
Un récent rapport sur le marché du logement en Colombie-Britannique a révélé que plus de 2000 nouveaux condos dans la région métropolitaine de Vancouver sont vides et attendent d’être vendus. Ce chiffre devrait atteindre 3500 d’ici la fin de l’année. Un autre rapport concernant la région du Grand Toronto-Hamilton fait état d’un nombre record de 24 396 appartements invendus à la fin de l’année 2024. Un peu partout dans le pays, des cas similaires de condos vides et invendus sont signalés.
Mais comment cela est-il possible en pleine crise du logement? Après tout, ne nous dit-on pas constamment que la raison pour laquelle il y a une crise du logement est qu’il n’y a pas assez d’offre? Ces mêmes villes où l’on trouve des milliers de logements vides sont aussi celles où moins d’un pour cent des logements locatifs sont disponibles et abordables.
C’est ce que l’on appelle une défaillance du marché. Il y a une demande pour des maisons et des appartements. Le problème est que personne ne veut de ces appartements-là à ces prix-là.
La majorité des condos vides sont ce que l’agent immobilier torontois Ron Butler appelle des « condos cages à chien ». La plupart d’entre eux font moins de 600 pieds carrés. Leur qualité est également souvent médiocre. Cela signifie que les couples et surtout les familles – la majorité des acheteurs – n’ont aucune envie d’y vivre.
Pourquoi ont-ils été construits? À Toronto et à Vancouver, les deux tiers de ces micro-condos appartiennent à des spéculateurs immobiliers. Ils les achètent « en prévente », avant même que la construction ne soit commencée, dans l’espoir de les revendre avec un bénéfice. C’est ce qu’on appelle une « cession de contrat de vente ». Ce type de vente n’est pas comptabilisé, mais on estime que 40 à 50% des nouveaux logements changent de mains avant l’achèvement des travaux. Parfois aussi, les spéculateurs attendent que le logement soit achevé, puis le louent en attendant que le prix augmente.
Ce type de spéculation fait grimper les prix. Et tant que les prix continuent d’augmenter, les spéculateurs réalisent des profits fabuleux. Butler décrit l’engouement pour ce type d’investissement : « C’était idiot de ne pas investir là-dedans… C’est comme de l’argent magique. »
Voilà la folie du marché du logement capitaliste. Au lieu de construire ce dont les gens ont besoin, le marché construit ce qui rapporte le plus rapidement. Jusqu’à récemment, les investisseurs achetaient encore – ces parasites alimentaient l’explosion des prix et en profitaient.
Aujourd’hui, les investisseurs fuient le marché. Les promoteurs ont construit trop de ces appartements pour satisfaire l’appétit vorace des spéculateurs, et l’offre de locataires s’est tarie. Aujourd’hui, des dizaines de milliers d’appartements restent vides dans des villes où des milliers de personnes sont sans abri et des centaines de milliers sont écrasées par les loyers et les dettes hypothécaires. On ne saurait trouver meilleure preuve que le marché a totalement échoué à fournir les logements dont les gens ont besoin.