Lundi 30 novembre, à Paris, s’est ouverte la conférence COP 21 sur le climat qui, selon les médias et le gouvernement, doit être la grande conférence environnementale contre le réchauffement climatique. Elle a été introduite, dimanche 29, par l’interdiction de toutes les manifestations de soutien — parfois même fortement réprimée, comme à Paris.

L’objectif de cette conférence mondiale est de limiter le réchauffement climatique en deçà des 2 °C.

Les Etats-Unis et la Chine, qui sont les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre (GES), se sont dit d’accord pour faire des efforts. Mais de l’aveu même de François Hollande : « si on fait la somme de toutes les contributions nationales qui ont été adressées pour la COP 21, nous serons sensiblement au-dessus des 2 °C ». Si l’on ajoute à cela la réticence de l’Arabie Saoudite — principal exportateur de pétrole — et de l’Inde — en plein développement économique —, on peut d’ores et déjà conclure que la COP 21 sera un échec, tout comme la COP 20 qui avait abouti sur un constat mitigé, en raison des décalages entre les pays en plein développement économique et les pays capitalistes avancés.

La France se veut exemplaire sur les mesures écologiques, mais son bilan est assez calamiteux. En effet, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’a pas été suspendu malgré la protestation des riverains, qui ont compris que cet aéroport n’est vraiment pas utile et ne servira que les intérêts de certaines entreprises.

Un bon exemple de la volonté réelle du gouvernement en matière d’écologie, c’est celui de Nexcis. Cette filiale d’EDF (dont l’Etat est actionnaire) a été fermée en 2015, sans aucun motif. Elle avait déposé des brevets permettant de fabriquer des panneaux photovoltaïques semi-transparents. Les applications auraient été nombreuses : cloisons translucides, vitres fumées, etc. Et nul ne doute qu’à terme ils auraient pu rendre ces panneaux totalement transparents, comme certaines entreprises chinoises y sont déjà arrivées. Sans rentrer dans le détail de l’empreinte carbone de la fabrication des panneaux photovoltaïques, cela prouve comment l’Etat traite le problème de l’écologie : on ferme, sans explication.

Ségolène Royal veut développer des voitures électriques à moins de 7000 €. Les voitures électriques ou les hybrides, qui sont la nouvelle lubie des constructeurs automobiles, permettraient, selon leurs défenseurs, de réduire drastiquement les émissions de GES. Mais on ne nous parle jamais des batteries au lithium, indispensables pour ces voitures, dont la production génère une pollution importante [1]. De même, les énergies renouvelables indispensables pour la recharge « propre » des voitures électriques ne sont pas sérieusement développées en France, laissant la part belle au nucléaire, dont les déchets ne sont toujours pas recyclés et sont enterrés — renvoyant ainsi le problème aux générations futures. Rajoutons que le développement de transports en commun de qualité devrait tenir une place centrale dans un programme qui vise sérieusement à diminuer les GES, plutôt que de continuer à développer des voitures individuelles.

De toute façon, dans des pays fortement industrialisés comme la Chine, les Etats-Unis ou l’Allemagne – dont la production électrique est principalement basée sur le gaz ou le charbon – polluer moins signifierait produire moins, ou plus cher. Car polluer moins demande soit un abaissement de la production, donc moins de ventes, soit des structures couteuses, donc des prix de vente plus élevés, ce qui signifie une perte de profit dans les deux cas. Or, dans une période de crise du capitalisme aiguë, les Etats industriels et ceux en devenir ne peuvent pas se permettre de telles mesures, de leur point de vue.

Le capitalisme soumet tous les Etats à une concurrence réciproque féroce. C’est à celui qui produira le moins cher, pour exporter ses produits. Si des mesures sont prises lors de la COP 21, ce sera en fonction de la plus-value que les capitalistes pourront en tirer tout en espérant relancer leur économie, dans le domaine du transport notamment, et ce, sous couvert d’écologie. Mais ces mesures amèneront d’autres problèmes et délocaliseront la pollution à d’autres pays qui n’auront pas les moyens de dire non (comme pour la production de lithium).

Déjà, lors de la COP 15, Hugo Chavez expliquait : « un modèle de destruction massive est en train d’en finir avec la vie, […] menace d’en finir définitivement avec l’espèce humaine. »

Lors de la COP 21, Evo Morales a provoqué la colère de tous ces chefs d’Etat qui se drapent de vert pour la circonstance en déclarant : « le capitalisme a créé au cours des deux derniers siècles la forme la plus sauvage et destructrice de notre espèce, pour le bénéfice de quelques-uns […] Si nous continuons dans la voie du capitalisme, nous sommes condamnés à disparaître »

La seule mesure réellement efficace pour en finir avec le réchauffement climatique serait de planifier la production à une échelle mondiale. Les capitalistes, en concurrence permanente, en sont incapables. Ce sera la tâche des travailleurs du monde entier qui devront s’unir, pour produire plus propre et sur le long terme.


[1La voiture électrique n’est pas « écologique ». (Le Monde)