Le 10 juin dernier, le gouvernement libéral de Philippe Couillard annonçait le dépôt des projets de loi 59 et 62, le premier s’attaquant aux discours haineux ou incitant à la violence, aux crimes d’honneur et aux mariages forcés, le second concernant la soi-disant neutralité religieuse de l’État. Un regard attentif sur ces deux projets de loi donne l’occasion de souligner le caractère réactionnaire de la lutte à la « radicalisation » dans sa forme bourgeoise, et de mettre en évidence le rôle du mouvement ouvrier face à ce problème.

Le PL59 met en place plusieurs mesures visant à contrer la propagation de discours haineux et incitant à la violence. Un processus de dénonciation de ces discours qui « visent un groupe de personnes qui présentent une caractéristique commune identifiée comme un motif de discrimination » est aussi mis en place; toute personne peut dénoncer sous couvert de l’anonymat ce qu’elle juge être un discours haineux ou violent à l’égard d’un groupe de personne, auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, et lancer ainsi un processus d’enquête. Les fautifs verront leur nom apparaître sur une liste rendue publique. La Commission aura alors l’intérêt légal pour obtenir une injonction contre un fautif pour lui demander de cesser de tenir ce discours.

De plus, le projet de loi prévoit donner au ministre de l’Éducation des pouvoirs d’enquête à l’égard de « tout comportement pouvant raisonnablement faire craindre pour la sécurité physique ou morale des élèves et des étudiants », et ce aux niveaux primaire, secondaire et collégial. Cet aspect est sans aucun doute une réponse au fait que plusieurs élèves du Collège de Maisonneuve ont quitté le pays pour aller combattre dans les rangs de l’État islamique.

Le projet de loi 62, quant à lui, est la riposte des libéraux à la « Charte des valeurs » du Parti québécois. Il oblige les employés de l’État à « faire preuve de neutralité religieuse » dans l’exercice de leurs fonctions. Il interdira aux employé-e-s de l’État de se couvrir le visage (comprendre : de porter la burqa ou le niqab) dans l’exercice de leurs fonctions, tout en autorisant les autres signes religieux. Cependant, les « éléments emblématiques ou toponymiques du patrimoine culturel du Québec » sont exclus du champ d’application de loi; en clair, le crucifix catholique restera en place au Salon bleu.

Diviser pour mieux régner

Même si le Québec n’aura pas eu le « printemps chaud »  qu’on aurait pu espérer et que la contestation sociale s’est calmée, il faut dire que ces projets de loi sur des questions identitaires et religieuses tombent à point pour le gouvernement libéral. Un peu comme la Charte du PQ, il s’agit ici de relancer les débats identitaires afin de retirer l’austérité de l’agenda politique. Alors que la contestation s’organise pour l’automne qui vient, que la classe ouvrière est en voie de trouver le chemin de l’action unifiée contre les mesures d’austérité du gouvernement, ce dernier tente de la diviser sur des lignes identitaires et religieuses. De plus, des projets de loi comme ceux-ci ou la Charte péquiste ont pour effet de raviver un certain racisme présent dans certaines couches de la population québécoise. En effet, malgré leur langage en apparence neutre, tout le monde comprend le sous-entendu : la « laïcité » et les « valeurs québécoises » sont une réponse spécifique à la popularité grandissante de l’Islam et à l’immigration arabe.

Également, il importe de souligner que le PL62 sur la « neutralité religieuse de l’État » est hautement hypocrite, car il ne s’attaque pas à des manifestations plus significatives de la séparation inachevée entre l’Église et l’État, telles que le financement des écoles confessionnelles par l’État, ainsi que le crucifix qui trône à l’Assemblée nationale. Rappelons que la Charte du PQ passait également à côté de ces deux manifestations évidentes des liens restants entre religion et État québécois.

