de Canadiens devront faire face à une situation similaire à celle à laquelle leurs homologues aux États-Unis, en Espagne, ou en Irlande, ont déjà fait face.

Les scandales et la crise de leadership au Canada

Ce mécontentement se fait sentir partout dans la sphère politique.  Le travailleur canadien moyen n’a pas besoin de voir statistique après statistique pour savoir que leur situation s’aggrave et qu’il n’y a pas de lumière au bout du tunnel.  Où est le gain attendu après cinq années de compressions et d’austérité?

Bien que la teneur de la crise financière n’était pas aussi intense au Canada qu’ailleurs dans le monde, tous les niveaux de gouvernement ont canalisé des milliards de dollars d’argent public pour soutenir Bay Street.  Même aujourd’hui, la plupart des gouvernements à travers le pays sont encore profondément dans la dette issue de ces plans de sauvetage et exigent que la classe ouvrière paye pour les cadeaux aux entreprises.

Le problème pour la classe dirigeante est qu’aucun des documents et des plans de sauvetage n’ont contribué à sortir l’économie canadienne du gouffre.  Au lieu de cela, les capitalistes ont tout simplement empoché cette largesse du gouvernement sans ré-investir dans l’économie.  L’année dernière, Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, a reproché aux chefs d’entreprise canadiens de ne pas investir dans l’économie, et de s’asseoir sur des »argents morts » d’une valeur de 560 milliards de dollars.  La situation n’est guère mieux cette année.  Une équipe économique spéciale mise en place par le gouvernement ontarien a découvert que, malgré toutes les mesures d’affaires prises par les libéraux ontariens au cours de la dernière décennie, les patrons refusent d’investir:

« Les impôts des sociétés ont été réduits à des niveaux record, mais nos sociétés sont assises sur des caches sans précédent de ‘liquidités soi-disant paresseuses.’

« Au lieu d’afficher un zèle entrepreneurial pour stimuler les exportations, nos chefs d’entreprise manifestent de la timidité en omettant d’investir dans l’équipement nécessaire, en R & D [recherche et développement], en logiciels, brevets, et autres outils de productivité.

« Les petites entreprises restent paradoxalement petites, afin de mieux bénéficier d’un taux d’imposition préférentiel – encore plus bas que le taux corporatif, récemment abaissé pour les grandes entreprises » (Toronto Star, 26 Nov. 2013)

Une fois de plus, le travailleur moyen n’a pas besoin d’un diplôme en économie pour comprendre l’hypocrisie de la situation actuelle.

Cette contradiction a conduit à la crise politique actuelle qui confronte la bourgeoisie canadienne.  Les travailleurs et travailleuses du monde entier sont dégoûtés par la relation chaleureuse entre les politiciens, les banquiers et les patrons.  La supposée « autorité morale » de la classe dirigeante n’a jamais été aussi faible.  Une étude de l’OCDE démontre que seulement 52% des Canadiens ont confiance en leur gouvernement, soit une baisse de 15 points de pourcentage depuis 2008.  Un éditorial du Globe and Mail a mis en garde contre la nouvelle évolution vers le « mépris cynique », qui prend fin, « Nous semblons avoir atteint une période particulièrement agressive et brutale dans le climat politique du Canada. Espérons qu’elles sera également courte. »

L’incapacité de la classe à développer l’économie et à améliorer les conditions matérielles des travailleurs et travailleuses se reflète aussi dans la faiblesse de l’équipe actuelle de politiciens et de l’explosion de scandales à travers le pays.  Que ce soit le maire de Montréal emmené, menottes aux poignets, pour faire face à des accusations de corruption, ou le scandale continue qu’est le Sénat, lequel soulève la possibilité très réelle de son abolition, ou le feuilleton de plus en plus bizarre qu’est le drogué maire de Toronto, Rob Ford – tous ceux-ci sont le symptôme d’un régime en crise et de l’incapacité de la classe dirigeante de déterminer une voie à suivre pour la société.

