À court de carottes

Carney se donne des outils de répression.

  • Benoît Tanguay
  • ven. 4 juill. 2025
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Enfouies dans la nouvelle Loi visant une sécurité rigoureuse à la frontière (C-2) du gouvernement Carney se cachent aussi des mesures qui n’ont rien à voir avec la frontière – et tout à voir avec la surveillance policière et la répression.

Le projet de loi, en plus d’apporter des changements au régime d’immigration, introduit une série de mesures pour permettre à la police et aux services secrets de plus facilement espionner la population canadienne. 

Le projet de loi donnera le pouvoir à la police et au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) d’obtenir des fournisseurs de services Internet des informations sur un utilisateur, sans avoir besoin de mandat. Plus que cela, il permettra aux autorités d’obtenir de tels renseignement auprès de n’importe quel fournisseur de services, que ce soit une banque, un médecin ou autre thérapeute, un propriétaire, etc. 

La loi étendra même le pouvoir de la police et de Postes Canada d’ouvrir et de lire notre courrier!

Plus de 300 « groupes de la société civile » ont dénoncé l’atteinte au droit à la vie privée que représente cette loi. La député néodémocrate Jenny Kwan a qualifié ces dispositions de la loi C-2 de « tactiques à la Big Brother, tout simplement ».

Évidemment, le gouvernement Carney prétend que ces mesures sont nécessaires pour lutter contre le crime organisé, la pédopornographie et autres épouvantails. En réalité, il faut s’attendre à ce que les autorités se servent de ces nouveaux outils pour mieux réprimer la gauche et le mouvement ouvrier. 

C’est un secret de polichinelle que les corps policiers canadiens espionnent la population. C’est par exemple le cas de la GRC, qui a surveillé des militants autochtones dans le cadre de sa répression brutale du mouvement Wet’suwet’en d’opposition aux pipelines en Colombie-Britannique. 

Le mouvement pro-palestinien fait aussi l’objet de surveillance par l’État, la Police provinciale de l’Ontario étant suspectée d’utiliser des logiciels de piratage informatique pour ce faire. 

Le SCRS a même été pris à avoir obtenu illégalement le contenu d’une demande de passeport d’une personne sur laquelle elle enquêtait en raison de commentaires recueillis dans un reportage lors d’une manifestation.

Et contrairement aux prétentions libérales, ce genre d’espionnage à des fins de répression ne représente pas une utilisation abusive des pouvoirs de la police, mais bien le rôle même de la police sous le capitalisme. Pour protéger la domination des riches et des puissants, il a besoin de garder un oeil sur toute opposition interne.

Ce n’est donc pas un hasard si le gouvernement Carney veut accroître les pouvoirs de la police en ce moment. Le mandat qu’a confié la classe dirigeante à Mark Carney est de prendre des décisions difficiles pour redresser la barque du capitalisme canadien. Quand les travailleurs réaliseront la vraie nature du programme de Carney – des coupes dans les services sociaux et dans la réglementation environnementale, une exploitation accrue des travailleurs et une hausse des dépenses militaires – la colère risque d’exploser. 

Une période de lutte des classes intense s’annonce. La colère gronde alors que de plus en plus de gens prennent conscience que les milliardaires s’enrichissent pendant que les travailleurs s’appauvrissent. Les libéraux n’ont plus de carottes à donner et se préparent en ramassant des bâtons.