
Mark Carney a annoncé le 30 juillet que le Canada reconnaîtrait l’État de Palestine. Ce geste creux est survenu au lendemain de la publication d’un rapport détaillé révélant que le gouvernement canadien continuait de fournir régulièrement du matériel militaire à Israël.
Des paroles en l’air
Le bilan officiel des victimes à Gaza vient de dépasser les 60 000 morts. Israël affame les Palestiniens, restreignant l’accès à l’aide alimentaire et tirant sur les personnes rassemblées devant les centres de distribution. Jusqu’à présent, 147 personnes sont mortes de faim, dont 88 enfants.
Comme ils ne peuvent plus cacher la vérité, les gouvernements occidentaux tentent tous de se montrer critiques envers Israël. La France et la Grande-Bretagne ont toutes deux annoncé la semaine dernière qu’elles reconnaîtraient un État palestinien en septembre. Carney a désormais rejoint le mouvement.
« Face aux souffrances de plus en plus grandes des civils, nous devons mener sans tarder une action internationale coordonnée visant à soutenir la paix, la sécurité et la dignité de toute vie humaine », a-t-il déclaré dans son communiqué.
Mais ces paroles creuses sentent l’hypocrisie à plein nez, car les fabricants canadiens continuent de fournir les armes nécessaires à l’armée israélienne pour poursuivre son génocide.
Pour rajouter l’insulte à l’injure, Carney impose toutes sortes de conditions à la souveraineté palestinienne. Il exige notamment que l’Autorité palestinienne organise des élections sans la participation du Hamas et que la Palestine se démilitarise.
L’idée selon laquelle la Palestine devrait se démilitariser alors qu’elle est activement attaquée est tout à fait absurde et intenable. Et c’est aux Palestiniens qu’il appartient de choisir leur propre gouvernement. Quelle que soit la forme de « souveraineté » proposée, elle constitue une parodie du concept.
Les actions ont plus de poids que les mots
Depuis janvier 2024, Affaires mondiales Canada a cessé de délivrer des permis pour l’expédition d’armes vers Israël. Les responsables gouvernementaux ont invoqué cette mesure chaque fois qu’ils ont été interrogés sur la complicité du Canada dans le génocide. En avril, Carney a même affirmé que le Canada avait imposé un embargo sur les armes à Israël (une déclaration qu’il a dû retirer par la suite).
Un rapport, Les dessous des exportations militaires canadiennes vers Israël, montre à quel point les libéraux sont sournois. Il stipule :
« Le gouvernement canadien semble avoir adopté une stratégie consistant à approuver à toute vitesse un nombre record de permis d’exportation d’armes vers Israël avant de s’engager publiquement à suspendre l’approbation de tout nouveau permis. Cela a ensuite été discrètement sapé par une série d’exceptions et de failles qui n’ont été reconnues que lorsqu’elles ont été révélées par des enquêtes médiatiques ou par un examen parlementaire. Cela indique que les changements de politique du gouvernement étaient plus symboliques que substantiels, visant à désamorcer les critiques du public tout en maintenant un soutien matériel. »
Comme le souligne le rapport, des centaines de permis d’exportation sont actuellement en vigueur. Non seulement les exportations militaires vers Israël se sont poursuivies après le soi-disant gel, mais les exportations pour 2024 ont dépassé celles de toutes les années précédentes. Israël était le quatrième plus gros client de l’industrie canadienne de la défense en 2024, avec près de 19 millions de dollars d’armes livrées.
Il ne s’agissait pas non plus d’expéditions d’équipements purement « non létaux », comme l’a affirmé l’ancien Premier ministre Trudeau. Des documents accessibles au public montrent que les exportations comprenaient des munitions, des armements, des composants pour avion de combat, etc.

Rien n’indique que les livraisons aient ralenti cette année. En avril, à peu près au moment où Carney a fait sa déclaration sur l’embargo sur les armes, le Canada a envoyé 175 000 unités de munitions à Israël. Une autre livraison est arrivée en Israël la semaine précédant la publication du rapport.
Les gestes symboliques n’arrêteront pas le génocide
L’inutilité de la reconnaissance étatique a été soulignée par un commentateur israélien, qui a publié sur X : « Grande-Bretagne : nous reconnaîtrons l’État palestinien en septembre. Pas de problème, d’ici septembre, si Dieu le veut, il ne restera plus rien à reconnaître. »
Tout cela révèle la véritable nature de Carney et des libéraux. Ils versent des larmes de crocodile et parlent de droit international et d’humanitarisme, tout en participant aux pires atrocités.
Dans la conclusion de leur rapport, les auteurs (World Beyond War, le Mouvement de la jeunesse palestinienne (PYM), Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient et Voix juives indépendantes Canada) appellent le gouvernement à respecter ses obligations en vertu du droit national et international, à cesser de soutenir le génocide perpétré par Israël et à imposer un embargo sur les armes.
Cependant, le rapport lui-même montre que la classe dirigeante est prête à mentir et à manœuvrer pour continuer à envoyer des armes à Israël. Elle se moque de ses propres lois. L’horreur absolue du génocide oblige les gouvernements occidentaux à faire des gestes pour condamner Israël, mais ils ne couperont jamais volontairement les ponts avec Israël.
Si un embargo sur les armes doit être mis en place, il doit être imposé par la classe ouvrière. La campagne « Cargaisons meurtrières », lancée en juin, va dans la bonne direction. Elle appelle les travailleurs à refuser de manipuler les marchandises militaires destinées à Israël. Le rapport fournit en fait de nombreuses informations qui peuvent être utiles pour la campagne : une liste des entreprises qui fabriquent du matériel de guerre, la nature exacte de ce matériel, leur lieu de fabrication et les itinéraires empruntés pour leur transport. Ces informations doivent être utilisées pour lancer une campagne ciblée en faveur d’un embargo par les travailleurs.
Seule la classe ouvrière peut mettre fin à la complicité canadienne. Seule la classe ouvrière peut mettre fin au génocide. Seule la classe ouvrière peut mettre fin à l’impérialisme qui menace de plonger le monde dans l’abîme. Seule la classe ouvrière peut renverser ces gouvernements capitalistes sanguinaires et inaugurer une nouvelle société libre de toute guerre, militarisme, inégalité et spoliation.