Sur le plan matériel, il s’agit d’un développement très inquiétant pour les capitalistes car il limite leur capacité de faire avancer leur agenda.  Bien que personne ne niera que les coupes et les attaques de ces dernières années sont vicieuses, nous devons être honnêtes et dire qu’elles pourraient être bien pires.

Cependant, le manque d’autorité de la part de la classe dirigeante pourrait même mettre hors-jeu les contre-réformes les plus élémentaires, du moins dans l’immédiat.  Chaque gouvernement à travers le pays désespère de conserver une once de légitimité électorale face à une population en colère.  En Ontario et au Québec, les gouvernements provinciaux ont fait un superbe volte-face dans leurs efforts pour rétablir l’équilibre financier dans les deux provinces.  Le gouvernement péquiste au Québec avait insisté pour que, contre vents et marées, il éliminerait le déficit de la province pour Mars 2014 et a procédé à imposer le budget provincial le plus sévère en 14 ans.  Cependant, à la fin de Novembre, le ministre des Finances de la province a enragé la communauté d’affaires du Québec en annonçant que le gouvernement ne pouvait pas justifier de nouvelles coupes dans les dépenses publiques et a retardé l’élimination du déficit provincial jusqu’à 2016.  En Ontario, le premier ministre Kathleen Wynne a annoncé une nouvelle série de dépenses du gouvernement afin de redémarrer l’économie de la province, entraînant la colère de Bay Street.  Le National Post a déclaré: « Depuis que Mme Wynne a repris le bureau du premier ministre en Février, son gouvernement a signalé peu d’intérêt, à la fois par la forme et par la substance, à la poursuite de la poussée d’austérité amorcée par M. McGuinty. »

Cela ne veut pas dire que la classe dirigeante doit couche et se déclare défaite.  En effet, certains secteurs continuent à se préparer à faire bataille.  Actuellement, le gouvernement provincial de l’Alberta est en train de préparer une loi qui rendrait toutes les grèves du secteur public illégales dans la province, ainsi que de rendre illégal pour les syndicats de même discuter de la possibilité de faire la grève.  Le chef conservateur de l’Ontario, Tim Hudak, continue à battre le tambour de ses attaques publiques contre les syndicats du secteur public en prévision d’une élection provinciale en Ontario potentielle au début de l’année prochaine.  Mais, il existe un danger pour la bourgeoisie s’ils suivent cette ligne dure contre le mouvement syndical, ce qui est précisément le fouet qui pourrait perturber le fragile équilibre qui persiste dans la société canadienne d’aujourd’hui et pourrait finir par attiser la lutte de classe à travers le Canada, comme en témoigne par la grève sauvage des travailleurs de la prison en l’Alberta plus tôt cette année.

« Fous à ma gauche, farceurs à ma droite … »

Il est certainement une combustibilité plus que suffisante dans la société canadienne d’aujourd’hui, mais jusqu’à présent il n’a pas eu de réelle occasion d’exprimer ce mécontentement.  Les petites poches de résistance continuent à apparaître – le mouvement Occupons, Idle No More, ou la lutte actuelle par les Mi’kmaq au Nouveau-Brunswick.  Cependant, tous ces mouvements et campagnes ont été relativement isolés, incapables de forger une unité entre tous les secteurs opprimés de la société canadienne, et ont été incapables de créer une résistance durable à l’exploitation capitaliste.

Tout comme il y a une incapacité de la bourgeoisie à tracer une voie à suivre pour sortir de la crise, il y a un échec de la gauche à canaliser tous la colère de la société.

