
Le nombre d’emplois dans la fonction publique fédérale a diminué pour la première fois en dix ans, avec près de 10 000 postes supprimés dans la dernière année. Selon de nouvelles statistiques du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, le nombre de personnes employées par le gouvernement fédéral est tombé à 357 965 au 31 mars 2025, contre 367 772 en 2024.
Le premier ministre Mark Carney a tenté de donner une tournure positive à ces coupes. Dans une liste de sept priorités récemment publiée pour son nouveau gouvernement, il a mis l’accent sur le fait de « consacrer moins d’argent au fonctionnement de l’appareil gouvernemental pour que les Canadiennes et les Canadiens puissent investir davantage dans les gens et les entreprises qui bâtiront l’économie la plus forte du G7 ».
Toutefois, Carney n’a pas précisé quelle partie de l’appareil gouvernemental il avait à l’esprit. Si de nombreux ministères ont réduit leur personnel, d’autres l’ont augmenté. Les changements qui ont été apportés montrent où sont les priorités des libéraux, et ce n’est pas d’aider les gens ordinaires.
L’Agence du revenu du Canada a été la plus durement touchée, perdant 6656 employés, et ce malgré les promesses faites par les libéraux pendant la campagne électorale de sévir contre les grands fraudeurs fiscaux. Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a perdu 1944 emplois, malgré les importants arriérés et les temps d’attente record pour les demandes d’immigration. Des emplois ont également été supprimés à Santé Canada, à l’Agence de la santé publique du Canada et à l’Agence canadienne d’inspection des aliments, des services essentiels à la santé et à la sécurité de la classe ouvrière.
Tandis que ces départements ont subi des coupes, la Défense nationale, Affaires mondiales Canada, Ressources naturelles Canada et la GRC ont au contraire vu leurs effectifs augmenter au cours de l’année écoulée. Ce n’est pas un hasard. Il s’agit d’une réaffectation délibérée de fonds des services essentiels vers des secteurs qui favorisent les entreprises et l’establishment militaire. C’est sans compter les centaines de milliards de dollars octroyés en subventions aux entreprises au cours de la dernière décennie, que Carney n’a pas l’intention de réduire.
Les libéraux prétendent que ces coupes sont une question d’efficacité, mais qu’y a-t-il de moins efficace que de réduire le personnel chargé de l’immigration au beau milieu de retards historiques, ou de licencier du personnel chargé de la sécurité alimentaire et de la santé alors que nous avons récemment été confrontés à des éclosions de cas de rougeole et de listériose? Il ne s’agit pas d’une rationalisation neutre du gouvernement, comme les libéraux veulent nous le faire croire. Il s’agit d’un réajustement des priorités au détriment des besoins de la population et en faveur des profits des entreprises.
Les libéraux de Carney ne se sont peut-être pas présentés aux élections avec un programme d’austérité, mais c’est exactement ce qu’ils sont en train d’appliquer. Les libéraux se sont engagés « à plafonner, et non à réduire » les emplois dans la fonction publique, tout en refusant d’admettre où les coupes seraient effectuées pour atteindre leur objectif d’équilibre budgétaire. Bien qu’il semble que les libéraux reviennent sur leurs promesses, la réalité est que rien n’a changé. L’austérité a toujours fait partie du plan.
Pendant la campagne électorale, on nous a répété sans cesse que les libéraux étaient le « moindre mal ». Le néo-démocrate Jagmeet Singh s’est même targué d’avoir contribué à éviter l’élection d’un gouvernement conservateur à l’automne – bien que le résultat fut l’écrasement de son parti. Avec ces coupes – qui ne sont qu’un début – la fausseté de la politique du moindre mal apparaît au grand jour.