Le PL59, quant à lui, étant donné le contexte d’hostilité d’une partie de la population envers l’immigration arabe, vise à donner l’impression que le gouvernement Couillard prend les choses en main pour « défendre la société québécoise » contre la « menace musulmane ».  Il ne fera qu’alimenter la xénophobie et la délation d’une couche de la population en lui donnant l’illusion de pouvoir  dénoncer leurs « dangereux » voisins musulmans. En pratique, le fameux processus de dénonciation des discours haineux et violent n’a pas grand chose de nouveau : les critères sont déjà établis par la jurisprudence et sont assez stricts; de plus, ils constituent déjà des offenses criminelles. Cela jumelé au contexte sécuritaire actuel de lutte au terrorisme fait en sorte que les fondamentalistes islamiques se tiennent déjà dans la clandestinité. En réalité, le projet de loi, sous couvert de lutte à la radicalisation islamiste, vise  une autre forme de « radicalisation », celle des jeunes et des travailleurs-euses qui cherchent une alternative révolutionnaire au système capitaliste. Qu’il suffise de penser aux slogans virulents lancés contre les policiers, les politiciens ou les riches dans les manifestations étudiantes pour comprendre comment cette loi sera réellement utilisée.

La présentation de ces projets de loi survient dans un contexte que nous connaissons tous. Pour ce qui est du projet de loi 62, le débat enclenché par la présentation de la Charte des valeurs du PQ a forcé presque tous les acteurs politiques à se positionner sur le « problème » des signes religieux dans la fonction publique, et plus généralement sur la question de la séparation entre l’Église et l’État. Il faut également souligner que la Charte péquiste avait pour objectif de combattre la floraison de ce qui est appelé « l’intégrisme religieux » ou « l’extrémisme religieux », par la suppression dans la fonction publique de certains signes religieux perçus comme les encourageant. Bernard Drainville, le père de la Charte, a présenté son projet de nouvelle Charte en janvier dernier, faisant une association directe entre son projet et la lutte contre « l’extrémisme ». Le projet de loi 62 est la réplique des libéraux aux ambitions péquistes en matière de laïcité.

De plus, les attaques terroristes au Saguenay et au Parlement canadien de l’automne dernier, suivies par la terrible attaque dans les bureaux de Charlie Hebdo en janvier dernier, ont ravivé la volonté de nos classes dirigeantes de « combattre la radicalisation ». Il est difficile de nier que le programme archi-réactionnaire de l’État islamique trouve un écho auprès de quelques jeunes Québécois; le départ de six élèves du Collège de Maisonneuve pour la Syrie cet hiver en a été la manifestation la plus éloquente. Toutefois, le projet de loi des libéraux en matière de radicalisation est impuissant face à ce phénomène; en réalité, il constitue un autre écran de fumée qui contribue à voiler les racines profondes de la « radicalisation ». 

Qui blâmer pour la « radicalisation » ?

Effectivement, le projet de loi pour contrer la « radicalisation », faisant écho au discours ambiant des politiciens qui abordent ce sujet, évite habilement l’éléphant dans la pièce : la responsabilité de l’impérialisme occidental en général, et américain en particulier, dans la montée de ce qui est appelé sans élégance « l’extrémisme religieux. » Cela permet de mettre en lumière l’hypocrisie latente dans la lutte de la bourgeoisie contre ce fléau.

Il y a déjà belle lurette que les États-Unis financent et entraînent des groupes islamiques radicaux au Moyen-Orient afin de servir leurs intérêts, détruisant au passage des gouvernements de gauche et de fortes traditions communistes. L’exemple de l’Afghanistan est à cet égard édifiant. La Révolution afghane de 1978 avait porté au pouvoir un régime progressiste qui entama la libération du pays de l’arriération extrême et du sectarisme religieux. Malgré ses traits staliniens, il mit en place plusieurs réformes d’envergure, dont la nécessaire réforme agraire, l’éducation et la santé gratuites et entama la libération des femmes afghanes après des milliers d’années d’oppression et de servitude. Ces politiques entraient directement en contradiction avec les intérêts américains, qui n’étaient pas chauds à l’idée de voir un régime sympathique à l’URSS s’établir dans le pays. Le gouvernement américain était prêt à tout pour éliminer ce régime progressiste et alla jusqu’à financer et armer jusqu’aux dents Oussama Ben Laden et ceux qui étaient connus à l’époque sous le nom des moudjahidines. Réussissant finalement à le renverser, ces monstres propulsés au sommet par l’impérialisme américain sont devenus incontrôlables et ont plongé le pays dans la guerre et dans la misère la plus profonde. Les « héros » ayant lutté contre les forces du communisme en Afghanistan sont quelques années plus tard devenus les terroristes à abattre, plus précisément au lendemain du 11 septembre 2001.