La direction du mouvement ouvrier est complètement inconscient de la faiblesse actuelle de la classe dirigeante, ou de l’énorme potentiel qui existe au sein de la classe ouvrière.  Au lieu d’utiliser cet avantage, les leaders syndicaux continuent d’offrir des concessions et des compromis qui encouragent les patrons à accélérer leurs attaques, et servent à démoraliser les membres.  Cela n’aurait pas été plus évidente que lors de la trahison des enseignants de l’Ontario par leur leadership au début de 2013, quand la direction du syndicat est parvenu à un accord de dernière minute avec le gouvernement libéral, malgré le fait que les libéraux aient enlevé le droit de grève et de négociation collective des enseignants.  Des centaines de milliers d’enseignantEs ont été préparés à entamer une grève sauvage et à affronter un gouvernement libéral faible et discrédité.  Il y avait une possibilité très réelle que les enseignantEs en soient sorti victorieux.  Et cela aurait encouragé le reste du mouvement ouvrier à faire face aux coupures et aux attaques portées sur les travailleurs et travailleuses du secteur public comme en témoigne la grande manifestation historique syndicale à Toronto ce même mois.

Au lieu de cela, la résistance à l’austérité a pris une direction très douteuses – généralement par le biais de recours devant les tribunaux (qui n’ont jamais été de grands alliés du mouvement de la classe ouvrière) ou via des alliances difficiles avec la partie patronale, ce qui accroît le discrédit du leadership syndical aux yeux de ses membres.

Les leaders de la voix politique du mouvement syndical au Canada, le NPD, montre tout aussi peu de direction.  Précisément au moment où les parties patronales et les politiciens ont été complètement discrédité aux yeux de la plupart des travailleurs, le NPD abandonne occasion après occasion de présenter un chemin loin de l’austérité et des coupes capitalistes.  En Nouvelle-Écosse,le gouvernement provincial néo-démocrate a fait face à une énorme défaite après quatre années de politique d’austérité qui martelé et durement touché la classe ouvrière de la province.  En Colombie Brittanique, le NPD a perdu une avance de 20 points dans les sondages et a été balayé par le Partie Libéral qui était pourtant vilipendé et au bord de l’implosion.  Tout comme de plus en plus de jeunes et de de travailleurs et travailleuses sont interrogéEs ouvertement sur la logique du système capitaliste, la direction du parti fédéral décide de supprimer la notion de « socialisme » de la constitution du parti fédéral et consacre le respect des marchés privés!

Aucune autre force dans la société canadienne n’a l’ampleur et la capacité organisationnelle d’unir la résistance contre l’oppression capitaliste, mais cette myopie du leadership syndical ne fait que mener la classe ouvrière dans une impasse.  cela ouvre également de nouvelles possibilités pour les patrons de lancer de nouvelles (et pires) attaques sur les travailleurs et travailleuses du pays.

Il existe un danger supplémentaire dans la faiblesse de la direction syndicale d’indiquer un moyen de sortir de la crise.  Les travailleurs et travailleuses en colère cherchent désespérément des idées et en l’absence d’un tel leadership de la part du mouvement syndical, ils pourraient se tourner vers les populistes de droite pour combler ce vide.  Comme le dit le vieil adage, la nature a horreur du vide.  À Toronto, ce sont les échecs de l’ex-maire David Miller (NPD) qui a permis au bouffon ivre et drogué, Rob Ford, de prendre le pouvoir. En Alberta et au Québec, nous avons vu l’augmentation significative de la popularité de la Wildrose Alliance et de la Coalition Avenir Québec, respectivement.

Toutefois, il convient de souligner que même ces nouveaux développements n’ont ni force réelle ni base dans la société et ne sont surgissent qu’en réaction à des actions (ou à des omissions) des organisations de travailleurs et travailleuses.  Toutes les opportunités sont présentes, au moment actuel, pour une résistance importante au capitalisme au Canada, mais une direction doit être donnée.

Pour ces raisons, il est impossible de dire quand toutes ces contradictions viendront de l’avant, ou de quelle manière elles exploseront et remonteront à la surface.  Toutefois, cette instabilité ne peut continuer éternellement.

