Comme à chaque année à pareille date, des centaines de milliers d’étudiantes et d’étudiants du Québec retourneront sur les bancs d’école dès la fin-août afin de poursuivre leurs études postsecondaires. C’est bien connu, les années passées aux études supérieures sont bien souvent « les plus belles années de notre vie ». Quoi qu’il en soit, force est de constater que de plus en plus d’obstacles se dressent devant les étudiant-e-s désireux de cheminer dans leurs études, et que la qualité de l’éducation dispensée est mise à mal par les limites imposées par la société capitaliste.

D’abord, l’on constate que les frais de scolarité sont de plus en plus élevés depuis le dégel des frais opéré en 1996 par le gouvernement du Parti québécois. Ceux-ci ont notamment augmenté de 100$ par an entre 2007 et 2012 sous le gouvernement du Parti libéral, une augmentation de 30% au total. Puis, ce fut la tentative de ce même gouvernement de procéder à une nouvelle hausse de 75% étalée sur cinq ans qui devait entrer en vigueur dès 2012-2013. Un projet qui, comme nous le savons, a été repoussé par la plus grande grève étudiante de l’histoire du Canada.

Depuis lors, c’est le PQ qui a été de l’avant avec une insidieuse hausse des frais de scolarité indexée au revenu des ménages (donc avoisinant 3% chaque année). Le PQ avait beau marteler sa rhétorique nauséabonde, « l’indexation est une forme de gel », les étudiant-e-s ne sont pas dupes, et la différence se sent lorsque vient le temps de payer la facture. Enfin, le nouveau gouvernement libéral a clairement laissé entendre que les étudiants pourraient faire les frais de l’austérité qu’il met de l’avant. Il nous semble bien inutile de démontrer encore une fois à quel point les hausses de frais de scolarité ont des conséquences terribles sur les étudiant-e-s, les travailleurs et travailleuses et sur l’ensemble de la société – cette démonstration avait été brillamment faite par les grévistes de 2012.

Il faut aussi mentionner que les universités québécoises souffrent d’un sous-financement qui nuit à la qualité de l’éducation offerte. Le sous-financement force les administrations universitaires et collégiales à couper dans les services aux étudiant-e-s, dans les ressources offertes aux enseignant-e-s, à couper dans le corps professoral, etc. Les travailleurs et travailleuses du domaine de l’éducation sont aussi affecté-e-s par le manque de fonds alloués aux établissements, comme en témoigne notamment la réduction de salaire prévue pour les professeurs au niveau collégial.

Enfin, la société capitaliste engendre le besoin pour les universités de fonctionner comme des entreprises privées. En d’autres mots, cela signifie qu’il faut investir dans des sphères qui pourront engendrer des profits et s’assurer de demeurer compétitif, ce qui fait apparaître la lourde tendance des établissements scolaires à s’arrimer aux besoins du marché. Le droit à l’éducation supérieure se transforme en un privilège inaccessible pour plusieurs. Comme l’a dit Marx, le capitalisme aliène des sphères de la vie autrefois considérées comme inaliénables.

Il est essentiel de comprendre que tous ces problèmes concernant l’éducation supérieure sont les conséquences du système capitaliste lui-même. Si celui-ci a pu, surtout dans les années 1950-60, offrir des concessions importantes au milieu de l’éducation – au Québec, la création du réseau de l’UQ et des cégeps en témoigne, dans d’autres pays la gratuité scolaire est encore offerte – le capitalisme ne peut plus jouer un rôle progressiste, et les étudiant-e-s du Québec feront à coup sûr les frais de l’austérité promise par les libéraux.

Comme nous le savons, la jeunesse est souvent la première à ressentir les effets négatifs du système capitaliste. En 2012, les étudiant-e-s ont riposté de manière spectaculaire à la hausse des frais de scolarité qui allait leur être imposée en déclenchant une grève qui allait durer plus de six mois. Cette lutte avait été sans aucun doute la meilleure école pour les grévistes. En quelques mois seulement, ils et elles ont fait face à une sévère répression policière ainsi qu’à une tout aussi sévère répression juridique – les injonctions pour permettre le retour en classe, la « loi 78 », etc. Les étudiant-e-s auront appris par l’expérience à cerner le rôle de l’État dans la société capitaliste, soit de protéger avec tous ses outils les intérêts de la bourgeoisie. C’est sans compter l’hostilité palpable de beaucoup de grands médias bourgeois à l’endroit de la grève étudiante.

Depuis la fin de la grève, le « calme » semble être revenu dans la communauté étudiante québécoise. Malgré quelques grèves épisodiques, il peut sembler, aux yeux de plusieurs, que la lutte de 2012 est définitivement derrière nous. En plus, les libéraux ont reconquis le pouvoir, ce qui porte à croire que la grève n’a pas eu l’effet escompté, et que tout est à recommencer.

Il est vrai que beaucoup reste à faire. Mais les attaques du gouvernement libéral ne se feront pas attendre. Si ce sont les étudiant-e-s qui sont visée-e-s, il sera alors nécessaire de brandir le spectre de la grève. Et quand, de leur côté, les travailleurs et travailleuses vont entrer en lutte, le mouvement étudiant n’aura d’autre choix que d’entrer dans la danse.

Car en cette période de crise majeure du capitalisme, il est nécessaire d’arrimer les luttes étudiantes aux luttes des travailleurs et travailleuses. Les questions de l’accessibilité aux études supérieures et de la qualité de l’éducation se résument à la libération de la sphère de l’éducation des chaînes du système capitaliste. Mais cette libération ne peut se faire de manière séparée, à l’aide de réformes, et encore moins en cette période d’austérité. La lutte en vue d’une éducation libre et gratuite se doit de passer au niveau supérieur, et de devenir une lutte en vue de l’édification du socialisme. En effet, un programme socialiste fort peut unir toutes ces luttes étudiantes et ouvrières qui ne semblent pas liées au premier abord. C’est avec un tel programme que l’on peut non seulement défendre les gains du passé, mais aussi aller plus loin dans nos demandes, tout en gardant à l’esprit que seuls l’abolition du capitalisme et l’établissement du socialisme pourront protéger ces gains et permettre la construction d’une société exempte d’exploitation.

Nous vous invitons donc à vous joindre à La Riposte, et ainsi à participer à la lutte qui se dessine devant nous.