Les guerres en Afghanistan et en Irak, déclenchées suite aux attentats du 11 septembre, ont été un désastre complet qui n’a fait qu’approfondir le chaos dans la région. Loin d’y apporter la démocratie et la paix, l’intervention américaine n’a fait qu’exacerber le sentiment anti-impérialiste et a fait pousser comme des champignons les groupes sectaires tant décriés aujourd’hui. Le renversement du régime de Kaddafi en Lybie en 2011, orchestré par les impérialistes occidentaux sur le dos d’une authentique insurrection populaire, n’a fait que plonger le pays dans une guerre civile meurtrière, contribuant ainsi à déstabiliser davantage la région. Cela profita aux forces islamiques qui remplirent le vide politique créé par la dislocation du régime libyen.

Aujourd’hui, les faits s’accumulent montrant l’implication des États-Unis dans la montée de groupes religieux sectaires qui allaient éventuellement devenir l’État islamique. Un document récemment déclassifié, daté de 2012 montre clairement que les États-Unis envisageaient la possibilité de la montée d’une « principauté salafiste » déclarée ou non en Syrie, et que c’était en fait un scénario qui leur était souhaitable, afin d’isoler le régime syrien. Cela nous montre l’hypocrisie des grands discours pompeux des puissances impérialistes. En effet, elles n’ont que faire de la montée de groupes sectaires de ce genre dans la région, et vont même jusqu’à en profiter lorsque cela peut potentiellement servir leurs intérêts économiques bornés dans cette impitoyable partie d’échecs qu’est la politique internationale.

Bref, chaque intervention des États-Unis – et des autres puissances impérialistes occidentales – ne fait qu’exacerber le problème qu’ils combattent en paroles; chacune d’elles a détruit certain groupes pour mieux en renforcer d’autres, et ainsi perpétuer le chaos ambiant. La plus récente menace aux yeux de nos dirigeants, l’État islamique, n’aurait pas pu devenir une force significative sans l’impérialisme américain et ses alliés. La « radicalisation » de certains jeunes aujourd’hui est bien souvent une réaction à l’implication de leur pays dans la guerre en Irak et en Syrie.

Le symptôme d’un système pourri

En fait, le projet de loi 59 et sa contrepartie canadienne, C-51, évitent d’attaquer les raisons profondes qui poussent de plus en plus de jeunes du Québec et des pays capitalistes avancés dans la voie du fondamentalisme islamique. Nous avons déjà expliqué que la montée en popularité de groupes religieux sectaires, outre les implications de l’impérialisme, est la conséquence du système capitaliste en crise qui a pour effets une misère grandissante, la pauvreté, l’exclusion et l’absence de perspective future pour un nombre croissant de jeunes.

Un récent rapport du Conference Board du Canada a mis en lumière le fait que les jeunes Canadien-ne-s vivent en réalité plus pauvrement que la génération précédente, ce qui montre que les conditions de vie vont en déclinant, et non en s’améliorant. De plus, 80% des travailleurs-euses du Québec s’attendent à devoir repousser l’âge de leur retraite à 60 ans ou plus, selon l’Association canadienne de la paie. Un reportage intitulé «Generation Screwed» (« Génération foutue ») souligne que la disparition progressive des bons emplois affecte  particulièrement la jeunesse, et que pour plusieurs jeunes d’aujourd’hui, l’idée de posséder une maison ne semble qu’un rêve distant. Les jeunes ne sont pas dupes : ils voient bien que leurs conditions de travail et de vie se dégradent, et que leur futur est incertain.

