Dans une grande partie des pays industrialisés, grâce à une mobilisation massive, la classe travailleuse a été capable de gagner l’accès gratuit à l’éducation post-secondaire durant la période d’après-guerre. En Amérique du Nord, particulièrement aux États-Unis, ce gain social n’a jamais été obtenu. Par conséquent, le continent possède un des systèmes d’éducation post-secondaire le plus inaccessible du monde capitaliste. Par contre, le Québec est une exception. Durant la Révolution tranquille, les Cégeps ont été instaurés par la mobilisation en masse des syndicats. Aujourd’hui, ce système de 48 Cégeps offre une éducation collégiale et technique presque gratuitement. Les syndicats ont exigé que l’éducation et la formation soient accessibles pour leurs enfants et ils ont remporté cette victoire sur le gouvernement et le système. Ce gain social est quelque chose qu’il faut défendre contre les attaques des capitalistes qui cherchent à faire profit sur l’éducation.

On penserait que ce serait quelque chose que notre gouvernement voudrait développer afin d’éduquer la population et pour fournir une formation de base pour les travailleuses et travailleurs. Ce n’est certainement pas ce que pensait le Ministre des Finances Raymond Bachand quand il a publié le pré-budget en octobre dernier. Celui-ci énonçait un record du déficit provincial de presque cinq milliards de dollars. Par la suite, il a proposé des « solutions » pour éliminer le déficit d’ici 2013-2014. Quelques-unes de ces solutions incluent l’augmentation des frais d’Hydro-électricité, des réductions dans le financement de programmes sociaux et l’introduction de frais dans le système si défendu des Cégeps mentionnés ci-dessus. Pourquoi est-ce que le gouvernement propose des « solutions » qui sont contraires aux intérêts de la majorité de la population?

La crise économique

La crise économique a plongé les gouvernements, fédéral ainsi que provincial, dans des déficits massifs. Ceci survient puisqu’ils ont versé des milliards de dollars des fonds publics pour le sauvetage des banques et des grandes entreprises dont les bénéfices étaient en jeu par leur « sur-exposition » aux risques des marchés qu’ils ont eux-mêmes créés. Désormais, les patrons et leurs représentants au gouvernement veulent que nous, la classe travailleuse et les jeunes, payons la crise.

Le gouvernement Charest envisage d’éliminer le système des Cégeps pour rendre l’éducation semblable aux systèmes du reste de l’Amérique du Nord où les étudiants doivent payer des milliers de dollars à chaque session. Il s’agit d’une attaque sérieuse envers les étudiants de la classe travailleuse. Des études montrent qu’il y a eu une diminution dans la fréquentation des établissements post-secondaires de la part des étudiants de milieux pauvres et prolétaires quand les frais sont montés en flèche dans les années 1990. Avec l’augmentation des frais pour les étudiants des Cégeps, cela pourrait se produire pour l’ensemble du Québec. Ce serait un gros désavantage pour les étudiants québécois qui désirent fréquenter les universités, car le Diplôme d’études collégiales est un préalable dans leur cheminement.

L’attaque sur le réseau des cégeps sera la première de toute une série d’attaques sur le système d’éducation du Québec puisque que le gouvernement cherche à équilibrer les comptes. Puisque la « reprise » de la crise risque d’être faible, nous pouvons être certains qu’ils ne demanderont pas aux patrons de payer. Le gouvernement provincial, qu’il soit péquiste où libéral, a continuellement attaqué l’éducation au Québec, même durant le soi-disant boom! Avec la crise économique qui a mis les gouvernements dans le rouge, afin de sauver leurs amis des grandes entreprises, ils utilisent les gros déficits comme excuse pour réduire les dépenses des programmes sociaux, des soins de santé et de l’éducation. Ce qu’il faut maintenant, c’est un mouvement audacieux et unitaire qui fera face au gouvernement qui déclarera que les travailleurs et les étudiants ne payeront pas pour la crise du capitalisme!

Nous avons besoin d’un leadership dans le mouvement étudiant!

Le réseau des cégeps est une grande conquête pour le mouvement au Québec et doit être défendu contre les attaques de la classe dirigeante. Le mouvement étudiant du Québec est historiquement le plus fort et le plus radical en Amérique du Nord. Depuis les années 1960, les étudiantes et étudiants québécois se sont battus sans cesse par la grève pour faire avancer leurs intérêts et pour défendre les gains du passé.

La forte tradition des syndicats étudiants, prêt à faire tout ce qu’il faut pour défendre les intérêts de leurs membres, est quelque chose qui est nécessaire, aujourd’hui, plus que jamais. Toutes les réductions du passé ne sont que des gouttes d’eau en comparaison avec ce qui est à venir. Les syndicats doivent s’unir sous un programme de « pas de concessions », et doivent agrandir le mouvement pour une éducation gratuite à tous les niveaux d’éducation, pas seulement pour les Cégeps. Cette demande frappe au coeur du système. Tous les étudiants, sans distinction de classe, doivent avoir le droit à une éducation post-secondaire de qualité. Nous devons nous battre contre les capitalistes qui désirent que l’éducation soit inaccessible afin d’accroître leurs profits. Le combat pour l’éducation doit être un combat pour le socialisme.