Les événements des cinq dernières années ont démontré, dans l’action, ce que les marxistes ont toujours dit – le capitalisme ne peut pas fournir une voie à suivre, ni pour la jeunesse, ni pour les travailleurs et travailleuses de la planète.  Le Canada n’est pas à l’abri des problèmes qui ont englouti des sociétés en Europe, au Moyen-Orient ou en Amérique latine.  La seule chose qui a maintenu le statut quo jusqu’à présent est un manque de direction vers laquelle canaliser et atteler le mécontentement bouillonnant émanant de la classe ouvrière.  Cependant, les contradictions d’un système en crise devront éventuellement se manifester.  La société canadienne repose sur le fil du rasoir et même une petite étincelle suffirait pour raviver les luttes de classe au pays.

Aidez-nous à engager un organisateur marxiste à Montréal!

La jeunesse, les étudiants-es, les syndiqués-es et tous ceux et celles qui veulent combattre le système regardent avec inspiration la lutte étudiante de 2012 au Québec. Des centaines de milliers de personnes sont sorties dans les rues pour s’opposer à l’austérité. Suite à ce mouvement, des milliers de personnes s’efforcent de trouver une réponse à la crise globale du capitalisme. On constate une effervescence chez la jeunesse, qui se questionne et cherche des réponses claires à ses interrogations. Dans ce contexte, le marxisme peut progresser rapidement, et c’est d’ailleurs le cas, particulièrement sur les campus universitaires.

Afin de promouvoir et consolider cette avancée, La Riposte –unie avec notre frère de langue anglaise Fightback – lance une campagne pour engager un organisateur marxiste à Montréal. Cela permettra aux camarades de mettre de l’avant les idées révolutionnaires sur les campus, dans les rues et dans les milieux de travail, de façon beaucoup plus coordonnée. Le tout permettra au journal La Riposte d’augmenter progressivement sa qualité, sa régularité et son tirage afin de mieux donner notre soutien aux travailleurs et travailleuses et aux étudiants-es dans leur lutte, et de partager les leçons du mouvement.

Nous faisons un appel à nos sympathisants et sympathisantes pour nous aider à trouver les fonds nécessaires pour engager un organisateur marxiste à Montréal. Nous demandons à ceux et celles qui veulent construire un mouvement révolutionnaire au Québec de faire un don de 10, 25, 50 dollars, ou tout autre montant, sur une base mensuelle. Nous pensons que les conditions sont mures pour le mouvement, mais comme nous l’avons vu maintes fois dans l’histoire, l’organisation est la clé. Nos sympathisant-es doivent également comprendre que le succès de cette campagne serait un exemple fantastique de construction d’une solidarité révolutionnaire entre les travailleuses et travailleurs canadiens-anglais et québécois.

D’un côté, l’État bourgeois fédéral canadien cherche à violer le droit du Québec à l’autodétermination. De l’autre, le Parti Québécois, bourgeois et nationaliste, cherche à diviser les travailleurs et travailleuses avec sa charte raciste des « valeurs québécoises ». Nous avons au contraire confiance que les travailleurs et travailleuses et la jeunesse qui nous supportent sont prêts à faire un modeste sacrifice pour mettre fin à la division et à l’exploitation inhérente au capitalisme.

Nous offrons d’ailleurs à tous-tes ceux et celles qui contribueront un abonnement gratuit à La Riposte et à Fightback. De cette façon, vous pourrez suivre le mouvement que vous aidez à construire grâce à vos contributions.

L’histoire nous a montré que les mouvements étudiants sont fréquemment le présage d’un mouvement des travailleurs et travailleuses organisés-es. Aidez-nous à construire un mouvement révolutionnaire maintenant, afin que les idées du marxisme puissent jouer leur rôle dans les luttes à venir!

Pour nous aider dans notre objectif, contactez nous ou envoyez un spécimen de chèque avec la contribution mensuelle souhaitée à l’adresse suivante :

La Riposte
Boîte Postale 82, SUCC. H
Montréal, QC, H3G 2K5