Depuis le début de leur mandat, les libéraux ont comme mission de sabrer dans les dépenses publiques et de saper tous les acquis de la classe ouvrière, exacerbant la pauvreté, l’exclusion et la misère, et privant un nombre croissant de jeunes de l’espoir d’un avenir stable. La dégradation des conditions de vie ne peut qu’exacerber la colère de la jeunesse envers le système, ce qui malheureusement est parfois canalisé dans des activités destructrices comme celles promues par le fondamentalisme islamique.

Ainsi, nous pouvons voir que le problème de la « radicalisation » a des racines beaucoup plus profondes que ce que les classes dirigeantes essaient de nous faire avaler. Les projets de lois comme ceux des libéraux tentent de réduire le problème à une question de signes religieux ou d’idées. Comme si la montée en popularité des groupes religieux sectaires était un phénomène purement idéologique, qui ne s’explique que par la séduction opérée par les « idées » véhiculées par ces groupes. Le titre « Charte des valeurs québécoises » utilisé par le PQ il y a deux ans trahit cette vision : les « valeurs québécoises » seraient l’arme capable de vaincre « l’Islam » dans la guerre culturelle entre Occident et Orient. De même, le Premier ministre britannique, David Cameron, affirmait récemment, dans la foulée de l’attentat en Tunisie qui a tué 30 Britanniques, que certaines communautés musulmanes du pays approuvent silencieusement les l’idéologie de l’État islamique, normalisant ainsi la haine des « valeurs britanniques ». Mais la réalité est que ces groupes et leurs « idées » n’auraient pas pu acquérir la popularité qu’ils ont aujourd’hui si la situation au Moyen-Orient n’était pas aussi mauvaise, une situation exacerbée par les interventions impérialistes. Les monstres comme l’EI, résultats des horreurs de l’impérialisme, se sont maintenant retournés contre leurs maîtres et font des dégâts jusque dans leur cour. Les projets de loi cosmétiques comme la Charte ou les deux derniers du PLQ sont impuissants face à ce problème, puisqu’ils se bornent à attaquer des symptômes, voire à gagner du capital politique en éveillant un certain racisme, plutôt que de s’en prendre au mal lui-même. Ceci dit, nous ne pourrions évidemment rien attendre de plus de la part des classes dirigeantes.

Les marxistes et la religion

La problématique de la « radicalisation » nous invite à détailler la position des marxistes à l’égard de la religion. La phrase qui est le plus souvent associée aux marxistes en ce qui a trait à la religion est le célèbre aphorisme, « la religion est l’opium du peuple. » Toutefois, comment interpréter cette citation, et quelle est sa portée pratique?

Marx, Engels et Lénine ont souvent répété que la religion ne peut pas être « combattue » ou simplement renvoyée sous le tapis bureaucratiquement. Par exemple, l’attitude de la Commune de Paris de 1871 à l’égard de la religion avait été vivement critiquée par Engels; les Communards voulaient « interdire toute manifestation religieuse, toute organisation religieuse. » Engels critiquait vivement cette « abrogation de Dieu par décret », ajoutant que « les persécutions sont le meilleur moyen de donner de la force à des convictions impopulaires » – une leçon qui vaut certainement pour aujourd’hui.

De même, Lénine, en 1905, commentait à propos de la religion :

« Il serait absurde de croire que dans une société fondée sur l’oppression constante et sur l’abrutissement des masses ouvrières, on pût dissiper les préjugés religieux par la seule propagande. Ce serait faire preuve d’étroitesse bourgeoise, que d’oublier que le joug exercé par la religion sur l’humanité n’est que le produit et le reflet du joug économique qui existe au sein de la société. »

De plus, tout en combattant sans vergogne pour une réelle séparation entre l’Église et l’État, pour la fin du financement d’organisations à caractère religieux par l’État, Lénine soulignait l’importance d’éliminer toute distinction de droits basée sur la religion.

Autrement dit, les préjugés religieux hérités du passé fleurissent sur la base d’une société où la misère est endémique et, donc, où le désespoir face à la vie sur terre fait grandir l’espoir d’une vie meilleure après la mort. Cela signifie que, du point de vue de la classe ouvrière, la meilleure façon de « combattre » la religion et ses manifestations les plus variées et les plus extrêmes, n’est pas de lutter contre la présence de signes religieux dans l’espace public. L’interdiction de porter des signes religieux pour les fonctionnaires représente en pratique une forme de discrimination basée sur la religion. Prétendument une revendication féministe, l’interdiction du voile dans la fonction publique ne va pas émanciper les femmes musulmanes, mais au contraire leur bloquer l’accès à un vaste bassin d’emplois de qualité et ainsi en rendre certaines encore plus dépendantes de leur mari. La solution ne peut pas non plus être la création d’un climat de surveillance où tous et toutes sont susceptibles d’être dénoncé comme potentiel propagateur de violence par son voisin. La solution est de lutter pour une société libérée de la misère et de l’exploitation.

Quel rôle pour le mouvement ouvrier?

Si l’approche bourgeoise en matière de « radicalisation » pue l’hypocrisie,  le présent discours dominant a aussi un revers. Les conséquences dévastatrices de l’impérialisme et de la crise du capitalisme qui ont donné une poussée aux groupes religieux sectaires qui attirent aujourd’hui plusieurs jeunes du Québec, relèguent dans l’ombre le fait que le mouvement ouvrier et ses organisations sont complètement incapables de fournir une réelle alternative aux horreurs du capitalisme, de l’impérialisme et du terrorisme. La direction du mouvement ouvrier québécois  et canadien est prisonnier des préjugés réformistes, prisonnier de la croyance qu’il est possible d’améliorer les conditions de vie de la classe ouvrière et de lutter contre les symptômes de la crise du système capitaliste dans les limites mêmes dudit système.

La bureaucratie du NPD, malgré son opposition au projet de loi liberticide « anti-terroriste »du gouvernement conservateur (C-51), n’arrive pas à articuler une position claire sur la question de la « radicalisation ». En fait, Mulcair a déclaré que le projet de loi contenait plus de positif que de négatif. Mulcair et ses acolytes ne peuvent expliquer la genèse de la « radicalisation », pas plus qu’ils ne peuvent offrir de réelle alternative aux « solutions » offertes par le gouvernement conservateur.

De même, Québec solidaire, concernant la prohibition de signes religieux dans la fonction publique, ne fait que jouer le jeu du PQ et du PLQ. Au lieu de dénoncer ces projets pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des projets pour diviser la classe ouvrière sur des lignes identitaires, le parti tombe dans le piège, ayant même été jusqu’à proposer sa propre Charte en 2014. Concernant le plus récent PL62 des libéraux, QS le critique… car à son avis il ne va pas assez loin et aurait dû être étendu aux employé-e-s municipaux!

La direction du mouvement ouvrier québécois et canadien est dans l’impasse, pour la simple et bonne raison qu’elle n’arrive pas à dépasser l’horizon borné du système capitaliste. Et en effet, lorsque ce système est vu comme une limite à ne pas franchir, il devient presque impossible d’entrevoir une autre solution à « l’extrémisme religieux » que les mesures cosmétiques comme la prohibition de certains signes religieux dans la fonction publique ou les projets de lois qui plongent la société dans la crainte de l’autre en créant de potentiels « terroristes » partout où le moindre symptôme se fait jour. L’échec du mouvement ouvrier à présenter une réelle alternative aux horreurs de notre système et ses conséquences funestes fait que la colère de certains jeunes contre le capitalisme et l’impérialisme se manifeste par le cul-de-sac qu’est le fondamentalisme islamique.

Conséquemment, le mouvement ouvrier québécois et canadien se doit de retrouver ses repères. La réalité est que la crise du capitalisme signe l’arrêt de mort du réformisme, c’est-à-dire de la possibilité d’améliorer significativement les conditions de vie de la classe ouvrière dans les limites du système. La crise se manifeste avec toute son acuité par la montée en popularité des groupes islamiques radicaux, par la  « radicalisation » de plusieurs jeunes. La tâche du mouvement ouvrier est colossale, mais elle doit être de défendre la réelle alternative au capitalisme et ses horreurs, l’alternative pouvant mobiliser de larges couches de jeunes et de  travailleurs-euses qui se « radicalisent », eux, contre le système, c’est-à-dire le socialisme.